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Nº 3046 du vendredi 25 mars 2016

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Crise des déchets. Les ordures ramassées au pas de tortue

Le ramassage des déchets anciens, qui a commencé samedi 19 mars, marque-t-il le début de la mise en application du nouveau plan gouvernemental pour résoudre la crise? Est-ce la fin d’un feuilleton qui a duré plus de huit mois?
 

Après huit mois de crise aiguë, les premiers camions de Sukleen ont commencé, le week-end dernier, à s’activer pour ramasser les milliers de tonnes de déchets amoncelées un peu partout depuis la fermeture de la décharge de Naamé le 17 juillet dernier.
Rappelons que le 12 mars dernier, le gouvernement adoptait finalement un plan global pour résoudre la crise des déchets prévoyant la réouverture du site de Naamé pour une période de 60 jours malgré la colère des habitants et de la société civile.
La décharge est ainsi censée accueillir les 300 000 tonnes de déchets anciens accumulés depuis le début de la crise. Alors que le ballet des camions de Sukleen a déjà commencé à l’entrée du site, peut-on enfin espérer la fin d’un feuilleton qui a duré plus de huit mois?
Pour Nabil de Freige, ministre d’Etat chargé de la Réforme administrative, «la situation est en train d’avancer malgré certains problèmes rencontrés sur le terrain. Nous avons pu ramasser jusqu’à 8 000 tonnes de déchets en une journée, a-t-il ajouté. A ce rythme, il nous faudra moins de deux mois pour nettoyer le pays».
Mais pour cela, l’entreprise Sukleen chargée du ramassage des ordures devra affronter les ires de la société civile. Dimanche 20 mars au soir, un camion de la compagnie était brûlé dans la région de Doha. Les habitants des environs de Naamé l’avaient prévenu: «Nous camperons devant la décharge s’il le faut, mais nous ne permettrons, en aucun cas, la réouverture du site, déclarait, à Magazine, Ajwad Ayache, le responsable de la campagne de fermeture de la décharge de Naamé.
Pour Raja Noujaim, coordinateur général de la coalition de lutte contre le plan gouvernemental, «le début des opérations à Naamé ne marque en rien celui de la mise en application du plan gouvernemental. Cela signifie juste que le gouvernement a perdu la carte des déchets amoncelés dans la rue et a été obligé de rouvrir Naamé. Pour le Premier ministre Tammam Salam, c’était ou cela ou la démission du gouvernement. La réouverture de Naamé était le seul moyen de ne pas démissionner. L’erreur des habitants de la localité a été de ne pas forcer le gouvernement à trier les déchets une fois transférés dans la décharge. La réouverture de Naamé aurait pu être une bonne chose si le tri des déchets avait été assuré une fois là-bas», considère le scientifique.
Raja Noujaim en est persuadé, le nouveau plan gouvernemental ne sera jamais appliqué. «Nous n’arriverons pas à cette étape du plan gouvernemental, prévient-il. Vous verrez, ils commenceront à nettoyer la rue et à transférer les déchets anciens à Naamé. Mais les habitants de Bourj Hammoud et Khaldé bloqueront ensuite le reste du plan. Personne n’acceptera que des déchets frais servent de remblaiement pour créer des terrains sur la mer. Je suis persuadé que le gouvernement sera forcé d’effectuer un tri très minutieux des déchets pour que les municipalités concernées acceptent les décharges côtières».
Selon l’activiste, cela expliquerait le flou des déclarations qui règnent toujours du côté des représentants des municipalités concernées. «Vous triez, on prend», telle est la position de ces dernières résumée par l’activiste. La solution du tri sera la seule qui pourra être appliquée», conclut-il. Affaire à suivre.

 

Soraya Hamdan

Le néo-plan gouvernemental
La décision gouvernementale adoptée le 12 mars prévoit pour les nouveaux déchets le réaménagement des décharges de Bourj Hammoud/Bauchrié et de celle de Costa Brava, à Khaldé. La première devrait desservir les régions du Kesrouan, du Metn et une partie de Baabda, tandis que la seconde devrait accueillir les nouveaux déchets provenant de la banlieue sud de Beyrouth et de la région de Choueifate et de Aley. Les déchets provenant de la capitale administrative seront répartis entre ces deux décharges et celle de Saïda.

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