La Société libanaise de pneumologie a récemment organisé son congrès médical annuel sur les maladies pulmonaires. Le congrès a regroupé, cette année, les sociétés de pneumologie nationales et bilatérales des pays francophones. La présidente du congrès et pneumologue, leDr Mirna Waked, revient sur les principaux thèmes développés par les intervenants.
Cette année, le congrès était co-organisé par l’Espace francophone de pneumologie, qui regroupe les sociétés de pneumologie nationales ou bilatérales des pays francophones. C’est pourquoi le congrès a aussi pour co-label La Triennale 2015 de l’Espace francophone de pneumologie. Comme son nom l’indique, ce congrès se tient tous les trois ans dans un pays francophone différent. Il a été décidé que sa première édition, celle de 2015, se tiendra à Beyrouth entre le 4 et le 6 juin dernier, conjointement au congrès libanais annuel.
Près de 27 délégations de 40 pays ont en effet participé à ce congrès qui a réussi à avoir un impact positif sur l’image du pays dans cette conjoncture précaire. Plus d’une trentaine d’intervenants internationaux se sont ajoutés aux intervenants libanais pour débattre de thèmes tels que la tuberculose multi-résistante qui résiste aux traitements disponibles actuellement, les législations antitabac dans les pays francophones, y compris le débat sur la controversée cigarette électronique, ou encore, les maladies respiratoires comme l’asthme ou l’apnée du sommeil et leur lien avec l’obésité. Les intervenants ont également évoqué les effets de la pollution sur la maladie asthmatique, les nouveautés thérapeutiques dans l’hypertension artérielle pulmonaire, une maladie qui diminue le taux d’oxygène dans le sang, les espoirs des thérapies nouvelles dans la fibrose pulmonaire et les nouvelles techniques d’imagerie en pneumologie. Un cas important d’infections pulmonaires ou virales a été finalement observé au Liban, particulièrement chez les réfugiés syriens. n N.J.
Trois questions au Dr Mirna Waked
La pneumologue et présidente du congrès de pneumologie, le Dr Mirna Waked, répond aux questions de Magazine concernant la maladie.
Vous avez évoqué les lois antitabac dans les pays francophones. Qu’en est-il au Liban?
La loi antitabac a d’abord été appliquée au Liban, mais nous avons assisté à un relâchement de la part des autorités à cause d’une mauvaise préparation à cette loi. Aucune étude sérieuse n’a été menée concernant son impact économique. Il faut faire appel à tous les comités scientifiques pour essayer de faire pression et de revenir à une application sérieuse de cette loi. Le tabac est la cause principale de nombreuses maladies respiratoires et pulmonaires et il est très important d’en faire une priorité nationale. Il faut souligner également la nécessité de promouvoir ou d’encourager tous les moyens de lutte contre le tabagisme. Certains médicaments ou thérapies ont prouvé leur efficacité dans l’arrêt du tabac. Il en faut une autorisation pour les commercialiser.
En ce qui concerne la tuberculose, avons-nous des cas alarmants au Liban?
La tuberculose est une maladie en recrudescence. La situation au Liban n’est pas alarmante étant donné que nous n’avons pas un nombre important de cas de tuberculose. Ceci dit, le nombre de cas a légèrement augmenté en raison de la présence des réfugiés syriens ou des domestiques étrangères. Mais il existe un traitement efficace contre cette maladie et il n’est pas nécessaire de dramatiser. Nous en avons d’ailleurs abordé les nouvelles méthodes diagnostiques et leurs disponibilités et essayé de trouver des solutions à la tuberculose multi-résistante.
La mucoviscidose était parmi les thèmes évoqués. De quelle maladie s’agit-il?
Il s’agit d’une maladie génétique grave peu connue au Liban atteignant principalement les voies respiratoires et digestives. L’accumulation de mucus épais provoque des problèmes respiratoires graves dans les poumons et a des effets dévastateurs. Le traitement proposé est symptomatique, destiné à soulager les symptômes de la maladie, et nécessite une prise en charge multidisciplinaire, avec une bonne coordination entre les divers spécialistes. Les cas au Liban sont peu nombreux.
Propos recueillis par Nada Jureidini