Ciel nuageux entre Rabié et Bnechaï
Les nuages s’amoncellent et la tension monte entre Rabié et Bnechaï, alors que les contacts sont rompus. Même le Hezbollah a suspendu les efforts de médiation qu’il menait pour rafistoler ce que la bataille présidentielle a brisé. La formation chiite, d’après ses milieux, est consciente que le climat régional et international évolue en faveur de ses alliés dans la région, c’est pourquoi elle n’est pas pressée de s’impliquer dans les querelles tactiques entre ses deux alliés, Michel Aoun et Sleiman Frangié, ni avec le président Nabih Berry qui sait très bien que les parties locales tentent de meubler le temps perdu en attendant que sonne l’heure des changements régionaux, heure qui dénouera la situation sans grands efforts. L’épicentre du nœud gordien étant en Arabie saoudite.
La visite de Hollande dénigrée
Certains médias qualifient d’erreur diplomatique la visite prévue du président français, François Hollande, à Beyrouth, estimant qu’il n’a rien à offrir aux Libanais. Le chef de l’Etat français n’est porteur d’aucune solution ou feuille de route susceptibles de mener le pays hôte vers une sortie de l’impasse constitutionnelle dans laquelle il s’est engouffré. Le succès de la visite, selon des journalistes français, reste lié au décèlement d’une issue à la vacance présidentielle, à la dynamisation de l’activité gouvernementale et parlementaire et à la modernisation de la loi électorale… Or, aucun signe positif à l’horizon au niveau de ces trois exigences.
Mikati, numéro un à Tripoli
Le président Najib Mikati ne souhaite pas se lancer dans une compétition électorale directe avec le Moustaqbal, à moins d’une impossible entente, dévoilent ses proches. Il souhaite, en fait, obtenir une part du gâteau municipal à la mesure de son poids politique et populaire. «Si nous admettons que le tayyar bleu est le numéro un de la communauté sunnite au Liban, cela ne veut pas dire qu’il est le premier à Tripoli. Le président Mikati se considère aujourd’hui comme une carte difficile, sinon le numéro un dans le chef-lieu du Liban-Nord. La conclusion d’un accord avec lui est la seule option pour Saad Hariri», affirment ces mêmes milieux. Ils soulignent, par ailleurs, l’accueil populaire réservé à Mikati lors de sa tournée dans les souks de la ville qui ont été réhabilités aux frais de son Association de la détermination et du bonheur. Ils mettent en avant aussi la foule venue souhaiter la bienvenue au caïd de Bab el-Tebbané, Saad el-Masri, à sa sortie de prison et connu pour être un adepte de l’ex-Premier ministre Mikati.
Aoun-Geagea: alliance provisoire?
Concernant l’alliance Aoun-Geagea à l’ombre de la relation FL-Hezbollah dont les chances d’amélioration sont nulles, les milieux des Marada prévoient l’effondrement de cette alliance provisoire, au cas où Michel Aoun n’accèderait pas à la présidence. Si le général de Rabié n’arrive pas à Baabda, le paysage politique connaîtra des modifications, et les FL réviseront leurs options, mais pas avant la fin des élections municipales, insistent ces milieux.
Que cachent les critiques de Yazbeck?
Les déclarations du chef de la commission de la charia du Hezbollah, le cheikh Mohammad Yazbeck, ont surpris les observateurs. Le dignitaire a dit refuser «le retour au passé, à l’époque du maronitisme politique quand on serinait que la force du Liban résidait dans sa faiblesse». Les analystes estiment que la position affichée par Yazbeck constitue une réponse claire de Haret Hreik, après le message envoyé à l’adresse de Rabié par sayyed Hassan Nasrallah dans sa dernière apparition télévisée, à l’alliance entre le Courant patriotique libre (CPL) et les Forces libanaises (FL) qui a ouvert la voie à une synchronisation bilatérale politique et administrative et mis sur pied un tandem chrétien incontournable à l’instar du duo Amal-Hezbollah.
