De ses origines libanaises, il n’en avait gardé que son nom d’origine, Michel Demetri Chalhoub. Au-delà des frontières géographiques, au-delà de l’impossible devenu possible, d’Egypte où il fait ses débuts au cinéma, où il rencontre le seul amour de sa vie, Faten Hamama décédée il y a six mois, à Hollywood où il s’impose comme acteur éclectique en passant par une ouverture vers le cinéma français, Omar Sharif restera la seule star arabe à avoir une telle renommée internationale. Atteint d’Alzheimer, il succombe à une crise cardiaque, le vendredi 10 juillet 2015, à l’âge de 83 ans. Retour en images et en mots sur une carrière, une vie…
Le Liban
Simple mot des origines
Né le 10 avril 1932 à Alexandrie, dans une famille de négociants en bois précieux, originaire de Zahlé, que son père a quittée au début du XXe siècle; le Liban de ses origines n’aura été pour lui qu’une «nationalité sur papier» ou le temps d’incarner le rôle de Mokhrir dans La Châtelaine du Liban de Richard Pottier (1956). C’est dans une mosquée au Caire que ses funérailles ont été célébrées dans la discrétion, avant que le cercueil, couvert du drapeau de l’Egypte et d’une étoffe noire sur laquelle étaient brodés des versets du Coran, ne soit conduit au cimetière de Sayyeda Nefissa, au sud de la capitale.
La rencontre, l’amour
1954. Parfait inconnu, le jeune Michel Chalhoub, 21 ans, est repéré par Youssef Chahine pour jouer dans Ciel d’enfer, Siraa fil-wadi. Un premier rôle au cinéma et, surtout, la rencontre avec Faten Hamama. Pour elle, il se convertit à l’islam et prend le nom de Omar Sharif. Pour lui, elle divorce de Ezzedine Zulficar. Ils se marient en 1955, ont un fils, Tarek, se séparent en 1968 et divorcent en 1974. Eternel couple glamour, à l’écran, dans la vie et jusque dans la mort…
Hollywood ouvre ses portes
Fruit du hasard, le réalisateur américain David Lean cherchant un acteur arabe qui parle anglais, Omar Sharif partage l’affiche du film Lawrence of Arabia avec Peter O’Toole. C’est la consécration; il obtient le Golden Globe du meilleur second rôle en 1963, une nomination aux Oscars et un contrat avec la Columbia Pictures. Sa carrière internationale est lancée, il s’installe à Hollywood.
Star arabe et internationale
1965. Film culte, personnage culte, David Lean le remet en tête d’affiche de Doctor Zhivago, face à Julie Christie et Geraldine Chaplin. Nouveau Golden Globe, cette fois du meilleur acteur. Les films se succèdent, les rôles se diversifient, Mayerling, Funny girl, Che!, Genghis Khan, The night of the generals… Omar Sharif restera la première et seule star arabe à avoir conquis Hollywood.
Et l’Hexagone!
Après Hollywood, c’est le cinéma français qui le réclame. Il joue dans plusieurs films, de Henri Verneuil notamment dans Le Casse en 1971 aux côtés de Jean-Paul Belmondo, jusqu’à incarner, en 2003, le personnage d’un épicier arabe qui se lie d’amitié avec un garçon juif, dans Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran de François Dupeyron, rôle qui lui permet d’obtenir le César du meilleur acteur.
Adieu à l’écran
Pour son dernier rôle au cinéma, il incarne un fantôme que seul son petit-fils peut voir, dans le film de Laïla Marrakchi, Rock the Casbah. Un rôle éphémère, poétique, à la fois tendre et poignant… comme un adieu prémonitoire…
Nayla Rached