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Nº 3036 du vendredi 15 janvier 2016

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Elections au CPL. Les frondeurs veulent en découdre avec Bassil

Ce dimanche 17 janvier, le Courant patriotique libre (CPL) s’apprête à tenir des élections pour la première fois dans son histoire. Après la polémique qui a suivi l’élection d’office du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, à la présidence du parti, plusieurs interrogations se posent sur ces élections et sur les intentions des frondeurs, décidés à en découdre avec Bassil.

C’est sous la supervision directe du président du parti, Gebran Bassil, que les préparatifs pour les élections du 17 janvier auront lieu. Marquées par un grand enthousiasme et un vif dynamisme, ces élections sont favorablement accueillies par les partisans du Courant patriotique libre (CPL), qui estiment que la transmission du pouvoir est une condition nécessaire pour l’évolution du parti. Les opposants au ministre Gebran Bassil ont fermement l’intention d’affirmer leur présence et de poursuivre leur opposition au sein du parti, tout en surveillant l’évolution de l’activité partisane de l’intérieur. Ils estiment que cette action relève de la politique et des partisans. Leur but est d’être présents dans le Conseil national et le bureau politique. Le premier comprend les coordinateurs des cazas, les représentants des professions et de la diaspora. Quant au bureau politique, il est composé du président et des deux vice-présidents, de six membres nommés par le président, de six autres membres élus, ainsi que des députés du parti.
Selon une source proche du CPL, il est évident que la nomination du président du parti et de ses deux vice-présidents ne peut être séparée des élections internes de celui-ci, malgré un recul de l’intensité des discours qui ont accompagné cette période. «Depuis son élection, le président Gebran Bassil a adopté une politique de l’ouverture et de la main tendue à tous les cadres du parti, promettant de traiter avec tous de la même manière. Cette attitude a été clairement ressentie depuis son élection à ce jour. Le véritable test sera la nomination des cadres aux postes clés, qui relève des prérogatives du président. C’est à ce moment que l’on saura quelles sont la politique et l’attitude adoptées par le président du parti», confie cette source à Magazine.
Concernant ces élections, selon cette source, des listes se sont formées de différentes manières. D’abord, des listes de coalition, dans lesquelles les partisans de tout bord se sont rassemblés pour éviter une bataille électorale inutile, car le souci majeur est de fortifier le parti et de lui donner un nouvel élan. «Ils ont choisi de s’unir, surtout qu’ils ne sont pas ménagés par les adversaires dua CPL». A titre d’exemple, une liste de coalition ou d’entente a été élue d’office au Metn à la suite d’un accord entre le ministre Gebran Bassil et le député Ibrahim Kanaan. De même, à Baabda, une liste parrainée par le député Alain Aoun a été élue d’office. Puis des listes mixtes se sont formées comprenant à l’intérieur de chacune d’elles des partisans et des opposants au président du parti. Ces listes s’affrontent de la manière la plus démocratique comme tel est le cas au Kesrouan. En troisième lieu, il y a les batailles au cours desquelles des listes opposées s’affrontent à la lumière de l’alignement qui existe. A Beyrouth, par exemple, dans la troisième circonscription, on se dirige vers une bataille entre deux listes, l’une parrainée par l’ancien ministre Nicolas Sehnaoui et l’autre par l’ancien candidat aux législatives Ziad Abs. On s’attend également à une forte compétition entre les listes dans les régions de Jbeil, Koura, Zghorta et au Akkar. Mais selon la source proche du CPL, cette bataille, bien qu’acharnée, se passe sans tension car, finalement, le but de tous les partisans reste l’unité du parti, surtout que celui-ci a subi et continue de subir des attaques farouches de ses adversaires à cause de son envergure nationale et de sa dimension qui s’étale sur toute la superficie du pays. «C’est le seul parti dans l’histoire du Liban qui a des partisans du Nord au Sud, ainsi que dans la Békaa. C’est un parti dont les ministres ont été très efficaces, malgré les rumeurs infondées qui accompagnent les attaques dirigées contre lui».
Le dimanche 17 janvier, tous les regards seront dirigés vers le CPL car l’expérience de «l’élection» du président et de ses deux vice-présidents a été très décevante pour les partisans. Ils espèrent des élections purement démocratiques. Pour une source de l’intérieur du CPL, après le fameux accord sur la nomination de Gebran Bassil président, surtout, que «les deux vice-présidents ne représentent pas véritablement l’esprit du parti», de véritables dissensions sont apparues au sein du CPL. «Des différends et des divergences existent à l’intérieur du CPL et il apparaît, de plus en plus, que des tentatives sont menées pour tenir à l’écart certains députés et responsables du parti». Cette source indique qu’il existe une intention réelle de cerner le problème et certains coordinateurs dans les régions et villages tentent d’établir une entente parmi les partisans et de remettre le CPL sur pied. Il faut définir une stratégie de développement basée sur la réforme et le changement auxquels aspire le citoyen, élargir le nombre des partisans et accompagner la société dans les grands thèmes. Pour la source du CPL, le parti passe aujourd’hui d’un président à un autre. «Il faut que le président soit fort pour qu’il puisse faire face à tous les dossiers épineux auxquels nous sommes confrontés: l’élection d’un président de la République, la loi électorale, le fonctionnement du gouvernement, la présence des chrétiens dans les administrations publiques, etc. Le CPL doit avoir un rôle de premier plan».
 