L’implantation de facto
Sous le grand titre de l’organisation de l’exode syrien, les pays donateurs, via les institutions internationales, proposent une série de projets agrémentés de stimulus financiers à l’Etat libanais pour qu’il assure un abri à long terme aux déplacés syriens, révèle le ministre du Travail, Sejaan Azzi. «Il est vrai, ajoute-t-il, que Ban Ki-Moon n’a pas parlé d’implantation, or celle-ci n’est pas qu’une décision, mais le résultat de plusieurs dispositions et facteurs, allant de la présence à l’habitat, à l’éducation, à l’adaptation au milieu… Malgré les sentiments fraternels et humanitaires que nous leur vouons, nous ne voulons pas reproduire avec les réfugiés syriens le scénario de 1948 avec les Palestiniens. Le Liban ne peut pas subir l’implantation des déplacés, ni même leur présence sur son sol à long terme. Ni l’économie, ni la formule politique, ni la démographie, ni le marché du travail, ni l’unité fragile du Liban ont la capacité d’assimiler cette situation à la dimension sécuritaire, politique et existentielle».
Présidentielle: entre Moscou et Washington
La Russie a un rôle primordial à jouer au niveau de l’élection présidentielle au Liban, selon l’analyse d’un diplomate occidental. La Russie, oui, mais en coordination avec les pays influents, via l’entente russo-américaine dont les grandes lignes restent à définir en vue de mettre fin à la vacance du pouvoir. Surtout après la dernière visite du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, à Moscou au cours de laquelle le dossier libanais avait été évoqué. La France et le Vatican, pour leur part, pensent qu’il est urgent de clore cette affaire.
Nabih Berry sérieusement menacé
Les forces de l’ordre ont adressé des mises en garde au président Nabih Berry lui demandant de prendre des dispositions urgentes pour assurer sa protection. Les services sécuritaires en charge auraient déjoué plusieurs tentatives d’assassinat qui visaient le numéro 2 de la République, mais ont préféré ne pas les ébruiter.
Si le chef de l’Assemblée est ciblé par les terroristes, c’est parce qu’il représente l’un des principaux fondements de l’équilibre sur la scène libanaise, vu son caractère de rassembleur et d’unificateur de toutes les composantes du paysage politique. Récemment, les responsables de la sécurité ont renforcé les mesures de protection autour du président Berry, à Aïn el-Tiné, et surtout lors de ses déplacements.
Que se passe-t-il à Aïn el-Heloué?
Les avis divergent sur l’évaluation du danger sécuritaire que représentent les camps palestiniens, et particulièrement celui de Aïn el-Heloué. Une source palestinienne estime que les incidents armés, qui se sont récemment déroulés dans ce camp, sont dus à des divisions internes entre les différentes ailes du Fateh. Certains de ces milieux accusent le responsable de ce dernier groupe, Mohammad Dahlan, d’être à l’origine de ces altercations, en instrumentalisant les groupes armés relevant de Mahmoud Abdel-Hamid Issa (Lino) qui se décrit «chef du courant réformateur du mouvement Fateh». Les diverses factions ont publié des communiqués d’échange d’accusations, ce qui a mis en lumière l’attachement de certains à «l’accord de réconciliation» conclu avec les groupes de la Jeunesse musulmane, une sorte de méli-mélo terroriste takfiriste dont le rôle s’amplifie à l’intérieur du camp. La Jeunesse musulmane a, par ailleurs, publié un communiqué accusant Lino et Dahlan d’œuvrer à pousser les habitants du camp à l’exode. Les divisions internes au sein du Fateh ont pour effet d’accroître l’influence des radicaux sur les jeunes du camp, ajoute la source. Oussama Chéhabi, le terroriste en fuite, a déclaré, dans un entretien télévisé, que rares sont les adeptes de l’idéologie de Daech dans le camp, ce sont surtout des jeunes influencés par les films et les déclarations de l’EI, mais ils sont divisés. Plusieurs d’entre eux voudraient rejoindre Rakka, dès que possible. Sans que cela veuille dire qu’ils ont un projet pour Aïn el-Heloué.
