Magazine Le Mensuel

Nº 3022 du vendredi 9 octobre 2015

Semaine politique

L’un des officiers les plus diplômés de l’armée. Qui est le général Hamid Iskandar?

Son recours devant le Conseil d’Etat, contre la décision du ministre de la Défense de proroger le mandat du général Jean Kahwagi à la tête de l’institution militaire, est une première dans les annales de l’armée. Qui est le général Hamid Iskandar, dont l’action a suscité un véritable séisme au sein de la troupe?

Originaire du village de Chlifa, dans la Békaa, le général Hamid Iskandar fait partie de la promotion 1983, à laquelle appartient également le général Chamel Roukoz. Il devrait passer à la retraite le 1er juillet 2016. La prorogation du mandat du commandant en chef de l’armée jusqu’au 30 septembre 2016 signifie pratiquement que le général Iskandar passera à la retraite avant la fin de la prorogation du mandat du général Kahwagi, le privant ainsi de ses chances de devenir un jour commandant en chef de l’armée. C’est à ce titre, et s’estimant lésé par la décision du ministre de la Défense, Samir Mokbel, que le général Hamid Iskandar a présenté son recours devant le Conseil d’Etat.
Légalement, le recours du général Iskandar est recevable dans la forme, puisqu’il est présenté dans les délais prévus par la loi (deux mois à partir de la date de la notification de la décision controversée) et parce qu’il est présenté par une personne ayant intérêt et s’estimant lésée. La prorogation d’un an du mandat du commandant en chef de l’armée prive le général Iskandar, de confession maronite, de la possibilité d’être nommé à ce poste, car son passage à la retraite le 1er juillet 2016 tombe avant l’expiration du mandat du général Kahwagi.
 

Convoqué par les SR
Convoqué la semaine dernière deux fois par les services du renseignement militaire, le général Iskandar a été entendu pour avoir présenté son recours sans une autorisation préalable du commandement de l’armée, comme l’exigent les procédures de forme. Cette démarche est une démarche normale, quoiqu’une faute disciplinaire puisse être retenue contre lui, sans que celle-ci n’influe toutefois sur l’issue du procès, qui suivra son cours devant le Conseil d’Etat.
Spécialisé dans l’artillerie, le général Hamid Iskandar a commandé la Ve brigade pendant un an. Il est l’un des officiers les plus bardés de diplômes de l’Armée libanaise. Il a ajouté à son expérience militaire un large éventail de spécialisations et de diplômes académiques dans plusieurs domaines. Il est diplômé de la National Defense University de Washington avec distinction. Détenteur d’un doctorat en information et communication de l’Université Paris II, il est expert dans l’information militaire et sécuritaire. Il a reçu la mention très honorable avec les félicitations du jury. Sa thèse de doctorat fut retenue pour le prix de la meilleure thèse. Le général Iskandar est également expert dans les relations sécuritaires internationales et dans la lutte contre le terrorisme international, domaine dans lequel il a obtenu un prix et des distinctions internationales. Il est aussi spécialisé dans la gestion et le contrôle des frontières. Il a présidé la Commission de la délimitation et de la surveillance des frontières libano-syriennes.
Le général Hamid Iskandar est physicien, expert dans la lutte contre les effets des armes nucléaires, chimiques, biologiques et bactériologiques. Il a présidé la commission nationale chargée de prendre les mesures nécessaires pour traiter les conséquences de ce genre d’attaque. Il est réputé pour ses aptitudes nécessaires à travailler au sein d’un groupe ou d’un organisme international, composé de différentes nationalités, surtout dans le domaine de l’analyse, de la planification stratégique et de la gestion des crises. Iskandar possède un master dans les affaires de sécurité internationale et de lutte contre le terrorisme.

Joëlle Seif
 

Pas de connotation politique
La démarche effectuée par le général Hamid Iskandar n’a aucune connotation politique. Elle s’inscrit tout simplement dans le cadre d’une action destinée à préserver d’éventuelles chances d’une personne ayant les qualifications et aptitudes nécessaires, la qualifiant pour occuper un jour les fonctions de commandant en chef de l’armée. Le général Iskandar n’est proche d’aucun parti politique et son action n’est parrainée par aucune personnalité politique.

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