Malgré toutes les difficultés qu’il affronte, le cinéma libanais se porte bien. Il vient de le prouver aux Etats-Unis. C’est au Colorado à Denver qu’une série de films libanais ont été projetés pour raconter le Liban. Zoom sur cet événement.
Dans le cadre de la réunion annuelle de la Mesa (The Middle East Studies Association), plusieurs films libanais ont été sélectionnés. Le public, venant de nombreux pays du Moyen-Orient mais aussi du monde, a eu la chance de les découvrir.
Des réfugiés à l’art
Il y a eu d’abord le court métrage Abu Rami de la réalisatrice Sabah Fatima Haider, réalisé en 2012. Il raconte comment Mona et son mari, le chauffeur de taxi Abou Rami, mariés depuis quarante ans, rendent visite à leur fils Rami et à sa femme. En route, alors que la voiture tombe en panne au milieu de nulle part, le couple se chamaille et Mona, qui doute de la fidélité de son mari, dévoile explicitement ses soupçons.
Les spectateurs ont également pu plonger dans d’autres aspects de la ville. Grâce notamment à Beirut Photographer, réalisé aussi en 2012, par le photographe Georges Azar et produit avec Mariam Shahin. En 1981, Azar, un Libano-Américain, traverse la frontière syrienne pour se rendre au Liban. Il portait une caméra coûtant moins de 100 dollars et voulait changer la façon dont le monde arabe est raconté par les médias américains. Il commence à prendre des photos. Quelques mois plus tard, Israël attaque le Liban, et la guerre éclate. Soudain, c’est la terreur qu’il va photographier. Azar suit les tireurs d’élite chez l’OLP (Organisation de libération de la Palestine). Dans le film, on découvre comment, trente ans plus tard, il retourne à Beyrouth, revient sur ses pas et décrypte les histoires et les gens derrière certaines de ses photographies les plus emblématiques. Celles qui ont été publiées et d’autres demeurées invisibles à l’époque.
Projeté également dans le cadre du festival, L’art de la résilience. Un film du producteur Raghad Mardini. Ce documentaire présente un centre culturel inédit, situé en dehors de Beyrouth, Art Residence Aley (Ara). Ce dernier offre un répit aux jeunes artistes syriens déplacés par la guerre, souvent sans abri et épuisés par les souffrances de la tragédie en Syrie. Ce séjour leur permet de retrouver une énergie créatrice et de guérir de leurs plaies. Il s’agit donc d’un lieu de transformation et d’inspiration.
Enfin, Une maison sur un arc de Rami Nihawi, Lina Alabed et Nadim Deaibes. En 2012, les habitants du camp de réfugiés al-Marj fuient différentes régions syriennes vers le Liban. Ils installent leurs tentes sur le terrain libanais à proximité d’une zone militaire. Les autorités leur accordent alors cinq jours seulement pour démonter leurs tentes laborieusement construites. Le film montre comment ces réfugiés n’ont finalement aucune place pour déménager et comment, au lieu de trouver un refuge, ils sont forcés de se déplacer encore et encore.
Pauline Mouhanna, Etats-Unis
Le monde arabe à l’écran
Durant les quatre jours de ce festival, des films syriens, palestiniens, israéliens, marocains et égyptiens ont aussi été proposés. Les thèmes abordés sont assez variés: la sexualité, la place de la femme au sein des sociétés orientales. Les questions religieuses, la situation des muezzins dans les mosquées. Les Israéliens ont, eux, proposé un film en deux parties qui remet en question l’idée selon laquelle les juifs ont été exilés de la région après la chute de Jérusalem.