Il y a plus de 65 ans, l’Université américaine lançait les travaux de l’Assemblée médicale du Moyen-Orient (Mema). Toutefois, cet Orient riche en événements n’a permis de tenir que 47 congrès en 65 ans. Il y a quelques jours s’est donc tenue la 47e Assemblée médicale du Moyen-Orient à l’AUB. Une rencontre sur les thèmes de l’innovation, des recherches, des nouveautés dans le domaine des tumeurs. Le cancer est effrayant, mais le thème porte en lui l’idée de l’affronter.
Entre le lancement des travaux du congrès et la clôture, une vérité: la science invente de nouvelles méthodes et les met dans le réservoir des expériences de la connaissance humaine.
Le professeur Ali Taher, président de l’Assemblée médicale du Moyen-Orient (Mema), hématologue et spécialiste des tumeurs malignes au centre médical, offre de multiples réponses et se montre optimiste. Il semble très convaincu du principe de Victor Hugo: «Un pessimiste fait de ses occasions des difficultés et un optimiste fait de ses difficultés des occasions». Il ajoute que, par le passé, «l’assemblée ne se fixait pas un seul thème. Aujourd’hui, nous le faisons et nous l’avons abordé dans les détails dans trente rencontres environ, auxquelles ont participé une vingtaine d’intervenants. Le congrès scientifique a été marqué de larmes, d’espoir, de victoires, de témoignages de patients, qui ont mis leurs souffrances au service de la science».
Le «profil» du cancer
Le professeur Ali Taher semble très confiant dans l’avenir et même dans le lendemain. Une des raisons de son optimisme est l’élection du nouveau président de l’université, le Dr Fadlo Khuri, élève de l’université de médecine qui porte le nom de son père, le Dr Raja Khuri.
Le professeur Khuri a longtemps occupé le poste de président du service d’hématologie et de cancérologie à l’université d’Emory. C’est un fervent adepte de la recherche en médecine, notamment dans le traitement des cancers. Il a défendu avec virulence, récemment dans les colonnes d’Ousbou el-Arabi, un trésor basé sur le «profil» du cancer. Il y comprend le diagnostic de ce mal à travers un nouvel examen permettant à chaque cancéreux une situation indépendante en soi. Aucune copie n’est conforme à une autre. Le cancer n’est pas le même dans tous les corps, même s’il est du même type.
Le professeur Khuri parle dans un arabe difficile, mais avec des idées claires, de la nouvelle approche scientifique qui élimine les aspects du traitement du cancer et donne de grands espoirs à ceux qui n’y croient pas. La présence du professeur Khuri, en cette période même, redonne de l’espoir à ceux qui se croyaient au pied du mur. Ainsi sa présence a ravivé toutes les thèses, les découvertes médicales et les innovations. La question se pose sur l’équation scientifique exposée par le président élu de l’Université américaine. Réponse: «Il y a plus d’une décennie, nous appliquions des protocoles précis pour remédier à n’importe quelle tumeur cancéreuse. Autrement dit, nous avions une approche approximative du mal. En cas d’échec, la médecine se trouvait perplexe devant des options limitées. Nous restions hésitants essayant d’opter pour la situation la plus adéquate pour la santé du malade. Mais, en général, nous revenions aux mesures expérimentales. Ce qui se répercutait négativement sur la santé du patient. Nous échouions à lutter contre la tumeur et nous injections parfois du poison dans le corps du malade en l’exposant à une médication qui aurait pu être évitée. En bref, nous nous trouvions pris dans un tourbillon».
Quelle est la méthode de cette découverte? «Il faut retirer une cellule de la tumeur, l’envoyer à des laboratoires à l’étranger et attendre le résultat deux semaines à un mois. Les spécialistes opérant au Liban étudient cet examen avec minutie une fois que l’importance de recherches est prouvée. Plus nous connaissons notre ennemi, mieux nous le combattons en y introduisant les secrets de son environnement et de sa vie».
