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Nº 3039 du vendredi 5 février 2016

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Ali Ajami, ambassadeur du Liban en Europe du Nord. Destination insoupçonnée pour les Libanais

Dans une interview accordée à Magazine, l’ambassadeur du Liban en Suède, Ali Ajami, explique les relations du Liban avec les pays d’Europe du Nord, tissées au fil des ans. Il évoque aussi la situation de la diaspora.

Le Dr Ali Ajami est l’ambassadeur du Liban en Suède, au Danemark, en Norvège, en Finlande et en Islande, résidant à Stockholm. Ses missions tournent principalement autour de deux axes: les relations diplomatiques qui lient le Liban à la Suède (le Dr Ajami œuvre dans ce sens à renforcer ces rapports et à multiplier les coopérations, surtout aux niveaux économique et culturel), et le traitement des demandes, des droits et des obligations des Libanais en Suède et dans les autres pays scandinaves.
 

Relations commerciales
La Suède compte, en effet, entre 30 000 et 35 000 Libanais, chiffre étonnant, puisque ce pays ne constitue pas une destination principale pour les émigrés libanais (à comparer avec le Canada, l’Australie, l’Amérique latine, l’Afrique, les pays arabes). Nous comptons également environ 15 000 Libanais au Danemark, 4 000 en Norvège, 1 500 en Finlande, et… trois en Islande.
Sur le plan commercial, le Liban importe de Suède des voitures, des produits Ericsson, Siemens, etc. et y exporte surtout des conserves et du vin. Une chambre de commerce a été instaurée par l’ambassadeur pour favoriser les échanges entre les deux pays.
Dans le domaine culturel, bien que la barrière de la langue constitue souvent une entrave à la réalisation de certains projets, l’intention d’«importer» le Musée de Gebran Khalil Gebran au Musée méditerranéen de Stockholm est en cours d’étude, en dépit des difficultés financières (coût élevé de l’assurance, du transport, etc.).
Sur le plan militaire, la Suède a largement contribué au soutien du Liban dans le cadre de la Finul, surtout en 2006, quand la guerre a éclaté entre lui et Israël.
A la question de savoir pourquoi l’ambassade de Suède n’existe plus à Beyrouth, le Dr Ajami répond que cette dernière a fermé ses portes en 2001, pour des raisons financières. Aujourd’hui, l’ambassadeur du Liban plaide pour la réouverture de la chancellerie, d’autant que son homologue suédois, supposé être ambassadeur de Suède au Liban et en Syrie, résidant à Damas et non à Beyrouth, est logé au Liban, vu la situation actuelle dans le pays voisin.
De son côté, la ministre suédoise des Affaires étrangères, Margot Wallström, a exprimé son intention d’étudier davantage ce dossier en vue d’une solution adéquate et rapide. Elle planifie une visite prochaine au Liban, d’une part pour examiner de plus près la situation en Syrie et, d’autre part, pour renforcer les relations entre le pays du Cèdre et la Suède.
«Les Libanais résidant en Suède travaillent surtout dans la restauration. Mises à part trois ou quatre entreprises couronnées de succès, nous ne pouvons pas parler de ‘‘grandes’’ entreprises libanaises dans ce pays», affirme le Dr Ajami. Cela est probablement dû, selon lui, à la difficulté en matière de vie sociale et du système fiscal très sévère. Interrogé sur la question des prétendues «expulsions d’un grand nombre de Libanais» de Suède, le Dr Ali Ajami assure que cette information est erronée. «Il s’agit d’une rumeur qui a pris de l’ampleur, alors qu’elle ne tire sa source d’aucune déclaration officielle. Des médias libanais m’avaient interviewé à ce propos. Bien que j’aie nié cette information, elle a, quand même, été publiée», indique l’ambassadeur. En réalité, ce sont environ quarante familles libanaises, débarquées en Suède en 2006, qui travaillent, depuis, légalement et paient les impôts. «La procédure d’expulsion est généralement longue et passe par le tribunal, par la police, par l’ambassade du Liban en Suède, par la Sûreté générale et le ministère des Affaires étrangères au Liban, avant que la décision d’expulsion ne soit définitive. Or, aucun document officiel n’atteste cette information», certifie l’ambassadeur.

 

Natasha Metni

La montée des néo-nazis
La politique «d’ouverture des frontières», adoptée par la Suède, a eu pour conséquence l’accueil de 175 000 réfugiés. Par conséquent, le parti néo-nazi, qui, avant 2006, comptait 1% des voix, a vu augmenter son succès, notamment après les actes terroristes perpétrés dans les différents pays d’Europe. Aujourd’hui, ce parti constitue la troisième formation politique du pays et dispose de 13% des voix au Parlement suédois. 

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