Pour les patients comme pour les chirurgiens, la musique aurait de nombreux bénéfices lors d’une opération chirurgicale. Une vaste étude publiée récemment montre qu’écouter de la musique avant, pendant ou après une intervention chirurgicale diminue les douleurs et l’anxiété des patients et améliore la performance technique des chirurgiens.
La musique pourrait améliorer les conditions dans lesquelles se déroulent les opérations chirurgicales. En examinant les données de 72 études portant sur 7 000 personnes au total, une équipe de chercheurs britanniques a montré que les patients opérés en musique étaient moins anxieux, avaient moins de douleurs postopératoires et prenaient moins de médicaments analgésiques que ceux qui n’y avaient pas eu droit. Ils se montraient par ailleurs plus satisfaits de leurs opérations. Ces résultats ont été observés quelles que soient les musiques testées. Les auteurs relèvent toutefois un bénéfice accru mais non significatif pour les morceaux choisis par le patient. L’effet bénéfique de la musique a également été relevé sous anesthésie générale, même s’il était un peu plus important lorsque les patients étaient conscients pendant l’intervention. Mieux encore: la musique permettrait également de réduire le recours aux médicaments antidouleurs. Elle n’avait, en revanche, aucun effet sur la durée d’hospitalisation des patients. La réduction de la douleur était d’environ un cinquième sur l’échelle des douleurs qui va de 0 à 10, soit une réduction cliniquement significative. Selon les chercheurs, les patients devraient à l’avenir être autorisés à choisir le type de musique qu’ils souhaitent entendre. Ces conclusions rejoignent des essais déjà menés sur des patients sous ventilation artificielle ou hypertendus dont les symptômes ont baissé d’intensité sous l’effet de la musique.
Une meilleure performance
Les patients ne sont pas les seuls à bénéficier des effets positifs de la musique. Les chirurgiens qui opèrent en écoutant de la musique ont, de leur côté, un geste plus précis et plus rapide que leurs collègues qui travaillent en silence. Toutefois, le volume de la musique ne doit pas être élevé sous peine de perturber la communication entre le personnel du bloc. Pour parvenir à cette conclusion, les auteurs de l’étude ont demandé aux chirurgiens plasticiens de refermer des incisions pratiquées sur des pieds de porc. Un modèle qui se rapproche de la peau humaine. Certains chirurgiens ont réalisé cette opération avec de la musique, d’autres sans. Les chirurgiens n’ont pas été informés de l’objet de l’étude. Ils devaient simplement réaliser l’acte chirurgical rapidement et informer les chercheurs lorsqu’ils avaient terminé. Les chercheurs ont ainsi constaté que le temps nécessaire pour effectuer une suture est en moyenne 7% plus court lorsque le chirurgien préfère écouter de la musique. Il atteint même 8% pour les débutants et 10% pour les expérimentés. Les points de suture sur les plaies étaient mieux faits et plus rapidement. Selon l’étude, la musique améliore l’efficacité de la suture des plaies, ce qui pourrait se traduire dans l’avenir par des économies des coûts de soins de santé. Des études antérieures ont montré que l’écoute de la musique pendant les opérations abaisse le niveau de stress des chirurgiens, mais peu de recherches se sont intéressées aux effets de la musique sur la performance technique du médecin.
NADA JUREIDINI
Le pouvoir de la musique
La musique stimule la production d’endorphines, qui sont des antidouleurs naturels, ainsi que la production de la dopamine qui active les zones de récompense du cerveau. Elle aurait tendance à occuper le cerveau qui ne serait pas ainsi focalisé sur des émotions négatives comme l’anxiété. Il serait détourné de la douleur, car ne pas y penser est un moyen d’y lutter. Le cerveau pourrait aussi être sensible à la musique même sous anesthésie. Les bienfaits de la musique ont été constatés aussi bien chez les adultes que chez les enfants.