Etre étudiant… ça s’apprend. Gérer son travail pour réussir au niveau académique constitue, certes, un élément crucial du parcours académique de l’étudiant. Il n’en demeure pas moins que le côté relationnel joue aussi un rôle extrêmement important.
Comment tenir pendant plusieurs années à l’université, surtout que la difficulté n’est plus aujourd’hui celle d’entrer à l’université mais d’y rester? Côté académique, il s’agit d’accumuler les bonnes notes. Mais souvent, on oublie le côté social de ce «métier d’étudiant». Toute une palette de relations vous accompagne le long de votre parcours, notamment celles qui vous lient à vos professeurs.
Relation pédagogique
Avec des amphithéâtres de plus en plus condensés, des cours de plus en plus consistants, des professeurs peu disponibles à tout moment de la journée, difficile de se distinguer de la masse, et établir un contact solide avec son professeur requiert du temps. Il s’agit, avant tout, de comprendre que c’est la relation pédagogique qui relie professeur d’université et étudiant. Si cette relation constitue souvent un maillon faible au niveau du parcours universitaire de l’étudiant, c’est que plusieurs facteurs y ont contribué: absence de motivation, sentiment d’anonymat, flou pédagogique, etc. D’où la nécessité de prendre le temps de forger une telle relation. En effet, trois principales temporalités caractérisent le développement de cette liaison: le temps de l’étrangeté, où l’étudiant pourrait avoir l’impression d’avoir pénétré un monde inconnu, le temps de l’apprentissage au cours duquel il commence à s’adapter progressivement et, enfin, le temps d’affiliation où l’étudiant est déjà pleinement intégré dans ce cadre universitaire. Pour atteindre ce stade dernier, il est à noter que la relation pédagogique avec les enseignants du supérieur devient de moins en moins réduite, puisque de plus en plus de travaux dirigés sont mis en place, des prises de rendez-vous hors salles de cours se multiplient, l’usage de plateformes en ligne se fait de plus en plus fréquent, etc. Ajoutons à cela les consultations, demandes d’informations et de précisions, requêtes… qui se font place par courriel. Pour s’adapter donc à ce nouveau public adepte de la technologie, les professeurs ont dû fournir plus d’efforts.
Relation sociale
La relation entre les étudiants et les enseignants va bien au-delà de la relation pédagogique. Il s’agit d’un rapport entre deux adultes avec tout ce que cela implique. Maintenir une relation positive entre ces deux protagonistes se répercute indéniablement tant sur la qualité de l’expérience universitaire de l’étudiant que sur le vécu professionnel de l’enseignant. La relation sociale entre ces derniers s’explique de manière psychologique. En effet, l’étudiant a souvent tendance à projeter sur le professeur, non seulement l’image de ses parents, mais aussi l’image souvent inconsciente qu’il se fait de lui-même, de ses propres conflits, d’un idéal rêvé ou autre. En réalité, c’est avec l’image que l’étudiant se fait du professeur que ce premier établit la relation sociale, ce qui pourrait conduire à des situations conflictuelles, rendant l’étudiant hostile envers l’enseignant et le poussant à se rebeller contre lui. D’où l’importance de prendre un certain recul au niveau de la perception que nous avons du professeur et de chercher, avant tout, à se concilier avec lui, indépendamment de toute crainte de sanction.
Ce que votre place dit de vous
Ayant étudié de près la relation entre enseignant et étudiant, Yves Guyot, auteur de plusieurs ouvrages autour de la relation pédagogique, examine «l’effet de l’espace sur la fréquence des échanges et la qualité de la communication entre les acteurs de la situation d’apprentissage». La distance spatiale qu’impose l’étudiant entre lui et son professeur en dit long sur la qualité de la relation qu’il souhaite établir avec lui. Guyot explique: «Cette distance physique traduit une distance psychologique qui est l’expression d’obstacles préexistant à la communication». En d’autres termes, l’occupation du premier rang dans la salle de cours traduit, selon l’auteur, le désir d’une proximité à la fois affective et intellectuelle, alors que le positionnement au dernier rang indique, la plupart du temps, une crainte de parler en public ou une passivité intellectuelle.
Gérer les conflits
Incompréhension, messages non parvenus… Les conflits se multiplient-ils avec vos professeurs? Comment agir? La communication serait le meilleur moyen pour résoudre tout problème avec son professeur. Evitez d’être impulsif. Attendez que votre esprit ainsi que celui de l’enseignant se débloquent et allez le voir à la fin du cours pour lui expliquer calmement votre point de vue. Remettez-vous en question: le problème vient-il de vous ou de lui? Vous opposez-vous à lui pour prouver votre libre-arbitre ou pour signaler votre désaccord avec une idée qu’il vient d’émettre? Essayez de trouver l’origine de la discorde et tentez d’apaiser les tensions discrètement, en tâchant de lui montrer que vous êtes prêt à surmonter le problème et à fournir des efforts. Pour ce faire, les outils de la communication passent avant tout: l’empathie, la reformulation, les questions socratiques, etc. Oser la fermeté (mais non à tort), l’équité, la capacité à être juste et à exprimer de la reconnaissance, savoir responsabiliser et manier les renforcements positifs et négatifs, pourraient aussi vous être indispensables pour régler le problème.
Amicales des étudiants
Il serait inapproprié de parler de relations sociales sans évoquer l’une des composantes essentielles de la vie étudiante, à savoir l’Amicale des étudiants. C’est dans le but d’assurer un cadre institutionnel à la vie étudiante et d’organiser les voies du dialogue entre les étudiants, d’un côté, et entre ces derniers et l’administration de l’université, de l’autre, que le principe des amicales a été mis en place, au-delà des clivages politiques. Ayant pour objectif premier de permettre une grande participation de tous les étudiants à la vie étudiante à travers tous les moyens que l’amicale traite de divers sujets tels les examens, les enseignements, les méthodes de contrôle de connaissances, les maquettes pédagogiques, les budgets de l’université, les activités politiques et apolitiques, les événements extra-universitaires, etc. Faire partie de l’amicale des étudiants d’une université ne peut qu’être utile pour un épanouissement social à court et à long termes.
Natasha Metni