Magazine Le Mensuel

Nº 3053 du vendredi 13 mai 2016

Expositions

Mitsou III. «La peinture est une évasion»

Du 20 au 29 mai, la galerie SV à Saifi accueille l’exposition de peinture Mitsou III, le surnom de Fouad Tabet. Une exposition qui plonge ses racines dans la nature.

Mitsou III, en référence à la 3e exposition de Fouad Tabet, sans titre, ni intitulé, ni thème, qui tonne comme une invitation à entrer dans l’univers de Mitsou, où règne la nature, essentielle source d’inspiration. Et Tabet de citer ces vers de Lamartine qu’il brandit en credo: «La nature est là qui t’invite et qui t’aime/Plonge-toi dans son sein qu’elle t’ouvre toujours/Quand tout change pour toi, la nature est la même/Et le même soleil se lève tous les jours». «La nature, ajoute-t-il, c’est l’essence même de la couleur. Les premiers à avoir compris le sens de la nature, c’est l’école des impressionnistes. A travers leurs tableaux, ils ont donné au public le plaisir de ressentir le besoin de regarder la nature, de voir ce qu’elle offre». Des couleurs superbes avant tout. Un ressenti qui se concrétise par une simple constatation qui constitue également ce parti pris d’inspiration: «La couleur indiquée sur les tubes de peinture qu’on achète fait immanquablement référence à un élément de la nature, comme le vert-cèdre, le bleu-ciel…».
Tubes de couleur, pinceaux, canevas… pour Mitsou, la peinture est une évasion, un moment de répit, de détente, de décompression qu’il s’octroie de son métier stressant. Homme d’affaires à la tête d’une société qui s’occupe de l’habillage de bâtiment, il s’adonne à la peinture, en autodidacte, depuis environ cinq décennies. En 1967, à la suite d’une opération chirurgicale, son médecin lui recommande d’exercer sa main pour réactiver des muscles fragilisés. Cumul de circonstances, un ami qui le visite à l’hôpital lui offre une boîte de peinture, des canevas, l’encourageant à s’y mettre, lui qui aime la peinture, qui aime les impressionnistes. «Et voilà, j’ai commencé à faire de la peinture», dit-il, se rappelant son premier tableau, une copie de L’Estaque de Paul Cézanne, qu’il a offert à son chirurgien.
 

«La nature, essence de la couleur»
Les choses commencent à se mettre en place, pendant sa convalescence, il peint une vue de Beit-Méry prise à partir de Broummana, un paysage saisi sur le vif. Il envoie le tableau au Salon de l’automne du Musée Sursock. Sur les 350 œuvres envoyées, 80 sont sélectionnées, parmi lesquelles son tableau. «Ça m’a donné un coup de fouet». Il s’attelle alors à la peinture sous le nom de Mitsou.
Mitsou, c’est toute une histoire. Qui remonte à avant sa naissance. Sa mère, grecque d’Egypte, était en visite en Alexandrie quand elle était enceinte. Elle croise là un petit Japonais qui cherche à lui vendre du chewing-gum. Il s’appelait Mitsou. Elle se décide alors à appeler l’enfant à naître Mitsou si c’est un garçon, Mitsie si c’est une fille. Toute une péripétie de prénoms, entre le gui de Noël, l’influence du mandat français, Fouad Tabet reste Mitsou pour ses amis, pour sa famille… Et pour sa peinture. Une passion qui remonte à l’enfance, quand il se faufilait entre les échantillons de carrelage, de tissus et de dessins de son père architecte. Ambitieux, il choisit le métier des affaires, tout en cultivant son amour des impressionnistes et leur fascination pour la nature. La nature qui reste toujours sa source d’inspiration, la nature d’ici et d’ailleurs. Le Saule pleureur, Village en Suisse, Champ à la Békaa, Central Park en été, Central Park en hiver, La femme au chapeau rouge, Vallée de la Kadisha, Village au Liban Hasroun… Ses tableaux sont vendus à New York, Paris, Beyrouth. «Chaque fois que je vends un tableau, je sens que c’est une partie de moi qui s’en va. Je suis à la fois heureux et malheureux».
A quelques jours de l’inauguration de son exposition, il vient d’achever une toile représentant un oiseau, le guêpier, au plumage ondoyant de couleurs. La nature encore dans ses diverses formes que Mitsou célèbre dans sa peinture, dans l’inspiration qu’il y puise: «Je le sens dans mes entrailles, je sens une joie et un plaisir inhérents à mon pinceau. La peinture est une évasion».

Nayla Rached

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