Passionnée jusqu’à en perdre haleine, Najwa Bassil Pietton, membre du conseil municipal de Jbeil, est profondément engagée envers sa région natale. Elle explique à Magazine que sa priorité va pour «une meilleure gouvernance locale et une meilleure démocratie participative». Entretien à bâtons rompus avec une femme forte et déterminée.
Après trois ans d’absence, vous voilà de retour encore plus impliquée que par le passé dans le travail municipal à Jbeil. Quelles sont les raisons de votre dévouement inconditionnel pour cette ville?
J’ai tellement à donner non seulement à cette ville, mais à tout le caza. Même durant ces trois années passées en dehors du Liban, et précisément au Brésil pour accompagner mon époux Denis Pietton dans sa mission diplomatique, je n’ai pas cessé de m’impliquer dans le travail municipal, même à distance. J’ai, par exemple, initié une coopération avec des collectivités territoriales étrangères, des projets communs qui intéressent les deux parties. Projets que nous avons réalisés avec l’appui moral et financier de ces collectivités. Des réflexions communes, un échange d’expériences, des apports techniques mutuels… un travail riche et diversifié. Nous avons ainsi découvert qu’au Liban, nous avons des ressources humaines très qualifiées, très compétentes. Peut-être pas au sein de la municipalité elle-même, mais parmi les consultants auxquels nous avons eu recours et qui ont rempli leurs missions à la perfection. Nous avons ainsi constaté que, souvent, l’apport technique que nous avons tendance à chercher ailleurs, nous pouvons le trouver sur le terrain au Liban.
Que vous a apporté votre séjour au Brésil et que vous avez pu traduire dans le travail municipal?
Mon expérience était dans un milieu diplomatique, mais j’ai pu constater à distance qu’il nous manque plusieurs facteurs pour pouvoir avancer efficacement dans notre travail. Il faut, par exemple, qu’il y ait une loi sur la décentralisation, qui donne plus de pouvoir de décision aux centres locaux, plus de financement. Il nous faudra créer de nouveaux postes, qui soient concordants avec les besoins de la collectivité pour asseoir nos prérogatives et même les développer.
Quelles sont vos priorités personnelles au sein de la municipalité?
Ma priorité va pour une meilleure gouvernance locale et une meilleure démocratie participative. Sur le plan pratique, j’ai initié un centre culturel aux activités riches et diversifiées. Il s’agit aussi de développer le tourisme, d’encourager les petites et moyennes entreprises, de favoriser la création de nouveaux emplois. Travailler dans la transparence et par le biais d’une communication active. Il s’agit également d’activer le rôle de Jbeil au sein du caza et de remplir un rôle de développement au niveau de tous les villages. C’est dans ce cadre qu’intervient «La Maison du tourisme dans le développement du caza de Jbeil».
Comment expliquez-vous cet engouement pour la ville de Jbeil dont la renommée est devenue internationale?
Il y a eu d’abord un changement au niveau visuel et la montée de la ville a commencé au niveau local. Tout s’est déclenché quelque part avec l’arbre de Noël que nous voulions exceptionnel et qui, grâce aux moyens de communication, a fait le tour du monde. La mondialisation nous a beaucoup aidés pour nous exposer sur la scène internationale. Puis, il y a eu le projet du jardin public pour lequel nous avons reçu un prix et puis c’est allé crescendo. Le grand défi, c’est de ne pas baisser les bras et de poursuivre notre ascension. Nous avons su réfléchir sur des projets et les concrétiser. C’est peut-être là le secret de notre succès.
Nous avons l’impression que le facteur politique intervient moins qu’ailleurs à Jbeil, c’est peut-être pour ça aussi que vous avez réussi?
Tout à fait. Certains ont prétendu que l’ancien président de la République Michel Sleiman nous a aidés mais, en fait, ceci n’est pas vrai. Nous avons réussi à convaincre des bailleurs de fonds comme François Bassil, comme Carlos Slim, qui a supervisé la construction d’un club sportif et nous l’a remis clés en main…
Propos recueillis par Danièle Gergès