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Nº 3012 du vendredi 31 juillet 2015

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Khaled Zahraman, député du Courant du futur. «Non à l’enfouissement des ordures au Akkar»

Comment sortir de l’impasse dans laquelle la crise des ordures a plongé le Liban? Quelle est la responsabilité de Sukleen, la société de gestion des déchets? Le Courant du futur partage-t-il l’avis du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, sur la nécessité de maintenir le gouvernement à l’abri des crises que traverse le pays? Tour d’horizon avec  Khaled Zahraman, député du Akkar.
 

Certains font porter la responsabilité de la crise des déchets au gouvernement, d’autres à la couverture politique dont jouit Sukleen et qui empêche la résolution définitive de cette question. Qu’en pensez-vous?
Il ne fait aucun doute que l’affaire des déchets est due à un certain laxisme des responsables, qui ne font qu’ajourner ce dossier d’année en année sans lui trouver une solution claire et définitive. Le gouvernement a échoué sur ce plan. Quant à ceux qui lancent des flèches sur Sukleen parce que, soi-disant, certains responsables la couvrent, ce sont juste des propos déformant la réalité. Pendant longtemps, certaines forces politiques rivales ont gouverné seules, pourquoi n’ont-elles pas résolu la question des déchets? Evitons des surenchères gratuites et stériles.

Vous avez refusé, au nom des députés et des habitants du Akkar, que les déchets ménagers de Beyrouth soient transportés jusqu’au dépotoir de Srar au Akkar. Pourquoi?
Parce que les solutions arbitraires ne permettront pas de résoudre ce dossier. Par ailleurs, je me demande pourquoi le choix s’est porté sur le Akkar, qui produit déjà 300 tonnes de déchets par jour. Y ajouter 500 tonnes quotidiennes serait de la folie. Il faut répartir les déchets sur plusieurs régions. Nous ne laisserons pas passer cette affaire. Si les autorités persistent, nous ne resterons pas les bras croisés devant ce projet et nous ferons tout pour le contrecarrer. C’est dommage que l’Etat ne se souvienne de l’existence du Akkar qu’au moment des échéances financières et de la recherche de nouvelles recettes et jamais au moment des projets de croissance. On se rappelle de cette région quand il s’agit de se débarrasser des ordures, mais imaginez-vous que le Akkar n’héberge même pas une branche de l’Université libanaise (UL), ni un hôpital gouvernemental fonctionnel, ni de l’eau dans les foyers, ni de routes? Certes, la situation est particulièrement désastreuse dans la ville de Beyrouth, sans perspective de création de décharge, puisqu’aucun terrain ne pourrait être disponible pour accueillir les tonnes d’ordures dans son périmètre. Il relève de la responsabilité du gouvernement de sortir la ville de l’impasse et de faire en sorte que la solution proposée préserve la santé du citoyen et l’équilibre de l’environnement.

Le président de la municipalité de Ersal, Ali Hojeiri, a proposé au gouvernement d’utiliser le jurd de Ersal pour y enfouir les déchets. Cette mesure vous semble-t-elle appropriée?
Non, pas du tout, et cela pour une raison logique, le jurd de Ersal est une région sensible, l’insécurité y sévit. Cette proposition  ne peut être mise en pratique de façon concrète. Il s’agit de trouver une solution définitive, les options provisoires ayant montré leurs limites.

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a mis en garde contre l’implosion du gouvernement. Partagez-vous son avis?
Tout à fait. Nous sommes des défenseurs acharnés des institutions. Et le gouvernement est actuellement la seule institution fonctionnelle. Mais le sayyed devrait contribuer de son côté à la préservation du cabinet. Or, à ce jour, il ne le fait pas, puisqu’en toutes circonstances, il prend la défense systématique de ses alliés, en l’occurrence le général Michel Aoun, même quand celui-ci est dans son tort. Il devrait peser de tout son poids sur le chef du CPL pour l’empêcher d’entraver la bonne marche du gouvernement. Qu’un homme aussi pacifique et patient que Tammam Salam en arrive à brandir la menace de sa démission, c’est que le verre déborde et déborde largement. 


Propos recueillis par Danièle Gergès

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