Les répliques de la bataille d’Alep
Les développements accélérés sur le terrain dans la région d’Alep donneraient l’occasion aux groupes terroristes d’exécuter une opération au Liban, comme le craint une haute instance sécuritaire.
D’abord, il est possible que certaines cellules dormantes procèdent à l’exécution d’attentats suicide individuels ou collectifs (un groupe de kamikazes qui agiraient simultanément à la manière des attentats de Sayyida Zaïnab à Damas). Mais les organes de sécurité surveillent de près un grand nombre de suspects, surtout après l’opération militaire de Ersal et les menaces proférées par Abou Bakr el-Rakkawi, après l’arrestation de sa femme dans un camp à Ersal et l’un de ses frères, du côté est de Beyrouth.
Autre possibilité: des cellules dormantes pourraient œuvrer à l’embrasement d’un nouveau front au Nord, via la région de Wadi Khaled au Akkar, dans le but de percer l’axe frontalier libano-syrien pour prendre le contrôle de certains points stratégiques sur la route principale Homs-Beyrouth.
Les Russes et la présidentielle
L’ancien Premier ministre, Saad Hariri, a demandé l’aide de Mikhaïl Bogdanov, vice-ministre russe des Affaires étrangères, dans le dossier de la présidentielle. Le diplomate russe, en charge de certains dossiers relatifs au Liban et à la Syrie, a ainsi chargé une personnalité politique libanaise proche du général Michel Aoun de transmettre un message à Rabié spécifiant que le «compromis Frangié» est bel et bien scellé et qu’il serait inutile pour Aoun de ne pas y adhérer. Mais le général a rejeté le message, se prémunissant de l’appui du Hezbollah… Après cet épisode, le leader du Courant patriotique libre (CPL) a voulu questionner les responsables syriens sur la position russe à cet égard. Les Syriens ont alors pris contact avec les hautes sphères du Kremlin et des Affaires étrangères à Moscou pour rapporter la réponse russe suivante: «Nous soutenons toute décision que vous prendrez, vous et le Hezbollah êtes capables de jauger la situation, bien mieux que nous».
Municipales: les chiites coordonnent
Les commandements du Hezbollah et du mouvement Amal ont tenu une première réunion de coordination dans la banlieue sud de Beyrouth, dans la perspective des élections municipales et selon l’entente conclue entre les deux formations en 2010. Parallèlement, et d’après les rumeurs qui circulent, le Courant du futur n’est pas très enthousiaste à l’idée d’organiser ces élections, n’étant pas prêt à y participer au double plan financier et populaire. C’est le président Nabih Berry qui sortira la carte de la reconduction des mandats des conseils municipaux, comme il l’avait fait pour les parlementaires, ou alors on invoquera la situation sécuritaire pour justifier l’ajournement des municipales.
Kahwagi: accueil chaleureux aux Etats-Unis
La visite du commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, à Washington, a donné des résultats positifs au chapitre de l’armement de la troupe, révèle-t-on de source militaire. Le don saoudien de trois milliards de dollars en suspens entre Riyad, Paris et Beyrouth n’aura aucune influence sur la livraison des armes, ajoute la source. Certains estiment que l’initiative présidentielle de Saad Hariri et l’annonce de Maarab ont ouvert la voie à d’autres options, mettant en relief la chaleur de l’accueil réservé par les autorités américaines au général Kahwagi, accueil qui dépasse celui relatif à une simple livraison d’armes et de munitions.
Un émissaire français à Beyrouth?
D’après des informations qui circulent, un émissaire français serait attendu prochainement à Beyrouth pour recueillir les avis des divers camps et transmettre un message aux pôles politiques, chrétiens en particulier, leur demandant d’unifier leurs points de vue pour prendre le plus court chemin qui mène au scrutin présidentiel. Cela dans le cadre d’une série de nouveaux contacts menés par la présidence française sur la ligne Washington, Riyad et Téhéran, après la démission du chef de la diplomatie Laurent Fabius.
