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Nº 3041 du vendredi 19 février 2016

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Lofts, studios ou deux-pièces. Les petites surfaces ont la cote

Lofts, studios ou deux-pièces, les petites surfaces continuent de séduire, crise économique oblige. La demande est aujourd’hui principalement locale et n’a pas les moyens de s’offrir des appartements de 300 m2. Face à cette réalité, les promoteurs doivent s’adapter.
 

Dans un contexte de ralentissement du marché immobilier, couplé à une baisse du pouvoir des achats des ménages, la tendance s’oriente naturellement vers les petites surfaces. Une tendance qui s’est, en réalité, amorcée dès 2011 et qui se confirme aujourd’hui, comme l’explique Guillaume Boudisseau, spécialiste immobilier à Ramco.
«L’année 2015 a confirmé la tendance à la réduction des surfaces, explique le spécialiste. Les promoteurs doivent s’adapter à la demande et, surtout, au budget des ménages. Ces derniers n’ont pas des millions à dépenser, précise-t-il. Les budgets les plus courants démarrent plutôt à 300 000 dollars».
Ainsi, la surface des appartements aurait diminué de 5% entre 2014 et 2015 pour passer de 252 m2 à 238 m2, soit une perte de 14 m2. «Entre 2009 et 2015, la surface moyenne d’un appartement à Beyrouth a diminué de 72 m2», renchérit l’agent immobilier.
C’est également ce que confirme le président du syndicat des professionnels Farès Massaad. «Depuis quelques années, notre marché suit le modèle européen, où il n’est plus indispensable et essentiel pour les familles d’avoir des appartements de très grandes surfaces. Les prix à Beyrouth ne sont pas abordables pour tous. Le centre est toujours plus cher que les régions avoisinant la capitale. Pour être au centre-ville, il faut parfois sacrifier la superficie, ce qui ne pose plus de problème de nos jours et pousse ainsi les promoteurs à s’orienter vers des petites et moyennes surfaces».
Mais jusqu’où cette réduction des surfaces peut-elle bien aller? A Monnot, un promoteur immobilier aurait lancé un bien de 45 m2 à 220 000 dollars. «Cela représente à peine 30 m2 habitables, précise Guillaume Boudisseau, car la loi libanaise englobe dans le métrage les espaces communs: ascenseurs, bacs à fleurs, les gaines et l’épaisseur des murs. Les espaces mis à la vente sont, en réalité, d’environ 20 à 30% plus petits que la surface affichée sur l’acte de vente».
Bien au-delà d’une simple tendance, la réduction des surfaces répond à une véritable réalité économique. «Il est grand temps que les promoteurs adaptent leurs biens à la demande locale», explique Joe Kanaan, président de Sodeco Gestion.
«La réalité économique est qu’au Liban, les surfaces ont commencé à être réduites, car les prix ne peuvent plus augmenter. La demande étrangère du Golfe et même des expatriés n’est plus au rendez-vous et il faut bien s’adapter au vrai marché libanais, qui concerne finalement des budgets qui débutent à 200 000 dollars».
Pour le professionnel, malgré la tendance à la réduction des surfaces, les promoteurs immobiliers ne sont pas allés assez loin pour proposer des biens adaptés à la demande locale, les prix de ceux-ci étant toujours trop élevés par rapport à la demande.
C’est ce que confirme Guillaume Boudisseau: «Malgré la stabilité des prix et le ralentissement du marché immobilier, Beyrouth reste tout de même une ville de millionnaires et cela reste encore un défi de se loger dans la capitale».

Soraya Hamdan
 

Cap sur la périphérie
A défaut d’avoir les moyens de se loger à Beyrouth, les familles s’orientent naturellement vers la périphérie de la capitale libanaise, c’est l’autre tendance de 2016. Sin el-Fil, Hazmié, Baabda ou même Aramoun, ces quartiers ont la cote, budget des ménages oblige. Les acquéreurs peuvent s’offrir de plus grandes surfaces au même prix qu’à Beyrouth et même parfois moins cher.
Au cours des sept premiers mois de 2015, Beyrouth a représenté 26,2% du total de la valeur des transactions immobilières selon le registre foncier, en baisse contre un taux de 37,2% en 2007.
La banlieue proche ou lointaine, telle que le Metn, le Kesrouan ou encore Baabda, a représenté en 2015 plus de la moitié (54%) du total des achats sur cette même période, en hausse contre un taux de 47,3% en 2007, toujours selon les mêmes sources.

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