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Mouna Béchara

Vagues espoirs


Chat échaudé craint l’eau froide, dit un vieux proverbe, qui s’applique si tristement aujourd’hui aux Libanais. La crise des déchets, peut-être la plus dramatique par ses conséquences sur la santé publique, sera-t-elle réellement résolue, comme promis depuis si longtemps? A quel prix et avec quel argent? Et, enfin, pour combien de temps? Après de longues et nombreuses négociations, la solution nous est annoncée, avec prudence et au conditionnel, à l’issue d’un Conseil des ministres marathon. De multiples problèmes ne sont pas définitivement résolus. De nombreux pays pressentis pour recevoir les ordures n’ont, semble-t-il, pas encore donné leur accord définitif. Les frais d’exportation seront, nous rassure-t-on, à la charge des municipalités dont les caisses seraient renflouées par une majoration du prix de l’essence qu’on annonce minime et qui retombera, comme d’habitude, sur les dindons de la farce que sont les contribuables. Ne sommes-nous pas appelés sans cesse à verser, bon gré mal gré, notre tribut aux caisses de l’Etat que certains dirigeants, par inconscience ou parfois par concupiscence, vident allègrement depuis des décennies?
Le vieil homme à la barbe blanche apportera-t-il dans sa hotte une réponse à nos graves problèmes? Le nettoyage enfin des ruelles et des boulevards des grandes villes comme des régions plus éloignées sera-t-il fait et serons-nous débarrassés de ce cauchemar puant et polluant?
Ces questions posées, reste celle que tout un chacun se pose, que faisaient donc les prétendus responsables de nos destinées depuis tout ce temps? A-t-il fallu les accuser de «polluer» pour leur faire prendre conscience de leurs responsabilités? Pourquoi, dans un pays qui se vante de former des génies dans tous les domaines, n’a-t-il pas encore trouvé ou cherché à trouver, depuis des décennies, les moyens de profiter de ces produits si nocifs qui, dans d’autres pays, deviennent une véritable richesse?
Allons-nous, enfin, pouvoir oublier que les couloirs de nos hôpitaux débordent  d’enfants souffrant d’allergies ou atteints de virus que diffusent ces ordures envahissantes? Nous avons manqué d’eau, certes, en cette fin d’automne et début d’hiver, et nous avons souhaité la pluie dans l’espoir de ramener l’eau si précieuse dans les robinets. Les citernes, à la propreté souvent douteuse, ont sillonné les rues pendant de très longs mois et continuent de le faire. Mais ces vœux satisfaits n’ont apporté qu’un navrant spectacle de déchets dispersés à tout vent sur les routes et ruelles noyées dans les averses tant désirées. Là aussi, toujours la même triste rengaine, le problème des égouts d’écoulement des eaux de pluie surprend en plein décembre, nous expliquent ceux qui sont en charge de les nettoyer. Ainsi va le Liban… jusqu’à quand?
Autre sujet, autre problème encore plus insoluble. 2015 tire à sa fin et un vague espoir flotte à l’horizon de 2016. Le nom d’un candidat dit sérieux est avancé par son promoteur Saad Hariri et confirmé par lui-même. Accepté par certains et refusé par ses propres pairs, ses chances restent vagues et rien n’est dit. Une dizaine de jours se sont écoulés depuis la prestation télévisée dans laquelle Sleiman Frangié, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a défini ses positions politiques et ses alliances étrangères. Notamment avec la Syrie, à laquelle le lie une amitié familiale avec son président. Ira-t-il plus loin? Son ouverture sur le Hezbollah n’a pas eu, il fallait s’y attendre, le résultat qu’il en avait escompté alors qu’avec le général Michel Aoun, la rencontre ne fut pas des plus amicales. Il n’en reste pas moins que la logique aurait voulu que les députés du 8 mars, qui se disent assurés de l’élection de leur candidat, se présentent dans l’hémicycle pour l’élire face à n’importe quel autre candidat.
Les pronostics ne sont pas optimistes, du moins pour cette année qui s’achève. Il faudra remettre à plus tard l’espoir de voir se rouvrir les portes du palais de Baabda hermétiquement scellées. Mais l’espoir ne meurt jamais.

Mouna Béchara

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