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Nº 3055 du vendredi 27 mai 2016

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Elections au Liban-Sud. Entre le CPL, Hariri et le tandem chiite

852 274 citoyens étaient appelés à élire leurs conseils municipaux au Liban-Sud, le dimanche 22 mai. Ce troisième round des élections municipales n’a pas apporté de réelles surprises. Des 178 conseils municipaux au Liban-Sud, 43 ont été élus d’office. L’élément le plus important à retenir serait l’élection d’Amal Abou Zeid, seul député jouissant d’une «légitimité populaire» au Parlement depuis 2009.

En ce troisième dimanche électoral du mois de mai, tous les regards étaient tournés vers Jezzine, où se déroulait, en plus de l’élection municipale, la partielle d’une élection législative pour pourvoir au siège laissé vacant, depuis 2014, par le décès du député Michel Hélou. Sans réelle surprise, Amal Abou Zeid est élu député de Jezzine avec un écart de votes atteignant presque le double de son principal rival, Ibrahim Samir Azar. Avec cette victoire, Jezzine confirme, encore une fois, son allégeance au général Michel Aoun et son retour dans le giron «orangiste» depuis 2009, ce fameux jour où le général avait arraché Jezzine à l’emprise de Nabih Berry, en récupérant les trois députés chrétiens de la ville où il avait défié, à lui seul, les Forces libanaises, les Kataëb et les deux anciens députés, Samir Azar et Edmond Rizk.
Quatre candidats étaient en lice: Amal Abou Zeid appuyé par le CPL, les FL et l’ancien député Edmond Rizk; Ibrahim Samir Azar, appuyé par le mouvement Amal et les familles; l’ancien directeur des Forces de sécurité intérieure (FSI), Salah Gebran, et le dissident du CPL Patrick Rizkallah, qui s’est présenté juste pour marquer un point. Amal Abou Zeid a récolté 14 653 voix, Ibrahim Azar 7 759, Salah Gebran 3 162 et Patrick Rizkallah 399 voix. Officiellement, les Kataëb avaient laissé la liberté à leurs partisans mais, en réalité, ceux-ci auraient voté pour Ibrahim Azar.
Le taux de participation à l’élection législative partielle a enregistré 53%, un score identique à celui de 2009. Contrairement aux élections de Jounié, que ce soit au niveau de la partielle ou des municipales, l’entente de Maarab s’est parfaitement concrétisée à Jezzine, où CPL et FL ont mené la bataille côte à côte. Ainsi, malgré la secousse qu’a subie ce fameux accord après les élections du Mont-Liban, il a montré avec les élections du Sud qu’il mûrissait petit à petit et réussissait à tenir le cap, envers et malgré tout.
Si la victoire «orange» du député Amal Abou Zeid était incontestable et a montré, encore une fois, la puissance du général Aoun à Jezzine, en revanche, la défaite du CPL aux municipales de Jezzine était un véritable choc pour les aounistes. Au lendemain de la longue journée électorale, on enregistrait avec un écart de deux voix uniquement, l’échec aux municipales du président de la liste Khalil Harfouche et actuel président de la fédération, ainsi que trois autres membres aounistes. Quatre membres de la liste adverse ont réussi à percer et à remporter quatre sièges du conseil municipal (voir encadré).
 

Saïda: succès mitigé de Hariri
C’est en conquérant que Saad Hariri a fait son entrée dans sa ville natale Saïda, en arrivant au domicile de son oncle Chafic Hariri, où il fut accueilli par sa tante Bahia, Fouad Siniora et Mohammad Saoudi, le président de la liste qu’il appuyait. D’ailleurs, depuis son exil volontaire, c’était la première fois que Saad Hariri se rendait à Saïda. Contrairement à Jezzine, où la participation était importante, Saïda n’a pas été saisie par la fièvre électorale et ses électeurs ont quelque peu boudé les urnes. Pourtant, nous sommes loin du pathétique 20% de participation enregistré dans les élections de Beyrouth. Alors que celle-ci était de 56% en 2010, elle est tombée à 44% en 2016 malgré la bataille des trois listes en présence. Ce faible score a plus d’une justification. D’abord, en raison des déboires financiers de Saad Hariri, l’argent électoral a manqué. Cette année, le Courant du futur n’a ramené aucune des deux mille personnes inscrites à Saïda, qu’il avait l’habitude de faire venir d’Arabie saoudite pour voter. Ensuite, la liste parrainée par Hariri était donnée gagnante d’avance, ce qui n’a pas motivé les citoyens à aller voter. Enfin, les gens sont tellement dégoûtés qu’ils n’ont pas pris la peine de se rendre aux urnes. De toute manière, Hariri a marqué par ce succès qu’il avait encore une emprise sur la rue sunnite à Saïda et malgré ses problèmes financiers, il était toujours le plus fort dans la ville.
Dans le reste des villages du Sud, où il existe une forte présence chiite, il n’y a eu aucun changement dans le paysage. Le tandem Amal-Hezbollah a remporté toutes les élections. De même, dans Hasbaya et les régions à caractère druze, les résultats sont similaires au Chouf, où le PSP a prouvé qu’il maintenait sa suprématie. Le Parti démocrate libanais de Talal Arslan s’est classé deuxième au niveau druze, alors que le parti de Wiam Wahhab reste limité.

Joëlle Seif
 

Un écart de deux voix
Alors que les célébrations avaient commencé la nuit de dimanche à Jezzine, le réveil du lundi matin a eu l’effet d’une douche glacée pour le président de la liste appuyée par le CPL, Khalil Harfouche. On le disait gagnant quand des rumeurs ont circulé sur son échec avec un écart de… deux voix seulement, victime d’un féroce panachage. Trois autres aounistes sur la liste avaient également échoué. Ce sont les deux urnes de Aïn Majdalin, où le nom de Khalil Harfouche ne figurait presque pas, qui ont fait toute la différence. La liste adverse avait présenté un recours contre l’annulation de 23 bulletins de vote à Aïn Majdalin. Lorsque ceux-ci furent recomptés, Khalil Harfouche avait perdu avec un écart de deux voix. Certains voient dans ce panachage, la famille Hélou, toujours influente dans la ville. D’ailleurs, cette dernière avait franchement fait part de son intention au général Michel Aoun. La question qui se pose aujourd’hui est de savoir ce que sera le sort de la municipalité de Jezzine. De deux choses l’une: le CPL accepte le résultat des élections et tourne la page sans Khalil Harfouche ou les membres élus des FL et du CPL se retirent pour procéder à de nouvelles élections. Affaire à suivre…

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