Magazine Le Mensuel

Nº 3033 du vendredi 25 décembre 2015

POLITIQUE

Hannibal Kadhafi. Un rapt, trois affaires

L’affaire Hannibal Kadhafi s’est poursuivie cette semaine, avec l’interpellation puis le mandat d’arrêt émis à l’encontre de l’ancien député de Zahlé, Hassan Yaacoub, et de deux de ses gardes du corps. Ils seraient impliqués dans l’enlèvement du fils de l’ancien dirigeant libyen, la semaine dernière.

Nouveau rebondissement dans l’affaire Hannibal Kadhafi. Le fils de l’ancien dirigeant libyen, qui vivait jusqu’à présent tranquillement à Damas, avait été enlevé il y a une dizaine de jours par un groupe armé, qui l’avait attiré dans la plaine de la Békaa. Relâché après avoir été passé à tabac et interrogé sur l’affaire de la disparition de l’imam Moussa Sadr, Kadhafi junior avait ensuite été passé au gril de la justice libanaise. Un mandat d’arrêt a d’ailleurs depuis été délivré contre lui, et l’homme de 40 ans reste sous la bonne garde des autorités libanaises. Hannibal Kadhafi est mis en examen pour «possession d’informations sur la disparition de l’imam Moussa Sadr». Il détiendrait, en effet, des informations relatives à l’affaire qui empoisonne, depuis plus de trente ans, les relations libano-libyennes. L’Etat libanais pourrait user de cette carte pour obtenir des informations de l’Etat libyen sur la disparition du fondateur du mouvement Amal et imam chiite respecté. En 2011, un ancien représentant de la Libye à la Ligue arabe, Abdel-Moneim el-Honi, avait affirmé au journal panarabe al-Hayat que Moussa Sadr avait été tué au cours de sa visite en Libye et que son corps était enterré dans la région libyenne de Sebha, à 800 km au sud de Tripoli. Des informations qui n’ont pas été confirmées depuis.
 

Blocage de routes
Si des rumeurs faisaient état, dans un premier temps, d’une possible implication de membres du mouvement Amal, mais aussi du cousin de Bachar el-Assad, Sleiman Hilal Assad, dans le kidnapping d’Hannibal Kadhafi, c’est finalement vers l’ancien député Hassan Yaacoub que les soupçons se sont tournés. Rappelons que Hassan Yaacoub est l’un des fils du cheikh Mohammad Yaacoub, qui accompagnait l’imam Moussa Sadr lors de son voyage en Libye, avec le journaliste Abbas Badreddine. Tous trois ont disparu.
Dès son premier interrogatoire, l’ancien député a nié toute implication de sa part dans l’enlèvement d’Hannibal Kadhafi. Mais a dit espérer que l’arrestation du fils du dirigeant libyen disparu permette de résoudre l’affaire.
Cependant, cela n’aura visiblement pas suffi à convaincre le juge d’instruction au palais de justice de Baabda, Peter Germanos. La branche des Renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI) avait déclaré avoir achevé son enquête, samedi matin, avec Hassan Yaacoub. Lundi matin, le juge Germanos a émis un mandat d’arrêt à l’encontre de l’ancien député, ainsi qu’à l’encontre de trois de ses gardes du corps, Zein Ali Kassem, Salim Mohammad Mahmoud et Wissam Ali el-Moussaoui. Les quatre hommes sont accusés d’avoir enlevé Hannibal Kadhafi, de l’avoir torturé physiquement et psychologiquement et de ne pas en avoir informé les autorités. Ils sont toujours détenus dans les cellules des Renseignements des FSI.
Les sit-in et blocages de routes dans la Békaa, par les proches de Hassan Yaacoub, qui se sont succédé, depuis son interpellation, n’y auront rien fait.
Quant à l’avocat de Yaacoub, Nagi Ayyoub, il a déclaré qu’il ferait appel de la décision, soulignant faire confiance à la justice libanaise, mais estimant qu’il n’y avait aucune preuve de l’implication des quatre hommes dans le kidnapping. Le frère de l’ancien député, Ali Yaacoub, a dit «faire confiance à la justice», tout en considérant que ce «dossier est politique par excellence».

Jenny Saleh
 

Demande d’extradition
Décidément plein de surprises, le dossier Hannibal Kadhafi a vu un nouveau rebondissement avec la demande, par la justice syrienne, de son extradition en début de semaine, au regard de son statut de réfugié, selon le ministre libanais de la Justice, Achraf Rifi. Une demande à laquelle le Liban a opposé une fin de non-recevoir mercredi, comme il fallait s’y attendre. Rifi a souligné que l’accord judiciaire entre la Syrie et le Liban ne s’applique pas dans ce cas précis, Hannibal Kadhafi étant recherché à Beyrouth.

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