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Nº 3032 du vendredi 18 décembre 2015

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HORIZONS

Elections régionales françaises. La gauche et la droite barrent la route au FN

A l’issue des élections régionales, le Front national, qui s’autoproclamait premier parti de France, n’a finalement remporté aucune région. La droite gagne sept régions, la gauche cinq et, en Corse, la liste nationaliste l’emporte. Si le parti frontiste n’a pas su conquérir de région, il réalise cependant un score historique avec plus de 6,8 millions de voix. Pour la droite, c’est une victoire à la Pyrrhus.

Les alliances de circonstance auront finalement eu raison du Front national (FN). Dès les résultats du premier tour, Manuel Valls et d’autres figures emblématiques de gauche appellent à «faire barrage» au parti frontiste, le Premier ministre évoquant même le danger d’une «guerre civile» en cas de victoire de l’extrême droite. La stratégie a apparemment fonctionné: dimanche soir à la surprise générale, le FN se retrouve sur la touche, dépassé par la droite et la gauche qui se partagent les treize régions métropolitaines. L’alliance du centre et de la droite (les Républicains-Udi-Modem) remporte donc sept régions parmi lesquelles: l’Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine qui était briguée par le numéro deux du FN, Florian Phillipot, Auvergne-Rhône-Alpes, le Nord-Pas-de-Calais-Picardie où Marine le Pen est largement devancée par Xavier Bertrand. En Normandie, Hervé Morin l’emporte face à la gauche. Idem pour Bruno Retailleau en Pays de la Loire.
En Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), Marion Maréchal le Pen est également battue par Christian Estrosi. Dans son Q.G. de campagne à Marseille, l’ambiance est morose, mais la candidate FN tient à rassurer ses électeurs: «Ne soyez pas tristes, il y a des victoires qui font honte. Gagner à 10 contre 1 ce n’est pas autre chose qu’une défaite». Dans la soirée, elle dénonce sur Twitter que «les vieux rentiers du système ont été élus par défaut. Ils sont, d’ores et déjà, pieds et poings liés par leurs compromissions». Même son de cloche pour Marine le Pen: «Les désistements mutuels, en Paca comme en NDPCD, ont révélé les liens occultes de ceux qui prétendent s’opposer».
A gauche, le Parti socialiste limite la casse et conserve cinq régions: l’Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, Bourgogne-Franche-Comté, Centre-Val-de-Loire, Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées et la région Bretagne. Le ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian, y obtient la majorité absolue avec 51,4% des voix contre 29,7% pour Marc le Fur, candidat des Républicains et 18,9% pour le candidat FN, Gilles Pennelle.
 

L’échec de Sarkozy
Mais le véritable perdant de ces élections régionales n’est autre que l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy, redevenu chef de parti à l’automne 2014.
Avec sept régions gagnées, dont trois grâce au retrait de listes ordonné par les dirigeants socialistes, les objectifs de l’ancien chef de l’Etat ne sont définitivement pas remplis et ce dernier n’a visiblement pas réussi à proposer de véritable alternative. Depuis son retour à la vie politique, la popularité de Nicolas Sarkozy n’a cessé de s’affaiblir, témoignant d’un profond désaveu tant de la part de l’électorat de droite que de son propre parti. Ce rejet n’aura jamais été aussi flagrant qu’à l’occasion des élections régionales: pendant la campagne et dans presque toutes les régions, les têtes de liste LR comme Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau, Valérie Pécresse et Xavier Bertrand ne veulent pas de son soutien.
Au lendemain du premier tour, en Bourgogne-Franche-Comté c’est un véritable affront: lors d’un vote à main levée organisé par François Sauvadet (tête de liste (LR-Udi), 90% des colistiers LR-Udi se prononcent contre la venue de ce dernier.
A l’issue d’un bureau politique extraordinaire post-régionales lundi matin, le président des Républicains a annoncé la formation d’une nouvelle équipe dirigeante. Nathalie Kosciusko-Morizet, actuellement numéro deux du parti va, quant à elle, être évincée et ne fera pas partie de la nouvelle direction qui sera annoncée en janvier.

Marguerite Silve, Paris

Le Drian cumule les mandats
Le ministre de la Défense affichait une mine réjouie dimanche soir. Elu à la majorité absolue dans la région Bretagne, Jean-Yves le Drian a déclaré qu’il continuerait à être membre du gouvernement aussi longtemps que François Hollande le jugerait utile. Contrairement aux consignes données au début du quinquennat, le nouveau président de région a affirmé: «Il se trouve que nous sommes en état d’urgence et que le président de la République a souhaité que je continue à assurer mes fonctions de ministre le temps nécessaire, et c’est lui qui appréciera l’ampleur du temps où je resterai ministre de la Défense».

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