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Nº 3015 du vendredi 21 août 2015

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Douma frappée par des raids aériens. Une riposte aux attaques contre Damas

Les raids aériens ayant frappé, dimanche, la localité de Douma sont perçus comme une réponse aux attaques contre Damas. Selon une source militaire syrienne, «s’il devait y avoir une escalade contre Damas, il y aura une riposte très forte et décisive». Chose promise, chose due.

Du point de vue gouvernemental, une source militaire syrienne avait reproché aux groupes rebelles d’implanter leurs centres de commandement dans des zones résidentielles. Plus encore, selon Staffan de Mistura, plusieurs éléments ont provoqué la riposte du régime, dont l’un a consisté à attaquer Damas par des groupes armés de l’opposition. C’est dans ce sens que la série de frappes menées par les avions du régime du président Bachar el-Assad a visé un marché de la ville de Douma située à 13 km au nord-est de Damas et tenue par les insurgés depuis près de trois ans. L’aviation, selon une source militaire syrienne, aurait frappé des centres de commandement de l’Armée de l’islam, un groupe rebelle, à Douma et dans le secteur voisin de Haarasta et non pas un marché. Environ 100 personnes ont péri, notamment des civils et plus de 240 ont été blessés, d’après l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Opérant sur place, les volontaires de la Défense civile syrienne disent avoir identifié 95 corps et précisent que neuf cadavres restent pour l’instant anonymes. L’aviation étant la principale arme des forces de Bachar el-Assad contre les insurgés, les avions du régime ont poursuivi leurs frappes à quatre reprises sur la ville. Située dans la région de la Ghouta orientale, principal fief des rebelles dans la province de Damas assiégé par les forces du régime, la ville de Douma a témoigné d’une attaque qualifiée par un photographe de l’AFP – Agence France Press comme la pire qu’il ait couverte à cet endroit. D’après la description, fournie par le photographe en question, plusieurs façades d’immeubles se sont effondrées, un grand nombre de blessés ont été transportés à l’hôpital par les habitants de la région, d’autres ont dû être soignés à même le sol, faute de place, des enfants ensanglantés criaient, alors que bon nombre de cadavres gisaient au sol. Interviewé par l’AFP, le directeur de l’OSDH, Rami Abdel-Rahman, a affirmé qu’il s’agissait d’un massacre délibéré.
 

Stephen O’Brien en Syrie
Alors qu’il effectuait sa première visite en Syrie, dimanche, afin de tenir une conférence de presse lundi, le patron des affaires humanitaires de l’Onu, Stephen O’Brien, n’a pas manqué de témoigner des frappes qui ont eu lieu ce jour-là. A son arrivée en Syrie samedi, O’Brien avait déclaré qu’il venait «évaluer les besoins du peuple syrien afin de lui offrir l’aide humanitaire», insistant sur Twitter sur l’engagement des Nations unies à poursuivre leur «soutien aux efforts humanitaires en Syrie». «Horrifié par l’absence totale de respect de la vie des civils dans ce conflit», le responsable des affaires humanitaires de l’Onu a déclaré, dans la conférence de presse lundi, être «particulièrement atterré», les attaques contre les civils étant, selon lui, «illégales, inacceptables et devaient cesser». O’Bien aurait également exposé sa détermination à éviter toute politisation du dossier humanitaire en Syrie, où le conflit entre régime, rebelles, jihadistes et Kurdes a fait plus de 240 000 morts en quatre ans, selon une ONG.

