Relance de l’Exécutif et du Législatif
Une réunion du Conseil des ministres, suivie d’une réactivation des activités de la Chambre des députés, est au programme du mois de janvier, selon une source ministérielle. Le président Nabih Berry déploie de grands efforts pour relancer l’action gouvernementale et soutenir le Premier ministre Tammam Salam, malgré les remarques qu’il fait à la prise de décisions et à l’établissement de l’ordre du jour. «Après les résultats négatifs du blocage des travaux de l’Exécutif – dont le moindre n’est pas son incapacité à régler le dossier des déchets – n’ont-ils pas réalisé que cette attitude n’a apporté aucun bénéfice au malade, a dit Berry, si un patient prend régulièrement un médicament sans guérir, faut-il qu’il continue à suivre le même traitement?».
Tensions CPL-PSP
Commentant les tensions entre le Courant patriotique libre (CPL) et le Parti socialiste progressiste (PSP), une source proche de Walid Joumblatt affirme que «les raisons de l’opposition du parti du général Michel Aoun au règlement de la crise des déchets sont connues, le Tayyar sait très bien que la seule option possible est l’exportation en l’absence de décharges disponibles dans les régions. Surtout que le CPL n’a pas réussi à trouver une seule dans le Metn, à Jbeil et au Kesrouan».
D’autres sources expliquent, par ailleurs, que l’appui de Joumblatt à la candidature de Sleiman Frangié dérange les aounistes et que la loi sur la récupération de la nationalité est contestée par les joumblattistes… «L’essentiel, précisent ces derniers, est que le dossier des fonds municipaux a été avalisé par le Conseil des ministres, sans passer par le Parlement, comme le souhaitait le CPL».
Hariri fait du lobbying
Le président Saad Hariri œuvre à élargir le cercle des députés favorables au candidat présidentiel, Sleiman Frangié, surtout dans le milieu chrétien. Après le déjeuner qui a regroupé le député Boutros Harb et le chef des Marada, Robert Ghanem a appelé ce dernier pour l’assurer de son soutien, mais il lui a aussi précisé qu’il ne fera pas de déclarations dans ce sens avant la concrétisation du projet, pour des raisons liées à sa base électorale chrétienne dans la Békaa-Ouest.
Geagea contre la rupture avec le Moustaqbal
Amélioration du climat sur la ligne Geagea-Hariri, c’est ce qu’ont ressenti les visiteurs de Maarab. Le chef des Forces libanaises (FL) aurait invité l’ex-Premier ministre, Saad Hariri, à régler la discorde pour que la relation de son parti avec le Moustaqbal n’atteigne pas le stade de la rupture. Certaines personnalités du 14 mars estiment que les messages échangés et les éclaircissements donnés ont réussi à remettre les choses dans le cadre des «divergences». Le différend entre Samir Geagea et Saad Hariri est d’ordre tactique et non stratégique, pensent ces sources. Le chef des FL a déclaré au cours d’un dîner à l’occasion de Noël que «les forces du 14 mars ont commis beaucoup d’erreurs, mais malgré tout, il faut sauvegarder cette “utilité nationale”», en rappelant que le projet de cette coalition est «l’instauration d’un Etat».
Frangié ne passera pas
Le commentaire de l’ex-ministre Ghazi Aridi sur l’initiative présidentielle n’est pas passé inaperçu. «Le consensus sur la candidature de Sleiman Frangié ne passera pas à l’heure qu’il est, avait-il déclaré, parce que le projet du président Saad Hariri ne bénéficie pas d’une couverture régionale ou internationale. Le règlement ne peut voir le jour à ce stade, ses composantes internes et externes étant incomplètes». Mais, le député druze pense que si l’initiative a réussi à briser l’immobilisme dans lequel baigne ce dossier depuis plus d’un an, elle a cependant avorté à cause d’une mauvaise évaluation des données.
Incidents au Nord?
Les services de sécurité craignent la reprise des incidents sécuritaires au Nord, à en croire des informations qui ont circulé au cours des dernières semaines. Les services concernés se sont ainsi attelés à l’examen de ces données pour tracer une feuille de route dans le but de faire face à d’éventuels dérapages. Certes, la nature de ces incidents n’a pas été définie, cependant on sait qu’il s’agit d’actes inédits visant à créer la surprise!
Phase grise pour le Liban
Le Liban traverse une phase grise, indiquent des milieux diplomatiques. Avec l’échec de l’initiative présidentielle, la scène libanaise est ouverte à toutes sortes de menaces. Les liquidations qui ont eu lieu en Syrie (Samir Kantar et Zahran Allouche) à l’approche du déclenchement des pourparlers politiques, à la fin du mois, augurent de développements graves et donnent un avant-goût du bras de fer militaro-sécuritaire qui se déroulera sur les scènes internes, sachant que les acteurs sont multiples et les enjeux complexes. Tout cela dicte prudence, vigilance et consolidation de la scène libanaise…
En attendant Jones
Il faut attendre le retour du chargé d’affaires américain, Richard Jones, au Liban pour connaître les nouvelles directives relatives à l’élection présidentielle depuis que les chances de son déroulement à court terme ont reculé. Jones, qui est actuellement en vacances dans son pays, tiendra des consultations autour de la conjoncture libanaise avec son Administration, sachant que l’initiative de Saad Hariri a eu «l’effet de la foudre sur ses amis tout autant que sur ses ennemis», pour reprendre l’expression d’une ambassadeur relevant d’une organisation internationale.
