Ils ont tranché. Lundi après-midi, le bureau exécutif du Front national s’est réuni pour examiner les propos de Jean-Marie Le Pen qui avaient suscité la polémique ces dernières semaines, en vue d’éventuelles sanctions. Finalement, après plus de trois heures de réunion à huis clos, le verdict est tombé aux alentours de 20h30: le FN décide de suspendre le statut d’adhérent de l’ancien leader du parti, et une assemblée générale extraordinaire devra décider «dans les trois mois» de la suppression de son statut de président d’honneur. Les adhérents seront consultés via cette même assemblée. Dans un communiqué, le parti frontiste affirme avoir «constaté à la majorité de ses membres la nécessité de supprimer l’article 11 bis des statuts du Front national relatif à la présidence d’honneur». Un peu plus tôt dans la matinée, le bureau politique avait voté une motion qui «réaffirme son indéfectible attachement à la ligne politique définie et présentée par sa présidente Marine Le Pen».
Le patriarche avait aussitôt déclaré qu’il excluait tout retrait de la vie politique puisqu’il n’avait «jamais parlé au nom du FN». Il revendiquait aussi sa liberté en disant qu’il lui suffisait de «parler au nom de Jean-Marie Le Pen». Au mois d’avril, les propos de ce dernier sur les chambres à gaz, «détails» de l’histoire, sur le maréchal Pétain et sur le «monde blanc» avaient suscité une vive polémique et mis feu au parti. Sa fille avait donc décidé de convoquer son père devant le bureau exécutif, en justifiant de sa «récidive» pour expliquer cette mesure, et avait dit souhaiter que son père puisse garder sa liberté d’expression sans que celle-ci «n’engage le FN». Il semble que son souhait a été réalisé.
A la suite de cette décision, Jean-Marie Le Pen, qui n’est pas du genre à se laisser dicter sa conduite, n’a pas attendu pour répliquer violemment, dénonçant une «félonie» et s’en prenant directement à sa fille. «J’ai honte que la présidente du FN porte mon nom». Et d’ajouter: «Je souhaite que Marine Le Pen se marie au plus vite pour qu’elle ne porte plus le même nom que moi». Entre la politique de dédiabolisation et les provocations récurrentes de l’ancien leader, la rupture semble bel et bien consommée entre le fondateur du parti et sa fille.
Marguerite Silve