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Nº 3039 du vendredi 5 février 2016

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ECONOMIE

Hussein Hajj Hassan: «L’industrie pourrait atteindre 20% du PIB»

L’économie libanaise, essentiellement basée sur les services et le tourisme, aurait-elle tout intérêt à se tourner vers un secteur trop longtemps sous-estimé: l’industrie? Le lancement du projet de création de trois zones industrielles au Liban pourrait bien changer la donne. Explications.
 

 

Et si le Liban avait sous-estimé ses capacités industrielles? Si le secteur représente actuellement 11% du PIB libanais, son potentiel pourrait, en réalité, bien atteindre les 20% du PIB, selon le ministre compétent Hussein Hajj Hassan, interrogé par Magazine à l’occasion du lancement de la première phase du projet de création de trois zones industrielles au Liban par l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi).
«Le Liban pourrait bien se révéler être un acteur industriel de premier ordre si le gouvernement lui accordait l’intérêt qu’il mérite, a considéré le ministre. Nous avons tous les ingrédients nécessaires pour devenir un pays industriel: un capital humain qualifié, l’expertise commerciale, l’esprit entrepreneurial, un marché libre et un système bancaire adapté».

Zone industrielle: avantages
Le gouvernement italien a ainsi débloqué une ligne de crédit de 7,6 millions d’euros pour transformer en zones industrielles les régions de Baalbeck, Tourbol (Zahlé) et Joun (Iqlim el-Kharroub). Les travaux devraient débuter dans un an, une fois l’étude préliminaire achevée et pour un montant de 60 millions de dollars, a estimé le ministre.
L’objectif de ces parcs industriels est de créer de l’emploi, d’accroître la productivité et de regrouper les industriels libanais pour attirer les investisseurs et stimuler ainsi les exportations industrielles mises à mal depuis le début de la crise syrienne et la fermeture des points de passage terrestres.
Fadi Gemayel, président de l’Association des industriels libanais, a longtemps appelé à la création de ce type d’infrastructures. «La création de zones industrielles peut participer à la renaissance du secteur et promouvoir le développement de nouveaux produits libanais sur la scène internationale», a-t-il déclaré.
Pour les entreprises, le premier intérêt que représente une implantation au sein d’un parc industriel est la baisse du coût du terrain. «Les entrepreneurs pourront au lieu d’acheter un terrain extrêmement cher, louer un espace au sein d’une zone industrielle à des prix attractifs, explique Hajj Hassan. Ils pourront également bénéficier de toute l’infrastructure nécessaire au développement de leurs activités et réduire ainsi leurs coûts de production. Ces derniers pourraient bien être diminués de moitié au sein d’une zone industrielle. Il faut aussi souligner l’opportunité de maîtriser les déchets industriels au sein de ce type de parcs».
Le ministre a aussi indiqué vouloir créer à terme des zones spécialisées pour chaque secteur: alimentaire, papier, textile… «Cela pourrait bien participer au développement des industries technologiques de pointe et des nanotechnologies», a-t-il insisté.

 

Les régions marginalisées
Pour les municipalités qui accueillent ces projets, les avantages se feront surtout ressentir en termes de création d’emplois. «Les trois zones, qui s’étendront sur 1 000 hectares, pourraient bien attirer quelque 1 000 entreprises et créer ainsi entre 10 000 et 20 000 emplois», précise le ministre. Selon lui, depuis la conférence de presse qu’il a tenue pour annoncer le lancement du projet (le mardi 26 janvier), plusieurs nouvelles municipalités l’auraient déjà sollicité, intéressées par le potentiel de développement que présente ce projet. «A terme, on pourrait voir se développer d’autres zones industrielles dans tout le pays», espère le ministre.
De son côté, Sigrid Kaag, coordinatrice spéciale au Liban pour les Nations unies, a souligné l’importance de la création de zones industrielles dans les régions libanaises marginalisées pour maintenir la stabilité et la sécurité.
La Békaa est, par exemple, la région qui accueille le plus de réfugiés syriens. Elle est une des zones les plus vulnérables depuis le début de la crise syrienne. «Le développement économique est une condition sine qua non au maintien de la paix, souligne Sigrid Kaag. La création de parcs industriels participera à une meilleure distribution des ressources entre Beyrouth et les régions libanaises».
Car l’emploi est bien un stabilisateur politique et tandis que le chômage ne cesse de croître, ce type d’initiatives promouvant la décentralisation pourrait bien participer au maintien de la paix.

Soraya Hamdan

Le projet de l’Onudi
L’étude préliminaire du projet a été lancée par l’Onudi pour le compte du ministère de l’Industrie et financée par le gouvernement italien à hauteur de 550 000 dollars. L’objectif à terme est la transformation en zones industrielles de trois régions libanaises à Baalbeck (sur une surface de 450 000 m2, Tourbol, 1,4 million de m2, et Joun, 500 000 m2).
Le gouvernement italien a débloqué une ligne de crédit d’un montant de 7,6 millions d’euros pour la construction des infrastructures nécessaires à la création de ces parcs industriels. En fonction des résultats de l’étude préliminaire, ce montant pourrait bien être revu à la hausse. L’étude préliminaire portera tant sur l’aspect financier que sur l’impact environnemental de la création de ces parcs industriels.

Exportations en baisse de 23%
L’annonce de la création de trois parcs industriels au Liban se fait dans un contexte de crise pour l’ensemble de l’économie libanaise et, en particulier, pour le secteur de l’industrie. Si le président de l’Association des industriels libanais, Fadi Gemayel, se veut optimiste en rappelant que les exportations industrielles ont triplé depuis 2010, le secteur a tout de même subi de plein fouet les affres de la crise syrienne.
En effet, en 2015, les exportations industrielles ont baissé de 3% pour s’établir à 1,54 milliard de dollars, tandis qu’elles ont connu une chute de 23% depuis 2013, gravement affectées par la fermeture des points de passage terrestres, le dernier en date étant celui de Nassib.
Aujourd’hui, la nécessité de renforcer la compétitivité des produits industriels libanais se fait de plus en plus pressante, d’autant plus que la baisse des cours de l’euro a renforcé la concurrence pour les produits locaux. «Nous avons plus que jamais besoin d’un soutien du gouvernement, de subventions, a répété Fadi Gemayel, et surtout d’infrastructures». La création de zones industrielles pourrait constituer un début de solution pour ce secteur mis à mal.

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