Le message dissuasif de Nasrallah
Alors que les centres de recherches israéliens continuent d’analyser la dernière interview donnée par sayyed Hassan Nasrallah, on révèle qu’un haut responsable américain de la sécurité a débarqué à Beyrouth en quête de renseignements à ce sujet, posant moult questions aux personnalités libanaises qu’il a rencontrées. Certains analystes soulignent que le leader du Hezbollah n’a pas émis de menaces contre Israël au cours de cet entretien télévisé, comme le prétendent Tel-Aviv et Washington. Il a plutôt parlé d’une position défensive que la Résistance prendrait au cas où Israël mettait ses récentes menaces à exécution. Des militaires et des politiques israéliens avaient, en fait, menacé d’attaquer le Liban et de détruire ses infrastructures. Le décodage israélien des propos de Nasrallah était, d’après les observateurs, plus sérieux que celui effectué par les Américains. Les analystes de l’Etat hébreu ont bien saisi que le message qu’a voulu transmettre le chef du parti chiite était d’ordre dissuasif visant à décourager Israël de mener une quelconque agression contre le Liban, en lui faisant savoir que la Résistance était tout à fait prête à relever les défis.
Les diplomates saluent l’armée
Faire l’apologie de l’institution militaire est devenu presque coutumier chez les diplomates en poste au Liban et même chez les responsables étrangers en visite dans le pays. Or, comme le déplorent certains académiciens, tous ces éloges ne se traduisent malheureusement pas en actes concrets, en sérieux appuis à l’armée qui a besoin d’équipements pour faire face aux multiples défis qui menacent le pays. Le manque de financement et les errements de certains politiques n’ont pas eu d’incidence sur l’efficacité de la troupe au niveau de la consolidation de l’unité nationale. L’épisode de l’assassinat du soldat en fuite lié aux forces terroristes, Atef Saadeddine, confirme que la structure de l’armée reste solide et bien homogène, malgré les fatwas takfiristes lancées par les symboles du terrorisme religieux pour inciter les soldats à la désertion. Le cas de Saadeddine met en avant l’importance du rôle de l’armée en tant que garante de la cohésion nationale. Le soldat déserteur avait rejoint les rangs d’une organisation takfiriste et combattu l’armée à Tripoli et à Ersal. Il a trouvé la mort à Akkar lorsqu’il a lancé des grenades et tiré sur une patrouille des Renseignements de l’armée qui tentait de l’arrêter.
Querelle sur les wakfs chiites
Querelle autour de plusieurs biens entre le Conseil supérieur chiite et l’ex-ministre Ibrahim Chamseddine. Ce dernier souhaite conserver l’héritage laissé par son père, le cheikh Mohammad Mehdi Chamseddine, qui avait inscrit en son nom des institutions appartenant à la communauté, du temps où il occupait le poste de vice-président du Conseil supérieur chiite. L’héritage inclut d’importantes institutions pédagogiques, sanitaires et religieuses. Dans les milieux communautaires, on dit que Chamseddine a perdu la bataille depuis un certain temps sur le plan populaire à cause de son rapprochement du 14 mars et, surtout, du soutien qu’il apporte au président Saad Hariri. Mais il a décidé de transférer la bataille devant les tribunaux, espérant enregistrer une «victoire» sur les notables du Conseil chiite qui n’acceptent pas, par principe, le legs des awkafs de la communauté. Le Conseil d’Etat a ainsi rejeté une plainte déposée par Chamseddine contre la décision d’incorporer la mosquée de l’Imam Sadek près du rond-point Chatila au wakf de la communauté. Le magistrat Chucri Sader, président du Conseil d’Etat, a jugé que ses prérogatives ne lui permettaient pas d’examiner cette affaire, parce que la décision d’enregistrer la mosquée dans les biens du wakf concerne l’autorité communautaire qui jouit d’un statut indépendant. Le Conseil d’Etat a également rejeté une demande de médiation de la municipalité de Beyrouth, réclamée par Chamseddine.