Le médecin se servait de son expérience pour définir le remède, mais il se trouvait souvent dans l’impasse et les chances étaient réduites l’obligeant à user de l’une des trois méthodes suivantes:
♦ Utiliser un autre remède basé sur l’expérience du médecin même en l’absence d’une formule médicale.
♦ Répéter l’une des méthodes utilisées dans de précédentes médications dont le malade a profité, un jour.
♦ Convaincre le malade d’accepter des expériences cliniques afin de découvrir si d’autres médicaments peuvent être utilisés.
On appliquait un traitement, une approche basée sur une seule mesure faisant courir un risque au malade au moment même où le traitement évolue. Est-il permis qu’une femme atteinte d’un cancer du sein soit exposée à un traitement chimique? Qui peut décider que cela doit lui être imposé? Le diagnostic du médecin? Ce dernier peut-il s’en tenir à son diagnostic? A son expérience? Quelles que soient l’importance du médecin et son expérience, celui-ci peut se tromper.
La 47e édition de l’Assemblée médicale au Moyen-Orient ne porte-t-elle pas l’entête «des inventions modernes dans le monde des tumeurs et de la recherche? Il s’agit d’une découverte qui prépare le chemin à une nouvelle étape et à un nouvel espoir?
Chantier chirurgical
De nombreuses autres questions ont été abordées pendant les travaux du congrès. D’abord, le cancer du cerveau et celui du poumon où de nouveaux progrès ont été enregistrés, ainsi que de nouvelles méthodes.
La lutte contre les cellules cancéreuses.
Un exposé du débat entre les cancérologues et les radiologues sur le meilleur moyen de lutter contre les cellules cancérogènes des malades qui souffrent d’un cancer du cerveau et de la nuque.
Ensuite, le cancer de l’appareil digestif et les méthodes auxquelles sont parvenus le rôle de la chirurgie robotique, son importance et sa supériorité sur la plupart des méthodes classiques chirurgicales.
Un chantier de travail chirurgical a réuni les chirurgiens locaux et régionaux pour les entraîner sur les détails du nœud lymphatique dans le cancer du sein.
Enfin, des experts ont discuté avec des représentants de huit Etats arabes sur les possibilités de former un réseau pour moderniser et pousser les recherches sur le cancer dans les régions arabes.
Une séance a été réservée aux tumeurs du cerveau chez les enfants et les adolescents, ainsi qu’aux causes de ce cancer à la période de l’enfance qui ont provoqué une véritable révolution ces derniers temps et des promesses réelles de traitements nouveaux ont été présentées. Avons-nous terminé? Non, répondent les congressistes. Nous n’avons pas fini, mais nous achevons ce chapitre à la fin la 47e édition de l’Assemblée médicale au Moyen-Orient.
Nawal Nasr
L’indispensable continuité
Avec un extraordinaire dynamisme et une insistance spéciale, le président du congrès et président de l’Association des médecins au Moyen-Orient, le professeur Ali Taher, a poursuivi les travaux de la 47e Assemblée médicale au Moyen-Orient, dans l’enceinte de l’Université américaine de Beyrouth. Il est entré dans les moindres détails en évitant de séparer les sujets, chacun étant supposé trouver sa place dans la réalisation des buts et des innovations exposés. Les discussions se poursuivent et les expériences sont partagées par les participants pour aboutir à un enrichissement de facteurs préparatoires de la prochaine étape, pleine d’optimisme face au mal qu’on dit malin. Le nombre des participants a atteint, cette année, un chiffre record: médecins, infirmiers, spécialistes en médecine alimentaire, ainsi que des pharmaciens et chaque personne qui, de près ou de loin, est intéressée par la santé d’un malade du cancer et veut y participer a trouvé les portes de l’AUB ouvertes pendant trois jours sur un nouveau point de départ et, plus précisément, le dernier volet insistant sur l’intérêt de poursuivre les rencontres.