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Nº 3050 du vendredi 22 avril 2016

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A la Résidence des Pins. Témoignage de soutien et d’amitié

Un témoignage de soutien, de solidarité et d’amitié. C’est ainsi qu’est qualifiée la visite du président français François Hollande au Liban, les 16 et 17 avril. Ce n’était pas une visite d’Etat ou une visite officielle, on l’a assez dit et répété. Quoi qu’il en soit, en moins de 24 heures, la Résidence des Pins a été témoin de plus d’une rencontre.  

C’est finalement à la Résidence des Pins, dans ce haut lieu symbolique, que le président français, François Hollande, aura passé le plus de temps et rencontré le plus grand nombre de personnes. D’abord, il a accueilli des représentants de la communauté française au Liban dans les jardins de la Résidence. Vu le nombre élevé des Français inscrits sur les listes consulaires et dont le nombre atteint 23 000 personnes, un échantillon représentatif de cette communauté a été convié à cette réception. Une source informée a confié à Magazine que la communauté française du Liban ne se limite pas à Beyrouth. Bien au contraire, elle s’étend sur toute la surface du pays, de Tripoli jusqu’au Sud. Elle reflète la diversité qui existe entre les deux pays. Au cours de cette réception, la chorale de l’Université Antonine a interprété de manière magistrale La Marseillaise.
Cette rencontre était suivie d’un dîner offert par le président français à la Résidence des Pins. «On ne peut pas qualifier cet événement de dîner d’Etat car il s’inscrit dans le cadre d’une visite amicale, qui exprime la solidarité de la France avec le Liban, en l’absence d’un président. Si cela avait été le cas, ce dîner aurait été offert par le président libanais», confie une source bien informée à Magazine. Ce n’était pas toute la République qui y était invitée contrairement à ce qu’on aurait pu penser. Magazine a appris qu’étaient présents notamment les présidents Nabih Berry et Tammam Salam, ainsi que les anciens présidents de la République Michel Sleiman et Amine Gemayel. Les anciens Premiers ministres: le général Michel Aoun, Najib Mikati et Saad Hariri étaient présents. Fouad Siniora, se trouvant aux Etats-Unis, en était absent. Le bureau de la Chambre et les chefs de partis faisaient partie des invités: Samir Geagea, Gebran Bassil, Walid Joumblatt accompagné de son épouse Nora et son fils Taymour, Sleiman Frangié et Samy Gemayel.
Le gouvernement au complet n’était pas convié. En réalité, explique la source interrogée par Magazine, les ministres dont les homologues français étaient présents ont été invités. Ainsi, on notait la présence des ministres de la Défense, Samir Mokbel, de la Culture, Rony Araygi, des Affaires sociales, Rachid Derbas et de l’Intérieur, Nouhad Machnouk. Le ministre des Finances Ali Hassan Khalil, convié également, s’est absenté en raison d’un empêchement de dernière minute. Le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, était également là.
Le lendemain matin, avant de se rendre en hélicoptère à la Békaa, le président François Hollande a rencontré les dignitaires religieux. Il a notamment accueilli le patriarche maronite Béchara Raï sur le perron de la Résidence et reçu les dignitaires religieux des différentes communautés: le patriarche orthodoxe Youhanna Yazigi, le patriarche grec-catholique Grégoire Laham III, le métropolite de Beyrouth Elias Audeh, le mufti de la République Abdel-Latif Derian, le mufti jaafari Ahmad Kabalan et le cheikh akl druze Naïm Hassan. Le président français a également reçu l’ancien député Samir Frangié et l’éditrice Hind Darwish, au nom du groupe chargé de «l’initiative pour le vivre-ensemble en Méditerranée», qui cherche à réunir les modérés du Bassin méditerranéen autour d’un projet de lutte contre la violence et de promotion de la paix et du vouloir vivre en commun. Il a aussi reçu l’ancien ministre de l’Intérieur, Ziyad Baroud, l’avocat Chibli Mallat et la psychologue Mona Fayad en tant que représentants de la société civile. Interrogé par Magazine sur ses impressions, l’avocat Chibli Mallat a confié: «J’ai eu l’impression que le président Hollande est un homme engagé, modeste et sans fioriture. Sous le label de la société civile, il a tout de suite saisi que la société civile qui n’est pas intéressée par la politique est dénuée de sens, et que le politique surdétermine la culture».

 

Protocole oblige
Une source informée a expliqué la raison pour laquelle on a confié au ministre de la Défense uniquement la mission d’accueillir et de dire au revoir au président François Hollande. Selon le protocole, un président de la République doit être accueilli par son homologue. Puisque il n’y a pas de président et afin d’éviter les susceptibilités, Nabih Berry et Tammam Salam se sont mis d’accord pour déléguer le plus haut responsable chrétien au gouvernement, pour qu’un responsable musulman n’exerce pas le rôle d’un chrétien. En tant que vice-président du Conseil des ministres, cette tâche a été dévolue à Samir Mokbel en accord avec le protocole français et, ainsi, la visite du président Hollande est passée de visite d’Etat à une visite de travail.    

Accolade entre Aoun et Frangié
Selon une source bien informée, le seul véritable entretien que le président François Hollande a eu était avec le ministre Gebran Bassil. «Il n’a pas eu d’entretien politique. Il a répété plus d’une fois que la France n’a qu’un seul candidat, c’est le Liban».
Quant au menu ce soir-là, c’était un dîner français «avec un bon vin, bien français». La source précitée a indiqué à Magazine que le foie gras servi au dîner venait de la ferme Saint-Jacques, une ferme bien libanaise. D’après notre source, l’ambiance était agréable et détendue. «Les invités étaient capables de cohabiter et ne se regardaient pas en chiens de faïence. Nous avons même assisté à une accolade très chaleureuse entre le général Michel Aoun et Sleiman Frangié. C’est cela la vocation de la Résidence des Pins, d’être un lieu de rencontre entre les Libanais et entre Libanais et Français».

Joëlle Seïf

 

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