Pour la cinquième année consécutive, l’indice état de notre Etat – «state of our State» – accuse encore une baisse et tombe à 3,0 en 2015, après avoir enregistré un lamentable 3,2 en 2014, selon les chiffres publiés par la Lebanon Renaissance Foundation (LRF).
Dans le cadre de ses activités, la Lebanon Renaissance Foundation publie, depuis 2010, l’indice état de notre Etat, qui permet d’évaluer la situation du pays et qui donne à l’ONG les moyens de fixer ses priorités et d’organiser ses acticités en conséquence. Selon les explications de Fady Bustros, responsable de la communication et des relations publiques, treize critères sont pris en considération pour obtenir cet indice: stabilité sur trois ans, sécurité des citoyens, contrôle du gouvernement sur le territoire, capacité à résister aux influences extérieures, exercice de la justice, qualité de la classe politique, liberté d’expression, tolérance culturelle et religieuse, efficacité de la société civile, contrôle de la corruption, confiance dans les institutions publiques, transparence économique et remboursement de la dette publique. La Norvège sert de modèle de référence à cette évaluation.
Chaque chiffre obtenu en dessous de 3 marque un niveau d’alerte et lorsque celui-ci tombe au-dessous de 2, nous sommes dans la zone catastrophique, selon les explications de Fady Bustros. «Cette année, les plus forts reculs sont enregistrés dans quatre catégories: la qualité de la classe politique, le contrôle de la corruption, la confiance dans les institutions publiques, ainsi que la capacité à résister aux influences extérieures». Pour Bustros, les treize éléments qui constituent l’indice ne se trouvent dans aucun pays. Ces indices sont une spécificité qui n’existe qu’au Liban. «Un sujet comme la résistance aux influences extérieures n’existe presque nulle part au monde. Idem pour ce qui est du contrôle du gouvernement sur le territoire et l’exercice de la justice. Ce sont des particularités purement libanaises».
L’état de notre Etat est un indice mis en place par la Lebanon Renaissance Foundation dans le but de situer les priorités de l’action de l’organisation. «Nous avons une trentaine de projets que l’on voudrait mettre en place et cet indice est utile pour faire la lumière sur les sujets qui ont besoin d’être traités en premier. Aujourd’hui, nous travaillons sur la corruption. Nous voulons redresser le rôle des institutions publiques et promouvoir les projets qui améliorent la qualité de la classe politique. Ce sont les thèmes qui scorent les plus mauvaises notes dans le rapport, avec un 2,2 pour la corruption, 1,7 pour la confiance dans les institutions publiques et 1,5 pour la qualité de la classe politique. C’est là que nous dépensons toute notre énergie et l’argent de nos contributeurs».
S’agissant de la sécurité des citoyens, Fady Bustros explique qu’en tant qu’ONG, il n’est pas possible de faire grand-chose sur ce plan. «En revanche, là où nous pouvons agir, nous le faisons. Tout ce qui est en dessous de 3 fait partie de nos priorités».
Sur le plan de la confiance dans les institutions publiques, la LRF forme des agents municipaux, dont le nombre est évalué à six mille au Liban, à effectuer au mieux leur tâche. Concernant l’amélioration de la classe politique, depuis trois ans, la LRF anime un cursus ouvert à des représentants des divers partis politiques libanais. «Cette année, le groupe est composé de 22 personnes, qui sont des étoiles montantes dans leurs partis respectifs et qui font partie du Courant du futur, du Courant patriotique libre, des Forces libanaises, du Tachnag, des Kataëb, de la Jamaa islamiya, du Parti socialiste progressiste et du Parti démocratique libanais. Pour nous, la politique est une expression de valeur et pas un rapport de force». Quant aux sujets abordés au cours de ce cursus, qui s’étend sur quatre mois et demi, ils concernent la loi électorale, la citoyenneté, les droits de l’homme, l’eau, le pétrole, le gaz, l’agriculture, l’économie, la politique d’urbanisme, le rôle des municipalités, radicalisme et religion, esprit critique, etc.
Joëlle Seif
Une hot-line anticorruption
Cette année encore, la Lebanon Renaissance Foundation (LRF) renouvelle un programme qui porte sur une hot-line anticorruption, établie en collaboration avec la Lebanese transparency association et qui est ouverte à tous les témoins et victimes d’actes de corruption. «Il n’y a pas un pays au monde où la corruption est aussi importante et où on fait autant de conférences sur ce thème. Cette hot-line est un outil non académique qui permet de traiter les plaintes».