L’heure des règlements n’a pas sonné
Le député Walid Joumblatt ne partage pas l’avis de ceux qui considèrent que l’heure des règlements régionaux a sonné. «La crise en Irak est énorme et les solutions semblent lointaines. En Syrie, le régime ne sera pas en mesure de sauvegarder l’unité du pays, sans oublier que les dissensions communautaires sont devenues réelles». Aussi, pour Walid bey, les enjeux et les alliances divergents au Yémen constituent des obstacles que les négociations actuelles ne pourront pas surmonter. Au cœur de ces tempêtes, le député du Chouf espérait que le compromis Frangié protègerait le Liban des retombées des crises alentour, mais il avoue que la situation n’est pas aussi simple, d’autant plus que le Hezbollah refuse toute entente partielle. Aujourd’hui, le Liban a besoin d’un nouveau Doha, de l’avis du député, mais aucun Etat n’est disposé à endosser le rôle de médiateur à l’ombre des divisions régionales aiguës. Au chapitre de la loi électorale, il reconnaît son manque d’enthousiasme pour la proportionnelle. «Dans un pays à la structure confessionnelle où l’argent et les bulldozers électoraux régissent l’opération électorale, la proportionnelle n’influencera pas énormément les grands blocs, mais ce sont les petites communautés comme la communauté druze qui seront lésées». C’est pourquoi le seigneur de Moukhtara s’attelle, comme il le dit, à la préparation d’une nouvelle proposition sur le mode de scrutin.
Le silence de Berry
«Le silence et la patience sont très souvent préférables aux paroles», aurait déclaré le président de la Chambre devant ses visiteurs. A cette étape cruciale, le président Nabih Berry ne veut faire aucune déclaration et se contente du communiqué publié par le mouvement Amal. On y lit: «A l’heure où nous cherchions à réduire les tensions politiques et communautaires, nous avons appris avec regret l’exécution du cheikh Nemr el-Nemr qui représente une des valeurs arabes et islamiques. Nous nous adressons à Dieu, le priant de sauvegarder l’unité de nos rangs et de toutes les composantes islamiques. Puisse-t-Il nous aider à agir avec sagesse et prudence dans l’intérêt supérieur des musulmans, de nos peuples et de nos nations».
Cure de rajeunissement à la Jamaa
Nouvelle étape d’action politique pour la Jamaa islamia après l’organisation récente d’élections internes à son siège principal à Beyrouth. C’est bien la première fois que des jeunes parviennent à des postes de responsabilité, le conseil de la Choura ayant élu le directeur du bureau politique, Azzam Ayoubi, secrétaire général. Il succède ainsi à Ibrahim Masri qui a occupé cette fonction pendant six ans. L’accession d’Ayoubi à la tête de la Jamaa, précédée par l’élection du cheikh Mohammad Ammar à la tête du conseil de la Choura, ouvre la voie à des changements radicaux au niveau des bureaux, des circonscriptions et des comités…
Les leaders traditionnels n’ont pas cédé la place de plein gré, ils avaient même présenté la candidature du Dr Ghassan Hobloss au secrétariat général. Mais réalisant que les vents ne lui étaient pas favorables, le conseil de la Choura étant composé de 36 personnes incluant des éléments féminins pour marquer une volonté d’ouverture, Hobloss s’est retiré de la course. Des sources informées révèlent que l’élection d’Ayoubi s’inscrit dans la tendance générale du mouvement des Ikhwan à travers le monde qui souhaite rajeunir ses cadres pour être plus en phase avec l’évolution technologique et les réalités islamiques.
Daech veut Ahmad el-Assir
En tête de liste des détenus dans les prisons libanaises réclamés par Daech, contre la libération des otages militaires qu’il retient depuis plus d’un an, figure Ahmad el-Assir. Une telle issue ne choquera-t-elle pas les défenseurs de la souveraineté de l’Etat et les familles des martyrs de l’armée tombés à Abra? Le modèle de l’échange avec al-Nosra les a-t-il habitués à ce genre d’expérience, qu’il s’agisse de Saja Doulaimi, ex-épouse d’Abou Bakr el-Baghdadi, issue d’une famille jihadiste, dont les membres sont répartis entre al-Nosra et Daech en Syrie et en Irak, ou de Joumana Hmayed qui a transporté des explosifs pour des opérations suicidaires à Beyrouth, ou encore du cheikh syrien Mohammad Yahya arrêté à Ersal porteur d’une ceinture d’explosifs. D’après les informations, les contacts au sujet de la libération des militaires, encore retenus, ont bien progressé entre les parties qatarie et turque qui ont géré l’échange avec al-Nosra. On parle aussi de l’intervention d’un protagoniste libanais dans ce dossier, aux côtés de la Sûreté générale qui représente l’Etat libanais.