Magazine Le Mensuel

Nº 3040 du vendredi 12 février 2016

Festival

Festival du cinéma européen. Regard vers l’ici et l’ailleurs

La 22e édition du Festival du cinéma européen s’est achevée, samedi 6 février, par deux arrêts successifs: la remise du prix du meilleur court métrage des étudiants libanais et la projection, en avant-première, du film de Mai Masri, 3 000 nights.
 

19h30. Dans la salle 1 du cinéma Métropolis, rassemblement autour de la chef de la Délégation de l’Union européenne au Liban, l’ambassadeur Christina Lassen, pour la remise des prix du court métrage des étudiants libanais, pour la 15e année consécutive. Projetés le vendredi 29 et le dimanche 31 janvier, les douze courts métrages, présentés par douze écoles libanaises d’audiovisuel, «ont permis au public, selon Lassen, de découvrir de jeunes cinéastes qui ont fait preuve d’originalité et de sensibilité» en espérant qu’ils «contribueront au développement du cinéma libanais et à la réputation de toute une génération».
Deux lauréats ex æquo: Roudy Doumit avec Reconnect et Michel Zarazir avec Sous les soutanes, applaudis à l’unanimité par le jury, composé de Luciano Rispoli, attaché audiovisuel régional à l’ambassade de France; Vesna Chamoun du Goethe-Institut; Raëd Raféï, journaliste multimédia, cinéaste et critique de cinéma au quotidien électronique al-Modon; Bana Beydoun, critique de cinéma au quotidien al-Akhbar, et Nisrine Wehbé de l’association Métropolis. La remise des prix a été suivie de la projection des deux courts métrages:


Reconnect Diplômé de l’Université al-Kafaat, Roudy Doumit, qui sera invité au Festival international du court métrage d’Oberhausen en Allemagne en 2016, a excellé, selon le jury, à dépeindre un monde qui invite le public à «se reconnecter» avec la nature, loin du monde virtuel, en racontant une histoire identique à notre vie quotidienne moderne et virtuelle.
Même pas cinq minutes, les images cadrées dans l’épure suffisent à emporter le spectateur dans un monde qui lui est tellement familier, son quotidien, dont il voit la mécanique d’un coup. L’ordinateur, le réveil, le boulot, le bitume, la conformité… nous sommes suspendus comme des marionnettes à une vie customisée, urbaine et grise, tenus par des fils, des cordes qui peuvent tout aussi bien se prêter à un suicide collectif, même la sexualité révèle son envers grinçant dans une scène déjantée et surprenante. Un bel appel à retrouver la nature, ses couleurs, sa musique, sa liberté et notre libération.
Sous les soutanes Diplômé de l’Académie libanaise des beaux-arts, Michel Zarazir, qui sera invité à un festival de court métrage en France en 2016, a été salué par le jury pour la subtilité et l’humour avec lesquels il aborde divers sujets à travers une histoire bien maîtrisée qui reflète les nombreuses questions soulevées par le réalisateur.
Elles sont joyeuses, légères, souriantes, jouent à cache-cache et se balancent entre les arbres, ces religieuses qui vivent dans un couvent isolé. Ce jour-là, elles reçoivent la visite de Monseigneur Isidore; venant leur annoncer la fermeture prochaine du couvent, il pose son pied sur une mine. La panique s’installe, la foi est questionnée et la folie de chacune des nonnes éclate au grand jour. Si le film aurait gagné à être resserré sur les vingt minutes de projection, il témoigne toutefois d’une vision différente et originale des sujets qui passent «sous les soutanes» et qu’il transpose à la lumière du grand écran.

 

3 000 nights
21h30. Salle comble à la projection en avant-première du film de Mai Masri, 3 000 nights. Entourée de toute son équipe, la réalisatrice a présenté son long métrage qui se base sur des témoignages, des histoires vraies, et jette un coup de projecteur sur la situation des prisonniers palestiniens dans les geôles israéliennes.
Naplouse, 1980. Layal, une jeune Palestinienne, vient d’être arrêtée et incarcérée dans une prison israélienne hautement sécurisée. Son crime: avoir transporté dans sa voiture un jeune garçon blessé qui aurait pris part à un attentat contre un objectif israélien. En prison, dans cet espace froid, hostile et pourtant pétri d’humanité, au contact des gardiennes, figures impassibles au visage placide, des prisonnières palestiniennes et israéliennes, chacune son histoire et sa galère, Layal donne naissance à un garçon, Nour. Comment concilier son rôle de mère, de résistante et de femme…? Les événements sont filmés tout près du visage de Layal où se reflète sa métamorphose.

Nayla Rached
 

Douze jours de cinéma
Une nouvelle édition du Festival du cinéma européen, le plus ancien festival cinéma au Liban, vient de s’achever. Du 25 janvier au 6 février, dès 15h, il y avait une foule au cinéma Métropolis. Brochure à la main, réservation effectuée à l’avance ou décision de dernière minute, passant d’une salle à une autre, cochant les films vus, relevant ceux à voir, jonglant avec les heures de projection, visages familiers et sourires des traits, les cinéphiles ont eu l’occasion d’assister à la projection de plus d’une quarantaine de films, des incontournables aux belles découvertes. Italie, France, Espagne, Royaume-Uni et le plaisir de s’immerger dans une culture nouvelle, une culture autre à laquelle le public libanais n’est pas habitué, Danemark, Finlande, Norvège, Roumanie, Bulgarie… la diversité de la culture européenne, du cinéma européen à portée de regard, à Beyrouth, avant de tourner dans d’autres régions libanaises, Zahlé, Nabatiyé, Deir el-Qamar…

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