Il existe un tas de raisons qui incitent les Libanais à éjecter leurs dirigeants sans aucun égard mais, faute de place, nous n’en citerons que vingt. Certes, il serait injuste de mettre tout le monde dans un même sac. Certains sont moins condamnables que d’autres, quelques-uns ont même du mérite. Il ne s’agit, cependant, que d’exceptions qui confirment une règle générale: la classe politique libanaise est inapte à diriger le pays, elle doit partir. Et c’est au peuple libanais que revient la responsabilité historique de la virer.
1 Les dirigeants pratiquent allègrement et au quotidien le délit d’initié. Ils profitent de leurs positions pour faire des affaires personnelles afin d’en tirer des bénéfices matériels.
2 Ils sont coupables d’abus de pouvoir. Ils dépassent les limites légales de leurs fonctions, non pour le bien public mais pour servir des intérêts partisans ou personnels.
3 Beaucoup de responsables politiques sont soupçonnés de corruption à grande échelle. Pourtant, ils ne sont jamais inquiétés.
4 Lorsqu’ils ne sont pas eux-mêmes corrompus ou corrupteurs, ils encouragent la corruption ou font semblant de ne pas la voir dans les ministères et les organismes dont ils ont la gestion.
5 La plupart des commis de l’Etat sont coupables de gaspillage des deniers publics et de dilapidation du patrimoine national.
6 Certains leaders de classe A sont coupables d’exploitation illégale et frauduleuse de biens domaniaux et de biens maritimes publics.
7 La plupart des hauts dirigeants pratiquent, d’une manière tout à fait naturelle, l’évasion fiscale en tenant une double comptabilité.
8 Tous, ou presque, pratiquent le népotisme et le clientélisme. Ils placent des membres de leurs familles ou des proches à des postes clés sans prendre en considération le critère de la compétence.
9 Ils sont imprévoyants. Ils n’anticipent pas les problèmes et, par conséquent, ne prévoient pas des solutions et des plans de contingence en cas de crise.
10 Ils sont laxistes. Leur excès d’indulgence n’est pas dû à leur extrême tolérance, mais à leur paresse intellectuelle.
11 Le laxisme conduit à des attitudes irresponsables qui ont, souvent, des conséquences graves sur la vie quotidienne des citoyens.
12 Ils manquent de courage, car ils n’osent pas prendre des décisions impopulaires de peur d’être critiqués par leur entourage proche ou au sein de leur communauté, même si l’absence de décision risque d’avoir des retombées néfastes et irrémédiables au niveau national.
13 Leurs discours sectaires et partisans constituent une violation flagrante des lois en vigueur, qui interdisent l’exacerbation des dissensions communautaires.
14 Ils font primer d’étroits intérêts communautaires et partisans sur les intérêts supérieurs de la nation.
15 Ils défendent les intérêts de pays étrangers au détriment des intérêts nationaux.
16 Leur allégeance va à des puissances étrangères, non pas à leur patrie.
17 Ils sont prêts à mourir pour que soient haut portés les drapeaux d’Etats étrangers au lieu de celui de leur pays.
18 Ils sont sadiques, car ils humilient avec un malin plaisir leur peuple, comme c’est le cas dans le scandale des déchets.
19 Ils sont coupables d’homicide prémédité, car ils savent pertinemment que l’accumulation des déchets pendant des mois peut provoquer de graves épidémies, comme le choléra.
20 Ils sont coupables de trahison, car ils n’ont pas respecté les termes du mandat que le peuple libanais leur a accordé, et aussi de parjures car ils ont violé leur serment de respecter la Constitution et les lois libanaises.
S’il fallait juger les personnalités politiques libanaises pour leurs manquements, il ne resterait presque plus personne sur les strapontins du Parlement ou sur les fauteuils du Conseil des ministres. Il faudrait construire de nouvelles prisons, mais faisons en sorte que les appels d’offres ne soient pas remportés par des prête-noms de nos ‘chers’ dirigeants.
Paul Khalifeh