Magazine Le Mensuel

Nº 3042 du vendredi 26 février 2016

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SOS Art Liban. Un tour en art

Du 19 au 25 février, s’est tenu, au palais de l’Unesco, SOS Art Liban, qui consiste en une exposition d’art collective et un festival des arts pour la paix et la justice.

La paix et la justice, une large thématique qui se décline en une diversité de visions et d’approches à la fois personnelles et collectives, celles d’une centaine d’artistes, 115 plus précisément, dont cinq étudiants de l’IC (International College), qui ont participé avec deux niveaux, le cycle complémentaire et le baccalauréat international. 115 artistes qui ont tous manifesté leur enthousiasme de prendre part à cet événement et qui sont tous, en application du concept et objectif de base, placés sur un même pied d’égalité. Nour Shantout, Vanessa Gemayel, Arlette Sauveur, Mouna Bassil Sehnaoui, Rasha Ibrik, Rana Chalabi, Rima Mansour, Liane Mathes Rabbath… Des symboles usuels de la paix et la justice à ses multiples déclinaisons, la violence domestique, la situation des réfugiés, le matérialisme, l’urbanisme… peinture, sculpture, vidéo, photographie, mixed medias… dans ses multiples expressions et médiums, l’art local explose les frontières de l’humain.

Le lendemain du vernissage, le samedi 20 février, s’est déroulée la journée consacrée au festival des arts, emmêlant différentes expressions artistiques et avec la participation de professionnels du genre. Dès 10h, le programme s’élance. Place à la poésie; une séance de lecture Poèmes sur paix et justice, avec la participation des poètes Issam Assaf, Rita Bassil, Antoine Boulad, Chaouki Bazih, Michel Kassir, Iskandar Habache, Nada Heleiwa et Faouzi Yammine, suivie d’une table ronde La pauvreté au Liban, avec l’intervention de Kamal Hamdan, Boutros Labaki et Adib Nehmé. Après la pause déjeuner, est projeté le film de Jean Chamoun et Mai Masri, Ahlam moalaka, suivi d’un débat en présence de Widad Helwany et Mai Masri. Tout au long de l’après-midi et jusqu’à 19h, le jeune public se joint aux adultes: performance Streets, semi-structurée par la troupe Cirquenciel, combinant improvisation, danse et cirque; Raconte Oh grand-père par Khaled el-Naanaa, un dialogue durant lequel le grand-père raconte à ses petits-enfants son histoire de l’occupation, son exil, sa nostalgie; Histoires de guerre, théâtre improvisé, dirigé par Laban et organisé par Fighters for peace, association d’ex-combattants libanais, où de jeunes acteurs formés au théâtre d’improvisation rejouent des scènes de l’histoire de la guerre civile libanaise telles que remémorées par des membres de l’audience.
L’événement s’est clôturé, le jeudi 25 février, par la projection de Shebaik Lebaik, pièce de théâtre filmée, dirigée par Zeina Daccache et jouée par des ouvrières domestiques migrantes, suivie d’un débat avec des actrices de la pièce et Zeina Daccache. A l’année prochaine, peut-être!

Nayla Rached
 

L’art à la rescousse
Retour sur l’événement avec Saad Ghosn, initiateur de SOS Art, qui répond aux questions de Magazine.

En quoi consiste l’événement?
L’événement s’intitule SOS (Save our souls) Art, (Sauvez nos âmes, art). L’art qui vient donc à la rescousse, l’art qui cherche à promouvoir la voix de l’artiste pour des choses qui l’interpellent, importantes pour lui, son engagement dans la société, dans le monde dans lequel il vit, mais également envers lui-même. Je trouve que l’art est, de plus en plus de nos jours, un art de consommation, un art utilitaire, un art d’objet, un art élitiste. Alors que, finalement, l’art doit pouvoir s’adresser à tous, toucher tout le monde. Et puis l’idée, la voix de l’artiste n’est pas réellement encouragée. SOS Art c’est un peu cela: une exposition collective et un événement artistique dont le but est de donner une plateforme aux artistes locaux pour qu’ils puissent s’exprimer sur des sujets qui sont importants pour eux et qui touchent à la paix et à la justice.

Une première édition libanaise?
J’ai lancé SOS Art aux Etats-Unis, en 2003. Cela fait 14 ans que ça se tient à Cincinnati où, en plus d’être un événement annuel, c’est maintenant une organisation qui cherche, à travers l’art, à promouvoir la paix et la justice. On travaille donc avec les écoles, avec les jeunes, on encourage les artistes à exposer. Exerçant ma profession de médecin aux Etats-Unis où je vis, j’ai pris ma retraite il y a un an, et étant plus libre de mon temps, j’ai voulu venir et lancer la même idée au Liban.
SOS Art est vraiment local, démocratique, égalitaire et ouvert à tous. Finalement, il n’y a pas de différence de niveau entre les artistes, l’important est le message. Si l’artiste est bon, s’il a un bon message, l’essentiel va passer. L’événement ne vise pas à promouvoir l’artiste avec son ego, mais la voix de l’artiste. Ainsi, tous les artistes qui participent présentent des œuvres de très bonne qualité, car pour pouvoir dire quelque chose qui vous interpelle et vous touche, vous allez le dire avec force, vous ne faites pas un travail pour plaire ou pour vendre, mais parce que cela vient de votre for intérieur, de votre volonté. Dans ce sens-là, tous les artistes ici présents sont de très bon calibre. Bien sûr, comme tout dans la vie, certains n’ont pas encore la maturité du parcours.

Est-ce que vous avez l’intention d’en faire un événement annuel au Liban également?
Je le voudrais bien. Je mise sur la réussite de ce premier événement en espérant que ça deviendra un rendez-vous annuel. Je reste une dizaine de jours à la fin de l’événement pour voir un peu les échos et, peut-être, mettre en place un comité local qui suit les développements et, surtout, qui partage la même idée, les mêmes concepts. Parce que si ça continuera, j’aimerais que ce soit dans le même but. Je ne veux pas perdre l’esprit de SOS Art qui, par définition, est entièrement gratuit, égalitaire. Le prix est le message de l’artiste, je ne veux pas qu’il y ait une différence entre les grands artistes et les autres, nous sommes tous grands.

Propos recueillis par Nayla Rached

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