Magazine Le Mensuel

Nº 3038 du vendredi 29 janvier 2016

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Grippe A (H1N1). Hausse des cas mais pas des décès

Arrêtons de provoquer la panique pour des raisons infondées. Certes, des décès ont lieu chaque année, partout dans le monde, à cause de la grippe H1N1, mais il n y a rien d’inquiétant ou d’inhabituel. Le taux de mortalité au Liban dû à ce virus n’est pas plus élevé que celui des années précédentes et la crise des déchets n’a rien à voir avec cette affaire d’«épidémie».
 

«Aujourd’hui, on ne meurt plus du virus H1N1, mais plutôt des complications provoquées par cette grippe», affirme la docteure Souha Kanj, spécialiste des maladies infectieuses à l’AUB Medical Center. En d’autres termes, ce sont les personnes atteintes de maladies, tels le cancer, les troubles cardiaques, les troubles respiratoires (…), les personnes âgées, les femmes enceintes et les enfants de moins de deux ans, qui sont les plus exposés au danger de mort, en raison des complications que peut engendrer la grippe. Cependant, pour éviter ce risque, un vaccin antigrippal, comptant la souche de l’influenza de type A (H1N1), ainsi que d’autres souches circulant, est actuellement à la portée de tous. Ce vaccin, il faut le signaler, n’est pas recommandé pour toutes les personnes. Il est uniquement indispensable pour les personnes qui souffrent de maladies chroniques et d’une faible défense immunitaire. Le ministère de la Santé a d’ailleurs indiqué, dans un communiqué publié le 19 janvier 2016, que «le nombre de décès dus à l’influenza n’a pas augmenté par rapport à l’année dernière», information que confirme la docteure Kanj. En revanche, «le nombre de personnes atteintes du virus et admises en soins intensifs, est, lui, en hausse», enchaîne la praticienne. L’AUB recense, aujourd’hui, 50 cas de personnes atteintes du virus H1N1, confirme-t-elle. Cette grippe saisonnière sévit entre décembre et février et subit, chaque année, des mutations, ce qui lui permet de résister aux défenses immunitaires du corps humain, parce que jusqu’alors, méconnues de ce dernier. Les symptômes de ce virus sont les mêmes que ceux de la grippe saisonnière, à savoir l’apparition brutale d’une fièvre supérieure à 38 degrés, des courbatures et/ou céphalées ou fatigue importantes, de la toux ou des difficultés respiratoires. Le délai entre la contamination et l’apparition des premiers symptômes varie de 48 heures à 7 jours. Quant à la période de contagion, elle débute quelques heures avant les symptômes et peut durer jusqu’à 7 jours. Généralement, toute personne peut reprendre ses activités 48 heures après la disparition de la fièvre.

Les symptômes de la grippe
Comme toutes les maladies virales, le virus H1N1 n’est pas sensible aux antibiotiques. Contagieux, il est attrapé au contact d’une personne qui tousse, crache ou éternue «le virus» sans pour autant avoir côtoyé de près cette dernière. Pour survivre, le virus doit infecter impérativement une cellule vivante. Dans le cas contraire, il ne faut que quelques heures pour qu’il «meurt». A la question de savoir pourquoi ce virus est saisonnier et se développe aux périodes froides de l’année, il s’est avéré qu’il se dessèche très vite à la chaleur, raison pour laquelle le corps d’une personne infectée par la grippe réagit en faisant monter sa température: la fièvre empêche effectivement le virus de se multiplier. Toutefois, il peut arriver que le virus se soit déjà multiplié rapidement dans l’organisme de l’individu avant la montée de la fièvre, qui, elle, est due aux contractions rapides et intenses de tous les muscles du corps, y compris ceux de la tête, d’où les courbatures et les céphalées. Quant à la toux, elle constitue une réaction de l’organisme à l’inflammation causée par le virus dans les tissus respiratoires (nez, gorge, trachée, bronches), qui provoque des sécrétions riches en globules blancs et dont l’objectif est de tuer le virus. C’est donc, dans ce sens, que la toux et les éternuements sont destinés à «dégager» ces sécrétions.
 

Les causes des décès
A la fin de la Première Guerre mondiale, une pandémie attaque un grand nombre de personnes, faisant de nombreuses victimes. Entre 1916 et 1920, cette grippe était alors totalement inconnue du système immunitaire des individus de l’époque, qui avaient déjà été fragilisés par des maladies chroniques telle la tuberculose, mais aussi par la malnutrition et par les séquelles de la guerre. Les antibiotiques qui facilitent la lutte contre les pneumonies (complication la plus fréquente de la grippe), les perfusions qui permettent de combattre la déshydratation et les médicaments qui sont destinés à soigner le cœur n’existaient pas en 1920. Ainsi, on pouvait mourir de déshydratation due à la fièvre, de complications respiratoires ou déséquilibres en raison d’une maladie préexistante à laquelle est venue s’ajouter la grippe. Ce n’est donc pas la grippe qui tue, mais ses conséquences et ses complications. Dans l’analyse actuelle des décès, il a été constaté que dans 70% des cas, la mort est conséquente à des facteurs de risque comme une maladie chronique cardiorespiratoire, un diabète sévère, l’obésité, la grossesse (qui diminue temporairement l’immunité), etc. Aujourd’hui, cette grippe n’est qu’une parmi des milliers de maladies respiratoires virales, répertoriées ou non, qui provoquent la fièvre et la toux. C’est la plus connue parce qu’elle est très contagieuse et a été la cause de pandémies à plusieurs reprises. Existant donc depuis longtemps, le virus H1N1 est l’un des deux virus de la grippe les plus répandus avec le A/H3N2, plus agressif, mais qui n’a pas encore été détecté au Liban cette année.

Natasha Metni

Quid du vaccin?
Il n’est pas nécessaire de vacciner toute la population. D’abord, parce que la grippe se manifeste de diverses manières chez les individus qui l’attrapent, ensuite parce qu’il y a des personnes qui ne la contractent même pas (ayant eu la possibilité de «tuer» le virus avant qu’il n’ait eu le temps de se multiplier ou n’ayant pas été en contact avec le virus). Plus encore, la vaccination doit être faite de manière ciblée: personnes à risque, personnels soignants, personnes qui travaillent dans les services publics, etc., ce qui suffit pour empêcher ou limiter la propagation du virus.

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