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Nº 2989 du vendredi 20 février 2015

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L’investissement dans l’or. Protéger l’épargne des individus et la solvabilité des Etats

L’or est un signe de richesse dans le milieu sociétal et un investissement dans le monde de la finance. Il est liquide dans la mesure où il est échangeable contre de l’argent, qu’il prenne la forme de bijoux, de lingots ou de pièces d’or. Sa valeur est flottante, mais le risque de sa dévaluation n’est pas envisageable. D’où il tire son surnom de monnaie refuge.Les femmes se parent de bijoux pour se faire plaisir et apparaître plus séduisantes, mais également dans le souci de se munir contre les temps de vaches maigres, ceci sur un plan microéconomique. Le même scénario est valable sur un plan macroéconomique, les Banques centrales engrangeant des réserves de lingots d’or pour alléger les drames dans des conjonctures de défaut de paiement des Etats. Investir dans l’or peut être une façon de diversifier et de protéger son épargne. Les formalités pour acheter ou vendre l’or physique (pièces d’or, lingots, Napoléon, etc..) ne sont pas compliquées. Il suffit de suivre la réglementation en vigueur.
Le mois de décembre 2013 a été marqué par la fin du marché haussier du prix de l’or, qui a duré 12 années. Ce changement de tendance a fait suite à la décision de la Réserve fédérale américaine (Fed) d’adopter des mesures d’assouplissement quantitatif (quantative easing) de 108 milliards de dollars chaque mois. Ce qui s’est traduit par une baisse à deux chiffres du prix de l’once d’or soit de 27%, passant de 1 688 dollars/l’once en 2012 à 1 205 dollars/l’once en 2013. A la première semaine de février 2015, la valeur du billet vert s’est consolidée, tandis que celle de l’or s’est affaiblie, se fixant à 1 222,2 dollars l’once au milieu de la deuxième semaine de février. Ce panorama est une évidence vu la persistance d’une forte offre de vente de l’or noir et d’une demande faible. Interrogée par Magazine, une source proche de la Banque du Liban (BDL) s’est inscrite en porte-à-faux contre ceux qui considèrent que les réserves d’or de celle-ci ont un effet juste «psychologique sur la population» et que l’inscription de leur montant dans le bilan de la BDL, rendu public
chaque quinze jours, est une erreur puisque leur valeur est scripturale et non effective. Il s’agit pour eux de profits non réalisés, d’autant qu’une loi N°42/86, promulguée en 1986, a interdit à la BDL de disposer des lingots d’or dans le sens de leur éventuelle vente. Or, la source interrogée par Magazine a estimé comme «une action contraignante» l’inscription de la valeur des réserves d’or dans le bilan, puisqu’il s’agit d’actifs ou d’avoirs effectifs de la BDL, qui sont, de plus, libres de toute hypothèque à la faveur d’une quelconque partie interne ou externe. Ces actifs peuvent devenir liquides, la loi existante étant susceptible d’être abrogée par une autre loi lorsque le besoin se fait sentir. «Tant que le Liban est dans une situation bien loin de tout cas de défaut de paiement, il n’y a pas lieu d’envisager cette option».
La politique monétaire de la Banque du Liban demeure accommodante et porteuse. En 2014, elle s’est s’articulée autour d’un soutien à la croissance économique, une stabilité des prix à la consommation et des taux d’intérêt sur les bons du Trésor. Dans la pratique, cette politique s’est traduite par une injection d’argent frais sur le marché à travers des prêts subventionnés accordés aux banques, et par transitivité aux consommateurs, ainsi que par un grossissement de son portefeuille des titres souverains. Le bilan de la BDL s’est agrandi, enregistrant une hausse de 11,28% sur un an, à fin 2014, pour s’élever à 87,7 milliards de dollars. De même, le total des actifs nets étrangers, à l’exclusion de l’or, a progressé de 7,28% au cours de la période précitée, à 37,86 milliards de dollars, fournissant ainsi «une confortable marge de liquidités pour la protection de la monnaie nationale». «Cette conjoncture d’‘On going concern’ ne signifie pas que l’achat davantage d’or est un problème ou une erreur en soi. Mais il n’est nullement nécessaire dans la conjoncture actuelle», a ajouté la source, insistant par ailleurs que l’achat de devises étrangères en remplacement de l’or n’était pas une option particulièrement intéressante pour le Liban dans la mesure où la valeur de l’euro, du dollar ou du yen est également flottante. Revenant à la charge, la source de la BDL a mis l’accent sur l’importance des réserves d’or de la Banque centrale, affirmant qu’elles couvrent en ce moment 22% de la dette publique, «ce qui n’est pas du tout négligeable». Sachant que la BDL possède 288 tonnes de lingots d’or et que chaque tonne équivaut à 32 000 onces, dont la valeur est d’environ 14 milliards de dollars.


L’Inde, 1er consommateur d’or mondial
La demande mondiale d’or physique (bijoux, pièces et lingots) a baissé de 4% l’année passée. Mais c’est le recul de la demande chinoise qui est le plus spectaculaire (-33%). La demande d’or mondiale a baissé l’année dernière après une année exceptionnelle en 2013, lestée par une baisse d’un tiers de la demande de bijoux en Chine, qui rend ainsi sa place de premier consommateur mondial d’or à l’Inde, d’après le rapport du Conseil mondial de l’or (CMO). L’élan de la demande d’or en Asie a fait une pause en 2014, notamment parce que la Chine et les marchés environnants ont eu besoin de temps pour digérer les vastes quantités d’or accumulées l’année précédente. En 2013, les marchés de l’or ont, en effet, connu une année «exceptionnelle». La chute des cours, qui avaient perdu près de 30% de leur valeur cette année-là, a réveillé l’appétit des consommateurs, notamment chinois. La consommation d’or dans ce pays avait alors augmenté de 50% en 2013, par rapport à 2012. En Inde, la demande de bijoux a grimpé de 8% en 2014, par rapport à l’année précédente, à 662 tonnes, et ce malgré les mesures prises par le gouvernement indien pour limiter les rentrées d’or dans le pays afin de réduire le déficit extérieur indien.

Liliane Mokbel

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