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Nº 3001 du vendredi 15 mai 2015

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Père Elian Nasrallah. «Le Hezbollah, une force de dissuasion»

Alors que l’on entend battre les tambours de la bataille du Qalamoun, Magazine est allé à la rencontre du père Elian Nasrallah, prêtre de Qaa, village chrétien situé au nord de Baalbeck, pour recueillir ses impressions.
 

Comment décrivez-vous la situation à Qaa?
Qaa est peut-être le village qui attend le plus la bataille du Qalamoun et qui s’apprête à y faire face. Les préparatifs vont bon train. Les habitants stockent le mazout, la farine en prévision d’une pénurie de pain, les médicaments et les équipes médicales se préparent, mais il n’y a pas véritablement une ambiance de guerre, depuis le jour où l’armée a réussi à chasser les terroristes de Qaa. Actuellement, la situation est meilleure qu’auparavant. Les terroristes ne sont plus à l’intérieur du village. L’armée les a repoussés au-delà des hauteurs et des frontières de Qaa et Ras Baalbeck. Il est vrai que l’armée les a éloignés, toutefois, on s’attend toujours à une opération au Qalamoun. Personne ne sait encore si elle sera courte ou longue, décisive ou pas. Mais il est clair que depuis qu’elle a été dotée de nouveaux armements, l’armée a réussi à devenir plus défensive.

Qu’en est-il de la présence du Hezbollah?  
Les espaces où l’armée devrait se déployer sont très vastes et celle-ci ne peut les couvrir à elle seule. Les jeunes de Qaa organisent des patrouilles, font des rondes et veillent sur la sécurité du village. Au moindre élément suspect, ils alertent l’armée, mais il est indéniable que la force principale de dissuasion contre les extrémistes est le Hezbollah. C’est lui qui a aidé les habitants et a empêché les terroristes de rentrer dans le village. Le Hezbollah est toujours en état d’alerte pour défendre la région, car celle-ci est entièrement menacée. C’est la seule force de dissuasion à l’encontre des terroristes pour les tenir éloignés du village et les empêcher de s’y infiltrer. C’est bien la présence du Hezbollah qui sécurise les habitants.

Les habitants ont-ils peur?
Qaa est un village chrétien qui compte entre 15 000 et 16 000 habitants. Seuls 5 000 habitants y vivent en permanence et le village ploie aujourd’hui sous la présence de 30 000 réfugiés syriens. Historiquement, Qaa était un exemple d’harmonie et de coexistence islamo-chrétienne. Les rondes et les patrouilles effectuées par les jeunes du village sont continues. Sur le plan humain, nous accueillons les réfugiés et leur offrons une aide humanitaire, sociale et médicale. Mais il ne faut pas perdre de vue qu’en Syrie le service militaire est obligatoire et tous les hommes savent manier des armes. Des terroristes peuvent se glisser parmi les déplacés. Il faut être vigilant en ce qui les concerne. La bataille du Qalamoun sera une grande bataille. On dit que ce sera une guerre éclair, mais sait-on jamais? Elle pourrait durer. Nous essayons de parer à tout pour survivre. Nous avons pleinement confiance dans l’armée, qui montre de jour en jour sa suprématie dans toutes les opérations qu’elle accomplit, ainsi que le Hezbollah qui couvre plusieurs régions. La guerre fait certainement peur, car elle apporte avec elle mort et destruction.

Y a-t-il des organismes qui vous apportent de l’assistance?
Il y a à Qaa un centre médical et plusieurs associations. Elles apportent de l’aide aux réfugiés syriens principalement. La Croix-Rouge internationale nous a offert un générateur pour avoir de l’eau. Aujourd’hui, nous sommes sans électricité à Qaa. L’infrastructure était supposée servir les habitants du village, mais avec la présence de 30 000 réfugiés syriens l’électricité ne suffit plus. On ne peut plus brancher nos réfrigérateurs, ni faire fonctionner les appareils médicaux. La présence des réfugiés syriens a une incidence négative sur le village. L’Etat ne nous aide pas, ne nous fournit pas du mazout et n’augmente pas la puissance des transformateurs électriques. Nous souffrons d’un manque dans l’eau potable et l’eau pour l’irrigation. L’association Ildes, en collaboration avec la mission solidarité chrétienne, nous a offert 4 000 litres de mazout pour tirer l’eau des puits artésiens. Cette quantité est suffisante pour quelques jours, mais nous avons besoin de l’Etat pour assurer l’infrastructure.

Avez-vous des problèmes avec les réfugiés?
Les réfugiés sont divisés en deux catégories: ceux qui ont fui la guerre et veulent vivre en paix et ceux qui cherchent à créer des problèmes. Nous sommes dans une guerre ouverte et il y a trois forces à Qaa: l’armée, le Hezbollah et les jeunes du village. S’il y a une attaque, tous sont concernés. Mais il est sûr que le Hezbollah, aux côtés de l’armée, est une force dissuasive.

Propos recueillis par Joëlle Seif

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