La ségrégation socio-spatiale fait son chemin dans le pays mue par une fluctuation sensible des prix des unités de logement entre une région et une autre. Après près de cinq ans de ralentissement de la croissance du secteur de l’immobilier, les prix ne sont pas en train de décrocher d’une manière spectaculaire, poussant les ménages à s’adapter à une nouvelle réalité. Celle de la reconnaissance d’une répartition géographique de fait, qui s’installe graduellement dans le pays, caractérisée par une concentration des ménages aisés dans la capitale et des familles à revenu limité dans les quartiers de la première banlieue et la deuxième banlieue de Beyrouth.
Interrogé par Magazine, le consultant en immobilier Guillaume Boudisseau, de la société de conseil Ramco, confirme le phénomène, tout en apportant certaines nuances. Selon lui, il existe des quartiers plus populaires que d’autres dans la capitale où ceux qui élisent domicile ne devraient pas se faire d’illusions quant à la qualité et la fonctionnalité des logements proposés à la vente et à l’infrastructure collective du milieu. Ces quartiers, situés dans la capitale, sont les seuls à proposer des appartements de 100 m2 de superficie, les régions populaires en dehors de Beyrouth proposant des appartements modestes avec un métrage supérieur, soit une superficie d’entrée de 150 m2. Néanmoins, cette catégorie de projets ne représente pas plus de 10% de l’ensemble des chantiers de construction dans Beyrouth, ce qui constitue un pourcentage faible. A titre de référence, le consultant confirme que le quartier de Badaoui est le quartier le moins cher à Achrafié, avec un prix de départ de 2 500 dollars par mètre carré pour un appartement neuf en construction au premier étage. Ensuite, les quartiers les moins chers sont: Adlié (avec un ticket de prix d’entrée) variant entre 2 600-2 800 $/m2; Fassouh et Getaoui 2 700-3 000 $/m2 et Hay Syrian 2 900-3 000 $/m2.
Quant au paysage général du secteur de l’immobilier, les chiffres ont montré que le total des transactions immobilières (qui inclut celles effectuées par des ressortissants étrangers et par des Libanais) a atteint un niveau à la baisse record en février 2015 sur les six dernières années, représentant un recul de 26,73% sur un an. Cette régression s’est traduite par la conclusion de 7 531 transactions immobilières d’une valeur globale de 1 milliard de dollars. A la suite d’un recouvrement partiel du niveau des transactions immobilières en février 2014, qui s’est rapproché de celles enregistrées en 2011 et 2012, l’activité globale du secteur de l’immobilier au cours des deux premiers mois de 2015 a connu un recul en raison, principalement, de la recrudescence de l’instabilité de la situation sécuritaire dans la région. Par ailleurs, les chiffres ont montré que la part des transactions conclues par des ressortissants étrangers est passée de 1,46% à 2,42% sur un an à fin février 2015. Cette amélioration pourrait être due à une hausse de l’activité touristique dans le pays et au vent d’optimisme qui a soufflé à la lumière de l’évolution du dialogue interlibanais. Sur un autre plan, la moyenne de la valeur d’une seule transaction a reculé de 1,08% passant de 134 661 dollars à 133 202 dollars sur la période précitée. Cette tendance baissière, quoique légère de la moyenne de la valeur des transactions, pourrait être le résultat d’une des retombées de l’instabilité des prix du pétrole.
Liliane Mokbel