Il a fallu que la crise des migrants frappe aux portes de l’Europe pour que Londres et Paris s’intéressent au dossier des réfugiés syriens au Liban. Dans ce cadre, le Premier ministre britannique, David Cameron, a passé quelques heures au pays du Cèdre et, le 1er octobre prochain, c’est le président français, François Hollande, qui est attendu à Beyrouth.
Sous forte protection militaire, le Premier ministre britannique, David Cameron, accompagné d’une délégation anglaise, s’est rendu au camp des réfugiés syriens de Terbol, dans la Békaa, alors que des hélicoptères Chinook survolaient les lieux. Il a insisté pour rencontrer les réfugiés et discuter avec eux pour, a-t-il affirmé à la presse, «voir, de mes propres yeux, et entendre, de mes propres oreilles, le vécu des réfugiés et ce dont ils ont besoin». Il a également rencontré le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, auquel il a assuré le support de son pays, afin de lutter contre l’extrémisme islamique et ses retombées sur le Liban. Accompagné du ministre de l’Education et des Etudes supérieures, Elias Bou Saab, Cameron a aussi visité une école publique à Sed el-Bauchrié, dont la plupart des élèves sont syriens.
Les objectifs de cette visite? Annoncer de nouvelles aides aux camps de réfugiés syriens, afin de tenter d’éviter un nouvel afflux en Europe. Dans ce cadre, il a nommé un sous-secrétaire d’Etat aux réfugiés, le député Richard Harrington, qui sera chargé de mettre en œuvre la stratégie de Londres, différente de celles de Berlin et de Paris, face à la crise des migrants qui frappe l’Europe. Harrington sera donc responsable de la coordination du travail au gouvernement pour aider à l’installation d’environ 20 000 réfugiés syriens en Angleterre et de la coordination de la Grande-Bretagne avec les pays limitrophes à la Syrie. Le Premier ministre a été très direct en annonçant qu’il fallait octroyer ces aides aux pays limitrophes de la Syrie, parce qu’il a jugé, d’une part, qu’il «était important de garder les gens près de chez eux» et, d’autre part, qu’il est essentiel d’accroître l’aide, puisque c’est «le meilleur moyen d’éviter que les réfugiés continuent à chercher à se rendre en Europe».
A l’issue de sa rencontre avec son homologue libanais, Tammam Salam, David Cameron a évoqué la nécessité d’élire un président de la République. Il a notamment annoncé que les fonds des écoles libanaises seraient doublés, atteignant 20 millions de livres sterling par an durant les trois prochaines années, pour les aider à faire face à l’afflux d’enfants syriens. «Environ 3% des 11 millions de Syriens ayant fui leurs domiciles ont cherché l’asile en Europe», a-t-il affirmé, poursuivant que, «sans l’aide britannique, des centaines de milliers d’autres pourraient risquer leur vie en se rendant en Europe. Ces fonds font donc partie de notre approche globale pour lutter contre les migrations à partir de la région».
Cameron avait annoncé le déblocage de 100 millions de livres sterling supplémentaires pour faire face à la crise humanitaire, portant l’aide britannique à un milliard de livres (1,36 milliard d’euros). Selon le porte-parole du gouvernement britannique, environ 60% de ces nouveaux fonds seront octroyés aux agences de l’Onu et aux ONG travaillant en Syrie, tandis que les 40% restant iront à celles aidant les réfugiés au Liban, en Jordanie et en Turquie.
Hollande à Beyrouth
C’est dans le même cadre que s’inscrit la visite au Liban du président français, François Hollande, annoncée pour le 1er octobre. Cette visite a été longtemps débattue dans les cercles de décisions. Plusieurs questions ont été soulevées par les responsables français: comment Hollande allait-il visiter le Liban, alors que le pays est toujours sans président de la République? Cela ne constitue-t-il pas une façon indirecte d’accepter cet état de fait? Quand cette visite devra-t-elle avoir lieu? Quels doivent être ses objectifs? Finalement, il a été décidé qu’elle devra s’articuler autour de deux points: les réfugiés et la présidentielle.
Danièle Gergès
Critiques des travaillistes
La décision du gouvernement britannique de ne recevoir que des réfugiés provenant de camps proches de la Syrie est critiquée par l’opposition travailliste qui appelle à accueillir également des réfugiés déjà présents sur le sol européen.