 

Contexte militaire
Le carnage qui s’est produit dimanche à Douma, fief rebelle dans la région de la Ghouta orientale, survient presque deux ans jour pour jour après l’attaque à l’arme chimique dans le même secteur qui avait fait des centaines de morts le 21 août 2013, et avait été attribuée au régime par les Occidentaux et l’opposition. A la veille du bombardement de Douma, l’Armée de l’islam (l’une des composantes les plus puissantes de la rébellion opérant près de la capitale), commandée par Zahran Allouche, avait attaqué des positions gouvernementales à Harasta. Plus encore, treize personnes ont péri mercredi dernier, alors que des roquettes avaient été tirées par des insurgés dans la ville de Damas et des frappes aériennes de l’armée syrienne contre des positions rebelles ont causé la mort d’une trentaine de personnes dans différents secteurs de la Ghouta orientale. Aussi, des tirs de roquettes avaient-ils fait, lundi, trois morts et une vingtaine de blessés à Lattaquié, l’un des bastions des forces gouvernementales sur la côte méditerranéenne. Deux personnes y avaient déjà trouvé la mort jeudi dans les mêmes circonstances, alors que la ville était jusqu’ici largement épargnée par les combats.

 

Echec des négociations
Les négociations, impliquant notamment des médiateurs iraniens et le Hezbollah, effectuées entre rebelles et forces pro-régime dans le but de mettre fin aux combats dans trois localités du nord et du centre du pays, ont échoué samedi. Un accord devait permettre à 50 000 civils d’évacuer Foua et Kafraya, deux villages chiites du nord-ouest aux mains du régime, en échange de la sortie de rebelles de Zabadani, dernière place forte des insurgés près de la frontière avec le Liban. Toutefois,
à la suite de la trêve qui a tenu trois jours, les négociations se sont arrêtées et les insurgés ont réclamé en plus la libération de milliers de prisonniers, une demande que refuse le régime. La prise de Zabadani permettrait au régime de sécuriser le long de sa frontière avec le Liban. Pour les rebelles, le contrôle de Foua et Kafraya consacrerait leur mainmise totale sur la province d’Idlib.

 

L’opposition commente l’attaque
«C’est de la barbarie primaire, une haine contre l’homme», a affirmé le chef de la Coalition de l’opposition en exil, Khaled Khoja, dénonçant indirectement la complicité des alliés du régime Assad, notamment la Russie et l’Iran. «Ceux qui arment ce régime et empêchent le Conseil de sécurité de le tenir pour responsable sont complices de ce crime», a-t-il ajouté en référence à Moscou qui a opposé son veto à plusieurs reprises à une résolution de l’Onu condamnant le pouvoir à Damas.
Basée en Turquie, la Coalition nationale des forces révolutionnaires et d’opposition syriennes a accusé pour sa part le régime d’avoir cherché à infliger le plus grand nombre de pertes possibles dans la population civile.
Dans un communiqué diffusé lundi, elle met en cause la communauté internationale, estimant que «la position faible du Conseil de sécurité de l’Onu et de la communauté internationale est un facteur qui contribue à l’escalade des massacres de civils syriens».

Natasha Metni
 

Fabius dénonce l’attaque de Douma
En France, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a condamné avec la plus grande fermeté le bombardement par le régime de Damas du principal marché de la ville de Douma et estimé que «cet acte barbare illustre une nouvelle fois l’inhumanité d’un régime qui n’hésite pas à massacrer sa propre population». Un rapport d’Amnesty international avait également accusé précédemment le gouvernement syrien de commettre des «crimes de guerre» dans la Ghouta orientale située dans la province de Damas, parlant d’«attaques directes, aveugles et disproportionnées».

Situation actuelle de la Syrie
Le conflit déclenché en Syrie par la répression sanglante de manifestations antigouvernementales pacifiques, et qui ont dégénéré par la suite en révolte armée, puis en guerre civile brutale, a fait au moins 7,6 millions de déplacés sur son territoire et 422 000 civils assiégés par les belligérants. Ces combats qui opposent régime, rebelles, Kurdes et jihadistes, ces derniers s’affrontant sur un territoire de plus en plus morcelé et se poursuivant aux quatre coins du pays, ont fait en sorte que plus de quatre millions de Syriens ont fui le pays depuis 2011.

Nouveau plan de paix pour la Syrie
Lundi, un nouveau plan pour la paix en Syrie a été soutenu par le Conseil de sécurité des Nations unies. Ce plan qui concerne le conflit syrien a été adopté pour la première fois en deux ans par la Russie et les quatorze autres membres. 

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