Réparer les erreurs
Pour cette même source, les élections doivent réparer les erreurs du passé. «Des personnes peu qualifiées ont été nommées à des postes où elles ont échoué dans leur mission. Celles-ci ne doivent plus revenir. C’est une grande responsabilité pour le CPL. Les gens y voient comme un pont vers l’Etat. Ils ont eu confiance en lui. Il n’est pas permis de les décevoir. Pourtant, nous n’avons pas réussi à concrétiser certains slogans ou, alors, nous avons été acculés à des compromis. Les slogans, il faut les appliquer et ne pas se contenter de les lancer». Il faut, selon cette source, que le 17 janvier, tous les partisans fassent preuve de sérieux. «Aujourd’hui, le CPL passe de la présidence du général Michel Aoun, avec tout son charisme, à quelqu’un qui ne possède pas son expérience. Il faut faire une transition. Le 17 janvier, nous serons face à un examen très dangereux qui nécessite des sacrifices et une prise de conscience. En même temps, il faut tenir compte des leçons du passé, sinon nous serions simplement en train de jouer à un jeu». Cette source interrogée par Magazine exprime des critiques à l’encontre de certains coordinateurs. «Quand le nombre d’adhérents au parti diminue, il faut se poser des questions».
A l’intérieur du CPL, les frondeurs maintiennent leurs positions. «Ils sont opposés à Gebran Bassil à cause de la manière avec laquelle il a été nommé président sans véritables élections. Au sein du parti, il y a ceux qui pensent que si Gebran Bassil échoue, nous échouons tous ensemble et s’il réussit, cela ne veut pas dire que c’est le CPL qui a réussi. Il y a également ceux qui estiment que le ministre des Affaires étrangères bénéficie du crédit du général Michel Aoun et qu’il est entouré par d’hommes d’affaires et non par des militants authentiques qui ont leur symbolisme et s’occupent de pure politique. Ceci nuit à la position et à la puissance du CPL».

 

Des députés à l’écart
Quant aux députés du CPL, un grand nombre d’entre eux n’intervient pas et se tient à l’écart des élections tels que Nabil Nicolas, Naji Gharios, Ziad Assouad, Simon Abi Ramia, Abbas Hachem et d’autres. Selon la source du Courant, le nouveau président essaie d’améliorer la situation et de ressouder le parti. «Le CPL ne peut plus continuer ainsi. Plusieurs mesures devraient être prises pour en faire un parti à la hauteur des aspirations de ses adhérents. Il faut établir un règlement intérieur sérieux et appuyer des personnes capables de récupérer la confiance des gens. Introduire une réforme réelle de la pensée politique qui puisse être traduite sur le plan pratique. Protéger les gens et se tenir à leurs côtés. Purifier les rangs et augmenter les adhésions au parti et, surtout, faire preuve de modestie dans le comportement».

Joëlle Seif

2 235 candidatures officiellement enregistrées
Des comités locaux, des comités des cazas, ainsi que des conseils des cazas devraient être élus selon le régime de la proportionnelle, adopté pour la première fois au Moyen-Orient, ainsi qu’un conseil national et un bureau politique. Des commissions chargées d’étudier les recours touchant aux élections de manière régulière, en raison des critères stricts établis pour permettre aux candidats de se présenter, ont été créées. A titre d’exemple, il faut que les représentants des régions soient titulaires d’une licence et avoir un certain niveau éducatif pour être président d’un village. Des listes de 13 candidats sont composées pour pourvoir aux 2 183 positions au sein du parti. 2 235 candidatures ont été enregistrées officiellement.

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