Magazine Le Mensuel

Nº 3033 du vendredi 25 décembre 2015

DOSSIERS

Comment investir autrement. Allier plaisir et rendement

Alors que la situation de l’économie régionale et mondiale n’est pas au mieux de sa forme, il peut s’avérer difficile de placer son argent en toute sécurité et avec l’espoir de bons rendements. Cela peut aussi être l’occasion d’investir différemment dans des placements passion.

Dans ces temps difficiles pour l’économie locale, régionale et internationale, où les clients cherchent à se mettre à l’abri de tout risque, il n’est pas évident de parvenir à déceler les bonnes opportunités d’investissements et de placements. A défaut de gagner des fortunes actuellement, on peut tout au moins espérer placer ses deniers dans des placements sûrs, à plus ou moins haut rendement.
Pour les grandes fortunes, les banques privées apparaissent comme des conseils sûrs en la matière, de par leur professionnalisme d’une part, mais aussi leur connaissance aiguë des différents marchés. Dans ce cadre, les clients bénéficient généralement d’un conseiller, qui aura en charge la gestion de leur fortune et leur procurera des conseils avisés pour arrêter leur choix. Des conseils importants quand on connaît la volatilité des marchés actuels. Ce conseiller pourra aider à choisir le placement adapté, en fonction des fluctuations de marché, entre autres, afin d’éviter les faux pas.
D’une année à l’autre, les secteurs varient fortement en fonction de leur environnement. Internet, le secteur des télécommunications ou les hautes technologies peuvent avoir le vent en poupe une année, mais voir leur rendement fortement varié l’année suivante.
Selon des observateurs des tendances du marché, les placements à privilégier ne seront pas forcément similaires à ceux de l’année écoulée. Si certains investissements, comme l’immobilier ou l’assurance-vie, restent au final des produits plutôt classiques et assez sûrs, avec des rendements garantis et relativement prévisibles, d’autres seront à éviter, surtout que le risque de récession en 2016 est possible. Ainsi, l’or qui demeurait, ces dernières années, une valeur refuge, n’a plus le vent en poupe, sa valeur accusant une baisse depuis des mois. Selon les analystes, l’environnement pourrait être favorable aux actifs risqués (actions, obligations d’entreprises, etc.), mais les choix d’investissements seront plus complexes que durant l’année écoulée.

Placements passion
Dans ce cadre, il peut être intéressant de tabler sur des investissements différents correspondant à des placements passion. Montres de luxe, voitures anciennes, œuvres d’art, production de films, vin, ou encore, investissement socialement responsable. Il existe de nombreuses possibilités.
Exemple type de l’investissement passion, celui des montres de luxe. Placement coûteux, il peut s’avérer très rentable, tant les montres des horlogers suisses, par exemple, ne perdent pas de leur valeur dans le temps. A condition, bien sûr, de ne pas se tromper de marque, ni de modèles.
L’automobile de collection peut être un moyen de se faire plaisir, tout en plaçant son argent. Le secteur se targue d’ailleurs de performances plutôt flatteuses. L’indice Hagi des véhicules de collection a, par exemple, gagné 16% en 2012, soit 2,5% points de plus que l’indice boursier mondial S&P 1 200. Idem pour le sous-indice relatif aux Ferrari et Porsche, qui a progressé en 2012… de 19,7% et 21%. Toutefois, il convient de rester prudent, ce marché pouvant être aussi soumis à des variations de prix selon les catégories et les modèles. Investir dans un ou plusieurs véhicules anciens n’est pas synonyme de gain automatique. Et il faut intégrer, avant de se lancer, un autre facteur pas anodin, celui de l’entretien et des éventuels frais de restauration.
 

Le marché de l’art
Autre placement passion, celui du marché de l’art. L’art combine en effet le plaisir et le patrimoine. Là encore, il faut soit être fin connaisseur du marché afin de repérer les artistes qui pèsent ou qui sont en devenir, soit faire appel à des experts. Il faut, au préalable, arpenter les galeries, les expositions, se renseigner sur les cotes des artistes. Les investisseurs qui recherchent avant tout la sécurité tableront sur des artistes renommés et déjà très bien cotés. L’avantage pour l’investisseur est d’abord de disposer d’un «objet», un tableau par exemple, chez lui. Tout en ayant une dimension patrimoniale. Une œuvre d’art est un actif tangible, elle existe en tant que valeur matérielle palpable. Considéré parfois comme une valeur refuge, dans le sens où le prix des œuvres n’est pas corrélé aux aléas des marchés financiers, l’art ne dépend pas non plus de l’évolution des taux d’intérêt, ni à proprement parler de la croissance économique mondiale. Ce qui ne signifie pas que son prix ne baissera jamais. L’art est soumis à des effets de mode, qui peuvent être dévastateurs pour l’épargnant à court terme. La flambée des prix de certaines signatures peut parfois laisser pantois. Entre 1998 et juillet 2013, l’indice Global développé par ArtPrice a ainsi doublé en dollars. Avec une valeur qui a triplé pour les dessins et un indice affichant une hausse de 71% pour les photographies… Toutefois, prudence. Car l’art doit être conçu comme un placement de diversification, de long terme, avant tout. Et il faut tenir compte de la faible liquidité du marché de l’art. Un tableau ou une statue ne se revendent pas en un jour, à la différence des actions. A proscrire donc pour tout investisseur pressé d’empocher des gains.
Le vin peut aussi séduire les amateurs de placements alternatifs. Les bons crus peuvent offrir des perspectives de plus-values, le vin se situant de plus en plus dans un marché d’exportation. Mais ce marché n’est pas sans risque. Si l’on peut opter tout simplement pour l’achat de vins de prestige, on peut aussi faire un placement viticole en investissement sur l’achat de parts de groupements fonciers viticoles. Mais attention, l’or rouge ne dispose pas d’une grande marge de liquidité.

 

L’investissement éthique
Autre possibilité qui gagne du terrain auprès des investisseurs, l’ISR. Cet investissement socialement responsable vise à concilier performance économique et impact social et environnemental, en finançant les entreprises et les entités publiques qui contribuent au développement durable, quel que soit leur secteur d’activité. Un investissement éthique en quelque sorte qui permet de donner du sens à son épargne, sans renoncer pour autant à la performance financière. Avec un risque qui peut être limité, dans la mesure où les risques environnementaux, sociaux et de gouvernance des entreprises sont mieux maîtrisés.

Jenny Saleh
 

Les déboires des junk bonds
Le plongeon du pétrole et des ressources, ainsi que les déboires de trois fonds américains d’obligations de pacotille – alias les junk bonds – font craindre une récession ou, pire, une nouvelle crise financière.
Début décembre, le secteur a été secoué par un véritable séisme. Le fonds spéculatif américain, Third Avenue, spécialisé dans les obligations des entreprises notées «junk» par les agences de notation financières, a annoncé qu’il suspendait les remboursements demandés par les porteurs de son fonds «Focused credit fund», qui compte près de 800 millions de dollars d’encours. En un an cependant, ces encours ont fondu, puisqu’ils pointaient à 2,75 milliards de dollars à la fin 2014… Third Avenue n’arrivant plus à vendre assez d’actifs pour rembourser ses investisseurs, ses dirigeants n’ont eu d’autre choix que de geler les avoirs de leurs clients, en attendant des jours meilleurs…
Selon certains experts, Third Avenue pourrait être le premier d’une série d’incidents de ce type sur le marché américain des obligations d’entreprises à haut rendement.

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