Sans grande surprise, le Liban continue de reculer dans le classement du magazine spécialisé Euromoney sur le niveau de risque dans les différents pays.
Le Liban s’est classé à la 120e position sur 186 économies dans le monde au dernier trimestre de l’année dans le classement du magazine spécialisé Euromoney sur le niveau de risque, reculant ainsi d’un cran par rapport au second trimestre et de deux crans par rapport à la même période de 2014.
«La rétrogradation du Liban dans ce classement n’est pas surprenante vu la situation critique dans la région et même localement», explique Samir Daher, conseiller économique de l’ancien Premier ministre Najib Mikati.
Avant même le double attentat suicide de Bourj el-Barajné qui a fait, le 12 novembre, 44 morts et plus de 250 blessés, «le pays souffrait d’une quasi-vacance de pouvoirs, d’absence de vision et d’accord sur une loi électorale, d’auto-dispensation de préparer et publier de budgets depuis une décennie et de dépenses publiques hors contrôle et sans plafond», poursuit Daher.
Ce qui est autrement plus inquiétant pour l’économiste est que dans la hiérarchie régionale, le Liban ne se classe pas avant des pays comme la Libye, le Yémen et l’Irak, soit des Etats faillis, en guerre ou au tiers occupés par l’organisation de l’Etat islamique (EI).
Euromoney compare le risque individuel de chaque pays en prenant en compte six indicateurs que sont les risques politiques (à hauteur de 30%), la performance économique (30%), l’accès aux financements des banques et aux marchés de capitaux (10%), les indicateurs de la dette (10%), les notations de crédit et une évaluation structurelle (10%).
Des réformes structurelles
Les scores sont ainsi attribués sur une échelle allant de 0 à 100, la borne supérieure représentant la meilleure note. Le classement s’adresse essentiellement aux investisseurs, créditeurs et partenaires dans les échanges commerciaux avec le Liban.
Les divers risques doivent être dûment évalués pour aider ces parties à faire des choix «d’exposition» au risque-pays et à en dériver la «prime de risque».
«Une économie comme celle du Liban, qui dépend largement (75%) du secteur des services, est fortement à la merci de la sécurité et de la stabilité politique qui lui font aujourd’hui défaut», précise Samir Daher. «Pour améliorer son classement, le Liban, dont l’influence sur la politique et la situation régionale est limitée, ne peut agir que sur les paramètres dont il a le contrôle», poursuit l’économiste.
Selon lui, le pays doit commencer par engager les réformes structurelles qui peuvent aider à la reprise de la croissance, réduire la dette publique, entreprendre les dépenses publiques sous une enveloppe budgétaire établie et publiée et remettre à niveau les infrastructures publiques essentielles pour la compétitivité de l’économie.
Notons qu’avec un score de 32,1, le Liban se situe en dessous de la moyenne mondiale de 42,7 points, ainsi que de celle de la région Mena de 42,2 points en termes de risque-pays.
Soraya Hamdan