Mardi 16 juin, le ministère de la Culture et l’Académie libanaise des beaux-arts (Alba) ont inauguré le Musée virtuel d’art moderne de Beyrouth. Un concept audacieux, sous l’égide du ministre de la Culture, Rony Araiji, présent à la cérémonie officielle, installée en plein cœur du Mathaf.
C’est au beau milieu du Musée national, splendeur architecturale des années 30, que le ministère de la Culture a choisi de présenter son tout dernier projet, en collaboration avec l’Université de Balamand – Alba. En présence des ministres de l’Information et du Tourisme, Ramzi Jreige et Michel Pharaon, de Mona Hraoui, présidente de la Fondation du patrimoine, de Lama Salam, épouse du Premier ministre Tammam Salam, et de Fayçal Taleb, directeur général du ministère de la Culture, le public a assisté à la présentation du nouveau Musée virtuel d’art moderne. La cérémonie s’est ouverte sur l’hymne national libanais, résonnant entre les colonnes imposantes et les sarcophages phéniciens qui comblent le rez-de-chaussée du musée beyrouthin.
A la tribune, les interlocuteurs se succèdent et rendent hommage au savoir et à la culture, en soulignant leur rôle essentiel dans une société trop souvent victime de la «médiocrité intellectuelle et des cultures mortifères». Dans son allocution, le professeur André Bekhazi, doyen de l’Alba, a salué l’audace et l’ambition du ministre de la Culture, avec un «ministère aux moyens modestes, voire inexistants», soulignant des difficultés de tout ordre, politiques, financières et autres. «Ce partenariat entre le secteur public et le secteur privé, initié ici par SE M. Araiji, poursuit-il, est une preuve éclatante de l’infini de possibilités qui s’ouvrent toujours, en dépit des circonstances difficiles, adverses souvent, aux hommes de bonne volonté, aux hommes qui ont en eux, chevillée au corps et à l’esprit, la conscience de ce qu’est, de ce que doit être, le service de l’Etat, le service du citoyen».
Distribué à l’entrée du bâtiment, le carton d’invitation donne le ton: Paul Guiragossian, Joseph Hélou, Myriam Ghali, Henri Khoury, Ahmad Dalati… Tant d’artistes libanais représentés, dont les œuvres sont désormais consultables par tous et partout sur le site web du Musée virtuel. Car c’est bien de cela qu’il s’agit: créer un espace où les barrières géographiques n’existent pas, qui donne accès à la culture et aux arts, d’un simple clic. Quelques minutes plus tard, la visite virtuelle commence, projetée sur deux écrans géants, guidée par Alain Brenas, directeur de la section Arts graphiques de l’Alba, et Clara Moukarzel, chargée de communication à l’Alba: en déplaçant son curseur, le cybervisiteur se déplace à sa guise dans les différentes pièces du musée et peut, ainsi, admirer les œuvres exposées au mur. En un clic, il accède au titre de la toile, au nom de l’artiste, l’époque et autres informations annexes. Le Musée virtuel comporte aussi une pièce consacrée à la sculpture libanaise. Tout au long de la visite, l’internaute redécouvre l’itinéraire de l’art libanais, à travers une collection appartenant au ministère de la Culture, qui détient une riche collection d’œuvres d’artistes, peintres et sculpteurs modernes libanais (environ 1 800 œuvres).
Le projet conjoint du ministère et de l’académie est appelé à s’enrichir, avec l’apport extérieur de jeunes talents libanais. Accessible depuis un PC ou un Mac, le site sera aussi prochainement disponible sur tablette, et ce, en trois langues: anglais, arabe et français, pour une diffusion toujours plus large.
La présentation s’est achevée sous les applaudissements du public, dans un cadre exceptionnel, témoin d’un patrimoine national d’exception.
Marguerite Silve
http://artmodernemv.gov.lb/
L’Alba
L’Académie libanaise des beaux-arts est née en 1937, sous l’impulsion d’Alexis Boutros, violoncelliste et ingénieur. A ses débuts, l’institution nationale, première pour l’Enseignement supérieur au Liban, porte le nom de l’Association des musiciens amateurs (Ama), et est composée d’un orchestre et d’une chorale, qui se produisent dans la région et les pays voisins. En 1943, Alexis Boutros fonde une école d’art, qui regroupe l’école de musique, l’école d’architecture et l’école de peinture, dont il estime qu’elle peut jouer un rôle capital et devenir l’un des creusets de l’unité nationale. Et cela fonctionne: dès 1944, l’Alba est reconnue d’utilité publique et ses diplômes sont décernés par le ministère de l’Education nationale. Alexis Boutros dirigera l’Alba jusqu’à sa mort en 1979.