La Société libanaise d’oncologie médicale a profité du mois de la sensibilisation au cancer colorectal pour appeler les personnes âgées de plus de 50 ans à faire les tests nécessaires pour un dépistage précoce de la maladie. Ce dépistage permettra la prévention du cancer colorectal et assurera de grandes chances de guérison dans le cas d’un début de cancer.
Le cancer colorectal, qui atteint le gros intestin, est considéré deuxième cancer le plus fréquemment signalé chez les femmes et le quatrième chez les hommes au Liban. Il est toutefois l’un des rares cancers évitables grâce au dépistage précoce. La plupart des cas de cancer du côlon commencent par des agglomérations de cellules bénignes appelées polypes, qui se manifestent en forme de champignons, ou de croissance cellulaire aplatie ou encastrée dans la paroi du côlon. L’ablation de ces polypes avant qu’ils ne deviennent cancérigènes aide à la prévention de la maladie. Dans la majorité des cas, les causes du cancer du côlon ne sont pas claires. Les médecins savent qu’il se développe lorsque des cellules saines du côlon se trouvent altérées. Certains de ces cancers sont dus à une mutation génétique héréditaire liée à un pourcentage réduit des cas de cette maladie. Les mutations génétiques héréditaires ne rendent pas un cancer inévitable, mais pourraient augmenter de manière considérable le risque de cancer chez un individu. Alors que la majorité des personnes atteintes du cancer du côlon ne manifestent pas des symptômes au cours des premiers stades, ces derniers, lorsqu’ils apparaissent, diffèrent en fonction de la taille et de l’emplacement du cancer dans le gros intestin.
Nada Jureidini
Trois questions au Dr Fadi Farhat
Le président de la Société libanaise d’oncologie médicale répond aux questions de Magazine concernant le cancer colorectal.
Quels sont les signes d’alerte qui doivent nous amener à consulter?
Le premier signe d’un cancer colorectal est un saignement dans les selles. Mais d’autres symptômes doivent vous inciter à consulter un médecin pour faire un test de dépistage ou une coloscopie. Les symptômes comprennent: un changement d’habitudes intestinales y compris la diarrhée, la constipation ou le changement de consistance des selles; le malaise abdominal persistant qui se manifeste par des crampes, des gaz ou de la douleur; la sensation que l’intestin ne se vide pas complètement, la fatigue et la perte de poids injustifiable.
Qui est concerné par le dépistage?
Trois populations sont concernées en fonction du niveau du risque. Pour un risque moyen, ce sont les hommes et les femmes de plus de 50 ans sans symptômes apparents ni histoire familiale: 94% des cancers colorectaux surviennent après cet âge. Le dépistage est alors recommandé tous les deux ans. Pour un risque élevé de cancer colorectal dont 15 à 20% des cas, il faut un dépistage après un premier cancer ou un adénome de plus d’un centimètre, ceux avec un parent proche (père, mère, frère, sœur, enfant) qui a eu un cancer de l’intestin avant 65 ans, avec deux parents atteints quel que soit l’âge du diagnostic, ou ayant une maladie inflammatoire chronique de l’intestin étendue au moment du diagnostic et évoluant depuis plus de 20 ans. La coloscopie est l’examen préconisé pour cette population selon le profil de chacun, ses antécédents, sous la responsabilité du médecin. Enfin, les personnes qui ont un risque très élevé de cancer colorectal de forme familiale dont 1 à 3 % des cas environ. Les personnes à risque très élevé de cancer colorectal bénéficient d’un suivi spécifique.
La coloscopie est-elle le seul moyen de dépistage?
La coloscopie est la méthode la plus fiable. L’Hémocult, qui sert à ce type de dépistage, se généralise. Il suffit de prélever deux échantillons de selles à l’aide d’une spatule, de les placer dans le carton prévu à cet effet et de les envoyer au laboratoire. Si le test est positif, l’exploration de l’intestin par coloscopie est nécessaire pour confirmer le diagnostic. Sachez aussi que tout saignement, même d’apparence anodine, doit vous amener à consulter. A noter qu’un nouveau test (OC Sensor) est attendu. Il sera plus simple d’utilisation et plus performant. Il permettra notamment de détecter 2 à 2,5 fois plus de cancers et 3 à 4 fois plus d’adénomes que l’ancien test. Il ne nécessitera qu’un seul prélèvement de selles.
Propos recueillis par Nada Jureidini