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Nº 3050 du vendredi 22 avril 2016

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Le président français à Zahlé. Pas d’implantation des réfugiés au Liban

En cette belle journée de printemps, le dimanche 17 avril, la plaine verdoyante de la Békaa s’était parée de ses plus beaux atours pour accueillir le président français. Le camp de Dalhamiyé brillait comme un sou neuf sous le soleil de plomb et les déplacés syriens, que nous avons rencontrés après le départ de François Hollande, avaient revêtu leurs plus beaux habits pour recevoir l’hôte de marque.

Pour la visite d’un camp de déplacés syriens, devenue passage obligé pour tout visiteur étranger de marque au Liban – après le Premier ministre britannique, David Cameron, en passant par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon –, le président français, François Hollande, avait opté pour le camp no 61, baptisé camp Bou Hussein el-Droubi, à Dalhamiyé. Les mesures de sécurité sont très strictes. Journalistes étrangers et libanais sont confinés dans un espace réduit. Ils n’ont pas le droit de sortir du camp pour se ravitailler ni d’adresser la parole aux déplacés, restés d’ailleurs cloîtrés dans leurs tentes, à l’intérieur du camp, jusqu’au départ du président français. A notre arrivée, le camp est très calme. Pour un dimanche matin, il n’y a ni enfants qui jouent et crient ni adultes qui déambulent désœuvrés.
 

«Solidarité exceptionnelle»
Après avoir survolé en hélicoptère la Békaa-Est pour se rendre compte de la situation et du déploiement des camps de déplacés dans la région, le président Hollande est arrivé à 12h50, à bord d’un convoi de jeeps, entouré d’un fort dispositif sécuritaire. Le Liban officiel n’était représenté que par le ministre de la Défense, Samir Mokbel. L’hôte d’honneur français est accompagné de son ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, de la ministre de la Culture, Audrey Azoulay, et de l’ancien ministre de la Culture et actuel directeur de l’Institut du monde arabe, Jack Lang. Aucun représentant de la presse n’a eu le droit de l’accompagner dans sa tournée à l’intérieur du camp, la couverture de l’événement étant exclusivement réservée à TF1 et à l’AFP. Hollande se limitera à la visite de l’école où les enfants l’ont accueilli avec un «Bonjour M. le président François», avant de lui offrir des fleurs et de réciter des poèmes en arabe. Il rencontrera la famille qui sera bientôt installée en France.
Avant l’arrivée de l’hôte d’honneur, nous nous sommes entretenus avec Sahar Abdel-Karim, 23 ans, déplacée syrienne habitant le camp. Avec un bébé de dix mois sur les bras, son histoire est celle de tant d’autres. Elle est l’une des rares à travailler pour l’Unicef, en tant qu’animatrice pour enfants dans l’école du camp, même si c’est pour un salaire très modeste qui lui suffit à peine. Son mari est parti en Turquie, et de là en Allemagne, où elle espère pouvoir le retrouver un jour. Lorsqu’on lui demande ce qu’elle attend de la visite du président Hollande, elle sourit pour la première fois et, le regard rêveur, confie: «Si seulement il pouvait m’emmener avec lui en France et de là j’irai rejoindre mon mari».
Le président Hollande a salué les Libanais qui ont fait preuve d’une «solidarité exceptionnelle» devant l’afflux de milliers de Syriens. Il a rendu hommage au Haut comité de la Croix-Rouge (HCR) et à toutes les associations humanitaires pour leur action, surtout concernant la scolarisation des enfants. «La France doit s’engager à soutenir le Liban et les associations humanitaires. C’est la raison pour laquelle, dès cette année, 50 millions d’euros seront à la disposition du Liban pour améliorer l’accueil et faire encore davantage sur le plan de la scolarité pour que les enfants puissent avoir un espoir». Il a aussi parlé de la réinstallation de quelques familles en France. «Un nombre de familles sera accueilli en France. Il y en a eu 1 000 cette année et il y en aura 2 000 pour les deux prochaines années». Pour Hollande, «ce que veulent ces familles ce n’est pas aller en Europe, mais c’est pouvoir retourner le plus rapidement chez elles pour reconstruire leur pays. C’est ce que souhaitent aussi les Libanais: qu’il n’y ait pas d’implantation durable. Dès que reviendra la paix, car la paix est possible, ces familles rentreront d’où elles viennent et referont leurs vies». Sur ce message plein d’espoir, François Hollande a poursuivi sa visite dans la Békaa, au siège du HCR à Zahlé, avant de s’envoler pour l’Egypte.

 

Un camp syrien type
Le camp visité par le président François Hollande dans le village de Dalhamiyé porte le numéro 061. Il est baptisé Bou Hussein el-Droubi et compte 98 tentes où sont réparties 124 familles avec des enfants de 3 à 12 ans. Il comporte une école composée de deux tentes tenues par l’Unicef. L’association Beyond est également très active dans ce camp où un espace offre aux enfants de 3 à 14 ans des activités récréatives et des cours élémentaires.

Joëlle Seif

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