Magazine Le Mensuel

Nº 3020 du vendredi 25 septembre 2015

Expositions

Au retour de Clara Abi Nader. En quête d’identité

 

«Tout a commencé quand j’ai quitté le Liban pour Paris en 2011». C’est en ces termes que Clara Abi Nader résume ce qui a été à l’origine de la série de photos placées sous le titre Au retour. Photographe et artiste exceptionnelle, elle considère la photographie «un instant qui ne se réfléchit pas, suspendue à une fraction de seconde qui laisse à réfléchir».
 

Née au Liban, Clara Abi Nader se passionne de photographie dès son très jeune âge, collectionnant des portraits de sa famille et de son entourage. A ses débuts, elle ne lâchait jamais ses caméras analogiques, photographiant avec une prise d’angle large, développant ainsi un sens du récit unique et prenant de plus en plus un intérêt à la qualité cinématographique des photos qu’elle «créait». Durant cette période, Clara Abi Nader ne cessait de s’imprégner des films du réalisateur français Eric Rohmer, se submergeant dans son monde et succombant ainsi à ses idées et à sa manière de rendre le monde plus intéressant. Après avoir obtenu sa licence en Photographie de l’Académie libanaise des Beaux-arts (Alba), Clara Abi Nader s’est rendue à Paris pour effectuer un master en Réalisation de films. «Yasujiro Ozu a été le directeur qui m’a le plus marquée. Son utilisation de l’espace et du cadrage constituait, pour moi, une façon nouvelle de voir les choses, ce qui m’a poussée à travailler sur des projets plus introspectifs, dans lesquels je dépeignais l’environnement que j’habitais».
«Mon départ à Paris a fait qu’à chaque fois que je rentrais au Liban pour des vacances, mon sentiment d’appartenance à ce pays et mon identité libanaise s’évaporaient», déclare l’artiste  à Magazine. Je ne me sens ni chez moi ici, ni chez moi à Paris, raison pour laquelle j’ai commencé à prendre des photos de manière aléatoire». Sa première exposition en solo s’est déroulée au Liban, du 9 au 30 septembre 2015, dans la galerie de l’Institut français de Beyrouth. La seconde lauréate du concours Photomed Liban 2015 a ainsi exposé plus de vingt photos reflétant des paysages libanais «personnels» pour Clara et évoquant, dans un sens ou dans l’autre, les allers et retours que l’artiste effectue régulièrement au Liban.

Natasha Metni
 

Eterniser le temps
«Ce pays comprend une autoroute principale que tout le monde connaît, avec ses immeubles, détruits, ses jeux de lumière, ses embouteillages, les fenêtres des maisons éclairées, parfois couvertes, parfois nues… Tant d’éléments qui m’ont donné l’impression d’un temps suspendu, de nostalgie, d’envie de raconter une histoire avant que ces petits détails qui me fascinent ne disparaissent», confie l’artiste. C’est son parcours vital que Clara Abi Nader trace grâce à l’objectif de sa caméra, relatant, par le biais de photos inédites, son autobiographie. Ainsi, était-elle au Liban… Ainsi, se voyait-elle au Liban. A la recherche d’une autre définition de son moi, Clara continuera à photographier… Une définition qu’elle continue de chercher…

Related

Paul Guiragossian. La condition humaine

Youssef Abdelke

Mouna Bassili Sehnaoui. L’Orient intérieur

Laisser un commentaire


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.