L’association culturelle Beirut DC organise la 8e édition des Journées cinématographiques de Beyrouth sur le thème Cinéma et religion. Lancé le 12 mars avec la projection du film de Abdelrahman Sissako, Timbuktu, le festival se poursuit jusqu’au 21 mars.
C’est le 12 mars qu’a démarré le festival Les Journées cinématographiques de Beyrouth avec la projection du film aux sept Césars, meilleur film et meilleur réalisateur en tête, Timbuktu du réalisateur mauritanien Abdelrahman Sissako, diffusé en présence de son acteur principal Ibrahim Ahmed. Le film s’inscrit parfaitement dans le cadre de la thématique de cette 8e édition du festival Cinéma et religion parce que, comme le précise Zeina Sfeir, directrice artistique, «nous nous devions de montrer comment les artistes traitent les problèmes actuels qui secouent les pays arabes, notamment celui de la religion. C’est ce qui a essentiellement motivé notre décision d’inaugurer le festival avec Timbuktu». Des propos tenus dans la conférence de presse pour le lancement du festival qui a eu lieu le vendredi 6 mars, à l’hôtel Smallville, à Badaro, un des lieux où se dérouleront certains des événements prévus au programme, ainsi qu’aux Beirut Souks-CinemaCity, Salle Montaigne, et essentiellement le cinéma Métropolis.
Avec plus de 400 films présentés, le comité de sélection en a choisi une cinquantaine, entre longs et courts métrages de fiction et de documentaire de création, de plus de douze pays arabes différents. A l’exception d’un film en provenance de Russie, Léviathan d’Andrey Zvyagintsev, inclus dans le programme en raison des thèmes qu’il évoque, ceux de la religion et du pardon. Le film, qui a créé un vif débat en Russie, a raflé plusieurs prix notamment le Golden Globe du meilleur film en langue étrangère.
Mis à part ce film russe, la sélection se concentre évidemment sur les pays arabes. La Syrie en tête, cette année, qui occupe une place importante dans la programmation avec toute une nouvelle vague de films qui parlent de la guerre qui fait toujours rage dans le pays. Parmi ces films, mentionnons Return to Homs de Talal Derki, lauréat du Grand prix du jury au Festival de Sundance, les documentaires Immortal sergeant de Ziad Kalthoum et On the bride’s side de Khaled Soliman el-Nassiry sur les périples de l’immigration de la Syrie vers l’Europe. Venus de Syrie également, le festival compte, parmi ses invités: Oussama Mohammad; il présentera son documentaire Eau argentée, Syrie autoportrait; et Mohammad Malasavec son dernier long métrage Ladder to Damascus, qui sortira en salles après cette première projection. Comme l’indique Zeina Sfeir, un grand nombre des films programmés feront ultérieurement leur sortie commerciale sur les grands écrans du pays, à l’instar de Theeb de Naji Abu Nawar, un western historique tourné au sud de la Jordanie.
En marge de l’urgence de la crise syrienne, le festival rend hommage, cette année, à l’Irak avec la projection du documentaire irako-suisse de Samir Jamaleddine, Iraqi-Odyssey, retraçant en 3D plusieurs étapes de l’histoire irakienne à travers la famille du réalisateur. La Palestine est présente également avec le long métrage de fiction Eyes of a thief, présenté à Beyrouth par sa réalisatrice Najwa Najjar, ainsi que Roshmia, un documentaire sur la Palestine vue par le Syrien Salim Abol Jabal. Dans ce prolongement, le festival consacre une soirée au camp de réfugiés palestiniens en Syrie, al-Yarmouk, avec la projection de deux documentaires: Shebabs of Yarmouk du Français Axel Salvatori-Sinz et Letters from Al Yarmouk du réalisateur palestinien vétéran Rashid Masharawi. Toujours dans le cadre de la thématique Cinéma et religion, le réalisateur algérien Rabah Ameur-Zaïmeche a choisi Ayyam Beirut al-Cinema’iya pour la première arabe de son nouveau long métrage de fiction, Histoire de Judas, dans lequel il offre une différente vision de Judas.
Rencontre et échange
Cette thématique n’occulte pas d’autres sujets, comme la Femme et ses multiples combats dans le monde arabe d’aujourd’hui, à l’instar d’I Am Nojoom, Age 10 and Divorced, de la réalisatrice yéménite Khadija Al Salami du film, ou Mother of the Unborn à travers lequel Nadine Salib dresse un portrait émouvant d’une femme infertile qui cherche à tomber enceinte en haute Egypte.
Irak, Syrie, Jordanie, Palestine, Egypte, Yémen… Le Liban a toujours une grande place au festival, avec un nombre de films très attendus, en tête notamment La Vallée, le second volet de la trilogie de Ghassan Salhab après La Montagne, ainsi que les documentaires, Twenty eight nights and a poem d’Akram Zaatari, Diaries of a flying dog de Bassem Fayad, In this land lay grave of mine de Reine Mitri, Monumentum de Fadi Yaniturk, Home sweet home de Nadine Naous et The fourth stage d’Ahmad Ghosein.
Le festival organise, comme chaque année, une soirée de courts métrages. Le vendredi 20 mars, à 21h, seront présentés onze films des quatre coins du monde arabe incluant les courts métrages libanais: One of these days de Rawad Hobeika, Free Range de Bass Brech, Light de Yassmina Karajah et I, the Memorious de Nizar Sfair.
Les Journées cinématographiques de Beyrouth ce n’est pas seulement des projections, mais un espace de rencontres, d’échange, des workshops… A l’issue de deux ateliers de travail organisés par Beirut DC, des jeunes réfugiés syriens et des jeunes Libanais de milieux défavorisés à Beyrouth et dans la vallée de la Békaa, qui ont produit des courts métrages comme espace d’expression artistique de leur quotidien, rencontreront le public durant une séance spéciale, le 13 mars à 16h, où seront projetés 19 de ces films. Echange d’un autre type également, le festival organise une rencontre entre les professionnels arabes et internationaux du cinéma et les talents locaux de demain, le samedi 14 mars 2015 de 17h30 à 19h, à l’hôtel Smallville. Des représentants de plusieurs institutions culturelles et cinématographiques seront au rendez-vous dont Le Doha Film Institute, le Festival du film de Dubaï, le Forum du Festival de Berlin, Al Jazeera Documentary, BBC Arabic, Zoomal Crowdfunding… Et la réalisatrice libanaise Eliane Raheb signera le DVD de son dernier documentaire Sleepless nights.
Nayla Rached
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Ayyam Classics
Dernièrement, le cinéma arabe a perdu deux grandes figures qui ont marqué notre mémoire collective: Sabah et Faten Hamama. Les Journées cinématographiques de Beyrouth tiennent à leur rendre hommage en présentant deux films réalisés par Henri Barakat: Al Kalbou Lahou Wahed (1945), premier film de Sabah en Egypte, produit par Assia Dagher, et Afouah wa Araneb (1977) avec Faten Hamama. Les projections se dérouleront à l’hôtel Smallville et seront suivies de soirées à ambiance rétro.