Pas de veto saoudien
Dans un message adressé aux Forces libanaises (FL), en début de semaine, les responsables saoudiens ont réaffirmé qu’ils ne s’opposaient à aucun candidat présidentiel. C’est ce qu’a révélé le député Antoine Zahra devant un groupe de journalistes: «Riyad s’oppose au vide, il ne contestera pas le choix des chrétiens pour ce qui est de l’identité du futur président, le général Michel Aoun inclus».
Agapes sociopolitiques
Le député Emile Rahmé entouré du général Chamel Roukoz, de Tony Sleiman Frangié, du directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, et de l’ex-ministre Youssef Saadé attablés à déjeuner dans un restaurant de la ville. Il n’en fallait pas plus pour attirer l’attention des observateurs qui ont voulu en savoir plus sur ces agapes politiques. «Nous devons en finir avec la polémique au sein d’un même camp. Inchallah que le climat s’améliore en prélude à une rencontre entre le général Michel Aoun et le député Sleiman Frangié, a commenté Rahmé, il s’agit d’une rencontre routinière – nous avons l’habitude de nous retrouver de temps à autre – qui ne délivre aucun message politique, comme certains l’ont sous-entendu. Je n’ai pas la prétention d’être porteur d’une mission de rapprochement entre le général et l’ex-ministre. Nous savons tous que même sayyed Hassan Nasrallah ne s’est pas immiscé pour organiser cette réconciliation». Rahmé a conclu: «Le général Roukoz est l’ami de tous, c’est lui qui, par le passé, avait rabiboché les deux alliés» à la suite d’une brouille, souhaitant qu’on ne fasse pas assumer à cette rencontre à caractère social une dimension qu’elle n’a pas.
Coopération militaire libano-britannique
Commentant la coopération avec l’Armée libanaise en matière de gestion des frontières, l’ambassadeur de Grande-Bretagne, Hugo Shorter, a déclaré: «La Grande-Bretagne a apporté son soutien à la création de trois brigades au sein de la troupe libanaise spécialisées dans le contrôle des frontières. Nous assurons actuellement la formation d’une quatrième. Une fois toutes les démarches achevées, l’ensemble de l’axe frontalier qui sépare le Liban de la Syrie sera contrôlé par l’Armée libanaise et cela est important pour garantir la souveraineté du Liban à sa frontière…». Daech a-t-il la possibilité de procéder à une percée au niveau de Ersal? A cette question, Shorter a répondu: «Non, nous avons grande confiance en l’Armée libanaise à laquelle nous avons fourni un équipement adéquat. Ce que nous lui offrons lui permettra de superviser l’ensemble de la frontière avec la Syrie et d’empêcher l’infiltration de Daech ou al-Nosra à l’intérieur du territoire libanais».
Faut-il continuer à boycotter l’Iran?
Un diplomate dénonce la tendance de certains hommes politiques à se soumettre aux exigences américaines relatives au secteur économique et aux questions d’armement. Il rappelle aussi que Washington ne contrôle plus le cours des grandes crises internationales, comme c’était le cas à la fin des années 90 du siècle dernier. La position libanaise, qui ignore le rapprochement avec l’Iran, est étonnante, poursuit le diplomate, à la lumière de l’enthousiasme affiché des investisseurs étrangers qui se sont rués sur ses marchés comme jamais depuis quarante ans. A son avis, la protection de l’économie libanaise nécessite un réexamen des offres à caractère commercial et de développement, proposées par les Iraniens durant ces dernières années. Par rapport au déficit du budget, il serait bénéfique de savoir tirer profit des capacités techniques et financières des propositions iraniennes en matière d’armement. Le président de la Chambre avait souligné: «Le boycott par le Liban des initiatives iraniennes visant à renforcer l’armée et l’économie n’a plus sa raison d’être. Preuve en est le rapprochement entre l’Europe et l’Iran, sachant que les compagnies américaines possèdent 10% de la majorité des entreprises européennes». Ce qui signifie que tout accord entre des sociétés européennes et iraniennes bénéficie, de facto, de la bénédiction américaine.
