«Nous ne sommes pas contre les manifestants de «Vous puez!», mais nous sommes en droit de nous demander qui se tient derrière eux. Comment ont-ils soudain vu le jour? Comment se fait-il que les chaînes de télévision arrêtent leur programmation quotidienne et perdent des millions de dollars pour couvrir leur mobilisation au centre-ville?». Dans une interview accordée à Magazine, le député CPL de Baabda considère que ce sont les services de renseignements américains et de certains pays arabes qui poussent les manifestants à bouleverser la donne.
Aussitôt que les manifestants se sont rués au cœur de la ville pour manifester sous le slogan «Vous puez» qui vise les politiciens de tout bord, vous les avez accusés d’avoir volé vos idées. Pourquoi ne pas les rejoindre puisque vous partagez les mêmes objectifs?
Le Courant patriotique libre (CPL) a, depuis très longtemps, les mêmes revendications que ces jeunes: assurer les droits des citoyens, garantir une représentativité juste et équilibrée des chrétiens au sein du pouvoir, adopter une nouvelle loi électorale basée sur la proportionnelle et élire un président de la République par le peuple. Que ceux qui ont adopté nos slogans descendent avec nous dans la rue. C’est plus logique non?
Certes, vos revendications et celles de «Vous puez» se retrouvent sur certains points. Mais vous n’avez pas réussi à mobiliser massivement les citoyens, alors qu’ils ont pu le faire. Pourquoi ne pas réunir les efforts pour sortir de la crise?
Nous ne sommes pas contre les manifestants, mais nous sommes en droit de nous demander qui se tient derrière eux. Comment ont-ils soudain vu le jour? Comment se fait-il que les chaînes de télévision arrêtent leur programmation quotidienne et perdent des millions de dollars pour couvrir leur mobilisation au centre-ville? Où étaient ces manifestants quand il y a eu une prorogation du mandat parlementaire? Pourquoi seules quelques dizaines se sont manifestées ce jour-là? J’ai la réponse. C’est parce qu’alors, ils n’étaient pas soutenus. Par qui? Je considère que ce sont les services de renseignements américains et de certains pays arabes qui poussent les manifestants à bouleverser la donne. D’ailleurs, il y a quelques jours, la chaîne CNN annonçait que le printemps libanais a commencé. Cette déclaration est louche.
Le ministre Nouhad Machnouk a déclaré que, selon les premières investigations, il y a un pays arabe qui soutient et finance les manifestants. De quel pays parle-t-il, car vous dites un peu la même chose?
C’est à lui que vous devez poser cette question.
Le général Michel Aoun a affirmé que les révolutions arabes ont conduit au chaos, comme s’il ne souhaite pas que la jeunesse libanaise bouge…
Nous sommes en plein de ce que Condoleezza Rice avait nommé le chaos constructif. Mais un chaos peut-il être constructif? Ils n’arriveront pas à leur but. Nous ne les laisserons pas faire!
Pourquoi avoir remis à la Une les tweets antichrétiens de Assaad Thebian, un des organisateurs de «Vous puez» écrits il y a deux ans, tout en sachant que ce jeune homme de 27 ans a toujours affiché son athéisme?
Que Dieu lui pardonne. C’est tout ce que j’ai à dire sur le sujet.
Les forces du 14 mars accusent le 8 mars de soutenir les manifestants en vue de maintenir une vacance dans toutes les institutions et d’arriver à une réforme de la Constitution… Vous leur rendez la pareille en les accusant d’être derrière les manifestants. N’est ce pas le résultat d’un simple ras-le-bol de la population?
Le 14 mars a gouverné pendant de longues années. Où a-t-il conduit le pays? A la dérive. Leurs forces osent parler d’un «passage vers l’Etat». Quelle honte! Ils ont vidé ce slogan de son sens. Mais, actuellement, les choses ont changé et ils ne sortiront pas vainqueurs de leur tentative de mener encore une fois le pays vers le chaos. Les forces du 14 mars n’ont rien de démocratique comme elles le prétendent. Quant à la mobilisation populaire, elle n’a rien d’innocent.
Le 14 mars dit la même chose de vous, surtout après la nomination de Gebran Bassil à la tête du CPL. Qu’en dites-vous?
Personne ne doit se mêler des affaires internes du CPL.
Propos recueillis par Danièle Gergès