L’assassinat, vendredi 4 septembre, du cheikh druze Wahid Balous, dans la province de Soueida en Syrie, n’a pas fini de provoquer des remous dans la communauté druze, aussi bien au Liban qu’en Syrie.
Le député Walid Joumblatt a aussitôt accusé le régime syrien d’être l’auteur de l’assassinat de Balous et de ses compagnons, victimes d’un double attentat à la voiture piégée qui a fait 36 morts. Joumblatt a fait appel à une véritable intifada du Jabal el-Arab contre le régime syrien. Dans un vibrant hommage, il a écrit: «C’est là le destin des héros. Je m’incline devant la mémoire du cheikh Wahid et de tous les martyrs du peuple syrien». En appelant les druzes de Syrie, connus pour leur allégeance au régime, à se soulever, Joumblatt pourrait approfondir les clivages au sein de la communauté.
Connu pour être l’un des plus importants détracteurs du régime syrien, le cheikh Balous aurait été derrière l’appel lancé aux druzes de Soueida de ne pas s’enrôler dans l’armée. Son souci premier était la défense des régions druzes. Selon ses proches, en le tuant, ils ont voulu se débarrasser d’un symbole important de la communauté druze en Syrie.
Interrogé par l’AFP, Thomas Pierret, expert de la Syrie à l’Université d’Edimbourg, estime pour sa part que le régime «a éliminé la voix critique la plus influente au sein de la communauté druze». «Balous symbolisait un mouvement des druzes qui veulent rester indépendants par rapport au régime», souligne également à l’AFP Hassan Hassan, chercheur associé à l’institut britannique Chatham House.
L’assassinat du cheikh Balous a ainsi mis le feu aux poudres dans cette région relativement calme, enclenchant une vive hostilité envers le régime, alors que la communauté druze est divisée depuis le début de la guerre en Syrie. Des sources druzes font état de vives inquiétudes concernant les répercussions de l’assassinat du cheikh Wahid Balous sur la communauté druze au Liban. En effet, ceci pourrait accentuer les divisions au sein de la communauté entre Walid Joumblatt, d’une part, et Talal Arslan et Wiam Wahhab, d’autre part. Des portraits géants de Balous ont été érigés dans la plupart des villages et localités de la Montagne.
Joëlle Seif