Les plans secrets Nouh I et II
Palabre dans les milieux politiques à Beyrouth sur les plans Nouh I et Nouh II. Un expert militaire signale que des diplomates occidentaux portent un grand intérêt aux détails de ces plans militaires, qui projettent de cibler la destruction des barrages turcs du Haut-Euphrate en cas de confrontation globale entre Damas et Ankara. Les particularités de ces deux plans ne sont pas toutes connues, mais ce que l’on sait c’est qu’ils ont été établis du temps du président Hafez el-Assad, puis remis au goût du jour par l’actuel commandement syrien. Des missiles stratégiques syriens, qui étaient restés loin de la surveillance satellite jusqu’à présent, ont en partie été déployés pour la première fois depuis le début de la guerre syrienne sur les rampes de lancement, en prévision d’une éventuelle aventure militaire menée par la Turquie et les pays du Golfe. L’expert confirme, par ailleurs, les déclarations faites par une source russe faisant état d’un pont aérien entre l’Iran et la Syrie, qui fonctionne à plein régime, pour transporter des batteries de missiles sophistiquées et des unités militaires d’élite à la frontière nord. Pour cet expert, l’information sur la mise sur pied d’unités spéciales nées d’une coopération entre les services secrets de Damas, Téhéran et Moscou – en plus du Hezbollah – chargées de liquider les chefs des groupes terroristes, est avérée.
Békaa: les soucis du Moustaqbal
Ayoub Kazaoun, coordinateur du Moustaqbal dans la Békaa-Ouest et centrale, continue à colmater les brèches apparues au niveau des bases populaires, en vue d’éventuelles élections municipales. Au cours des deux dernières semaines, il a redoublé d’activités et multiplié les ouvertures en direction des clés électorales dans les villages de sa région, où son parti se heurte à certains écueils. Le public du Moustaqbal, à Majdel Anjar, comme le rapportent des sources locales, est ulcéré par le projet d’implantation d’une décharge dans la région de Masnaa et par les tentatives de Kazaoun d’amadouer les habitants en leur proposant de céder la présidence de l’Union des municipalités de la Békaa centrale au chef de la municipalité de Majdel Anjar, Sami Ajami, si jamais ils approuvent ce projet. Du côté de Bar Elias, le décès du président du conseil municipal actuel et les divisions qui sont apparues après sa disparition ont laissé un vide que le Moustaqbal devra combler. Mission qui s’annonce difficile si les municipales ont lieu en mai comme prévu. On rapporte que le député Jamal Jarrah, du village de Marj, a décidé d’attiédir le climat municipal en éloignant ses proches de la présidence, qu’il a proposée à d’autres familles.
Crise économique au Kurdistan irakien
L’incidence de la crise de la Deutsche Bank sur des institutions bancaires libanaises et sur la Banque du Liban (BDL) a récemment envahi les médias. L’action de la banque allemande ayant fortement et subitement chuté, certaines sources mettent en garde contre les pertes que pourraient essuyer les investisseurs libanais qui ont misé sur l’économie du Kurdistan irakien. Les sources soulignent que 5000 projets de service sur 7000 sont bloqués depuis le début de la crise socio-financière qui frappe les mohafazats de la province. Les hommes d’affaires, dont les Libanais, se plaignent de l’immobilisme du secteur économique dû à la réduction des recettes pétrolières et au dérèglement de la stabilité politique qui constituaient la pierre angulaire de la dynamique du Kurdistan. Certains formulent des craintes quant à une mutation de la crise en désordre politico-sécuritaire qui portera les investisseurs libanais à quitter la province kurde avec des pertes difficiles à compenser.