Ça y est. Le Mois de la francophonie débute ce soir, le 27 février, par le spectacle de Guillaume Bailliart, Tartuffe d’après Tartuffe d’après Tartuffe d’après Molière. La langue de Molière se déclinera, selon la thématique de cette année, en une «Grande kermesse» de mots et d’images, jusqu’au 31 mars.
«Dans d’autres pays, on célèbre une journée de la francophonie ou peut-être une semaine, mais au Liban, il semble que tout est particulier. On célèbre la francophonie durant un mois». Par ces termes, l’ambassadeur de France, Patrice Paoli, lance le Mois de la francophonie, à Beyrouth et dans différentes régions
du pays.
C’est d’ailleurs du Musée national, au cœur du musée, que s’est tenue la conférence de presse du lancement de cet événement tant attendu. Le ministre de la Culture, Rony Araiji, a tenu à le souligner: «Ce Musée national, ressuscité dans toute sa majesté après les affres de la guerre, et qui se développe et s’étend malgré tout, sous la seule impulsion des volontés, et brandit la culture comme une arme et un trophée face aux obscurantismes rampants qui nous menacent, et à la convoitise qui force nos frontières». Un discours fort dans des temps de plus en plus difficiles où la culture, comme le clamait Malraux, rappelle le ministre, «est ce qui survit aux bourreaux». Et de se «ranger du côté de la civilisation et de la vie» en réponse, à «ceux qui, aujourd’hui, nous offrent le spectacle de la barbarie en tuant, détruisant, ebrûlant les manuscrits et profanant les vestiges des pays qu’ils labourent de leurs chairs sinistres».
«Le Mois de la francophonie est, chaque année, l’occasion de fêter la langue française, affirme l’ambassadeur de France, lien essentiel entre nos deux pays depuis si longtemps et langue internationale qui rassemble des identités multiples».
Ils l’étaient, rassemblés autour de la francophonie. Aux côtés de Araiji et de Paoli, il y avait également les ambassadeurs de Belgique, de Suisse, du Canada, de la Roumanie et du Mexique, pays qui vient tout juste de rejoindre la grande famille francophone. Chacun a présenté les événements organisés en collaboration avec son pays respectif, à l’exception du Mexique qui, assure l’ambassadeur, y prendra part dès l’année prochaine.
C’est donc sous la thématique «Grande kermesse» que se déroulera le Mois de la francophonie. «Pourquoi ce thème?, explique l’ambassadeur Paoli. Parce que le mot fait partie des ‘dix mots’ du concours de cette année, ‘Dis-moi dix mots… que tu accueilles’ qui vise à montrer la capacité de la langue française à accueillir et intégrer des mots venus d’ailleurs».
Une «grande kermesse» enveloppera donc le pays, pour fêter comme il se doit le français dans tous ses états: troubadours, saltimbanques et cinématographes, mais aussi baraques à frites, pommes d’amour, montreurs d’ours et palais des glaces… Un vrai cabinet de curiosités à l’adresse de tous les âges. Que la fête de la francophonie commence!
Nayla Rached
Les temps forts du Mois de la francophonie
Spectacles, cinéma, ateliers de travail, débats, concours, discussions, expositions… le programme du Mois de la francophonie est chargé et dense. Voici quelques événements incontournables.
♦ Tartuffe d’après Tartuffe d’après Tartuffe d’après Molière: ouvrant les festivités, les 27 et 28 février, Guillaume Bailliart présentera au public libanais une version déjantée du célèbre Tartuffe de Molière, inspirée de l’adaptation Tartuffe d’après Tartuffe d’après Molière montée en 2009 par Gwenaël Morin. Seul sur scène, il interprète tous les personnages et s’approprie la quête de liberté totale portée par Tartuffe pour explorer la langue de Molière, sa démesure et ses fulgurances.
Théâtre Montaigne – 20h30.
♦ Opération Dis-moi dix mots… que tu accueilles: ce concours, qui met en valeur la capacité de la langue française à accueillir et intégrer des mots venus d’ailleurs, s’adresse aux élèves libanais de 16 à 18 ans pour réaliser un texte rythmé en français, en s’appuyant sur au moins cinq des dix mots de l’opération qui sont: Amalgame, Bravo, Cibler, Grigri, Inuit(e), Kermesse Kitsch, Sérendipité, Wiki, Zénitude. La remise des prix est prévue pour le 17 mars, de 9h à 13h, permettant aux lauréats de gagner des séjours en France.
♦ Festival du conte et du monodrame: pour la 16e année consécutive, le théâtre Monnot organise ce festival, devenu un rendez-vous incontournable. Autour de cette édition intitulée Il était un amour, six conteurs professionnels venus de France et d’ailleurs se succèderont sur scène, du mardi 17 au dimanche 22 mars, à la Crypte de l’Eglise Saint-Joseph, 19h30.
♦ Inauguration du Cinéma Montaigne: à l’occasion de la modernisation de son équipement, le Cinéma Montaigne sera inauguré le 18 mars, à 19h, en présence de nombreux invités dont Régis Wargnier, réalisateur oscarisé d’Indochine, qui présentera en avant-première son dernier film Le temps des aveux, avant sa sortie nationale.
♦ Projections au Cinéma Montaigne: tout au long du Mois de la francophonie, le Cinéma Montaigne programme toute une série de projections, proposant au moins trois films par semaine dans le cadre de ses nouvelles programmations: cycles classiques, avant-premières, films jeune public… Mais aussi des films relatifs à la thématique de la Grande kermesse, à l’instar du ciné-concert Retour en flamme, le 21 mars, à 20h30, où Serge Bromberg présente et accompagne au piano des films anciens rarissimes, miraculeusement retrouvés…
♦ La Nuit des musées: pour clôturer le Mois de la francophonie, le ministère de la Culture organise, pour la deuxième année consécutive, des randonnées nocturnes au cœur des musées du Liban. A la suite du succès de l’année dernière, comme l’explique Rony Araiji, le ministère a voulu étendre et développer cet événement, en collaboration cette fois avec dix musées, non seulement localisés à Beyrouth, mais dans différentes régions du pays, à Koura, Bzommar, Saïda… Ces musées ouvriront grand leurs portes au public, la nuit du 27 mars, afin de pouvoir profiter, gratuitement, des richesses et des trésors du Liban et de savourer des yeux et du cœur une partie essentielle de l’Histoire de notre patrie.