C’est une comédie dans l’air du temps, à la fois grave et légère, aux répliques et aux altercations piquantes. L’illusion conjugale revisite le thème de l’infidélité et le pare d’une dose de gravité et d’humour, d’aigreur et de finesse, de mordant et de justesse. Jubilatoire, indéniablement jubilatoire.
La pièce, mise en scène par Valérie Vincent et interprétée par Cécile Longé, Joe Abi Aad et Joe Toutoungi, se jouera en avant-première à l’initiative du We Group, le 24 avril prochain, sur les planches du Casino du Liban, et du 19 au 24 mai, au théâtre Monnot, au profit des associations SFB (Société française de bienfaisance-Section Liban), Afel (Association du foyer de l’enfant libanais), Irap (Institut de rééducation audio-phonétique) et la L&E.
Avec les thèmes de l’infidélité et de l’adultère, L’illusion conjugale aurait pu être une énième comédie sur le désenchantement du mariage, mais elle le dépasse pour offrir au public une heure et demie de bons mots et de rires. Cette comédie d’Eric Assous nous plonge dans la vie d’un couple aisé. Une journée, voilà le laps de temps qui s’écoule entre le lever de rideau et la finale. Pas de temps mort. Le sujet est posé dès les premiers échanges entre le trio d’acteurs. Les répliques s’enchaînent avec énergie et verve. Mauvaise foi et cynisme sont au rendez-vous. Après quelques années d’un mariage heureux, Jeanne et Maxime décident de s’avouer certains petits écarts. Un matin, Jeanne réclame à son mari, un «état des lieux» sur ses nombreuses infidélités. Il accepte à condition qu’elle-même dévoile son jardin secret. Maxime avoue une douzaine d’aventures fugitives et sans lendemain. Jeanne, elle, n’a eu qu’un seul amant; leur liaison a duré neuf mois et c’est bien ce qui inquiète son époux. Jeanne confie qu’il s’agissait d’un homme marié, mais refuse de dévoiler son nom. Contre toute attente, Maxime invite à dîner Claude, un ami, qu’il harcèle de questions. Celui-ci reconnaît qu’il a entretenu pendant neuf mois une relation adultère, alors qu’il était encore marié, mais il n’accepte pas de dire de qui il s’agit. Maxime est rongé. Claude a-t-il été l’amant de Jeanne? C’est le début pour le couple d’une grave remise en question, de suspicions et d’accusations en tous genres, de jalousies insupportables. On se dit alors que parfois, le mensonge a du bon. Alors à quoi tient la confiance? La paix des ménages est-elle une naïve illusion? «L’illusion conjugale revisite le thème de l’infidélité avec humour, c’est vrai, mais aussi avec gravité. C’est, je pense, une comédie tragique. Une comédie très humaine en somme», explique Valérie Vincent, metteuse en scène.
Christiane Tager Deslandes
Bios en bref
♦ Cécile Longé. Consule de France, elle est passionnée de théâtre et a suivi des cours d’art dramatique. Elle a ensuite intégré la Ligue belge d’improvisation théâtrale, puis a travaillé le rôle de Laurence dans un atelier théâtral autour de La robe mauve de Valentine, de Françoise Sagan, à Athènes. Au printemps 2014, elle a créé un atelier d’improvisation à Beyrouth, sous la direction du professeur Jean Daoud. Elle a donc travaillé plusieurs personnages, mais Jeanne est le premier rôle qu’elle interprète devant un public.
♦ Joe Abi Aad. Après une formation théâtrale de deux ans au cours de Térésa Massé à Paris, il passe très vite à la pratique et joue, sous la direction de T. Massé, Oncle Léon dans Permettez Madame. De retour au Liban en 1996, il intègre la troupe de Nadine Mokdessi et interprète plusieurs rôles dans différentes pièces.
♦ Joe Toutoungi. Il intègre la troupe de Nadine Mokdessi en 1993 et campe plusieurs rôles dans sa troupe. En 2004, il est Jean Marcelin dans Le Nouveau Testament de Sacha Guitry, mis en scène par Michèle Malek, au théâtre Monnot. En 2013, avec la compagnie Free-vol, il interprète Bernard dans Quelle famille, de Francis Joffo.
♦ Valérie Vincent. Elle fréquente d’abord le Conservatoire national Marcel Dupré, en France, d’où elle sort avec un premier prix en théâtre classique et un prix d’excellence à l’unanimité du jury en théâtre moderne. Elle est ensuite reçue au célèbre cours Florent. Tout en jouant dans de nombreux spectacles, elle crée sa compagnie théâtrale. Elle devient ensuite directrice artistique d’une compagnie nationale subventionnée par le ministère de la Culture. Désireuse de passer à la réalisation, elle suit une formation à l’Ina et crée sa société de production avec laquelle elle produit et réalise des films documentaires dont un l’amène au Liban, où elle décide de s’installer en 2004. Tout en continuant la mise en scène et la réalisation audiovisuelle, elle crée un cours de théâtre francophone à Beyrouth, ainsi qu’une troupe professionnelle d’enfants comédiens.