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Nº 3056 du vendredi 3 juin 2016

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Et si on voyageait chez nous! Les trésors cachés du Liban

Il n’est pas toujours obligé de prendre l’avion pour voyager! Tourisme culinaire, écolo, sportif ou encore religieux, le Liban offre des possibilités infinies en matières d’activités et de paysages en tous genres. Les premiers à être surpris seront les Libanais eux-mêmes, qui ignorent trop souvent les trésors cachés du pays.

Connaissez-vous vraiment votre pays? Dans ce dossier spécial «Voyagez chez vous», Magazine vous fait découvrir les visages du Liban dont vous ne soupçonnez pas l’existence. Car, trop souvent, les Libanais ignorent eux-mêmes les possibilités infinies qu’offre le pays en matière de tourisme.
 

Abandonner les préjugés
Il faut dire que pendant longtemps, le Liban s’est positionné comme la destination touristique des pays arabes en mettant bien plus en avant ses grands hôtels luxueux, stations balnéaires et boutiques chics que ses trésors naturels cachés.
Pourtant, selon Georges Jabbour, fondateur de Living Lebanon,  le tourisme local dans sa définition de base, à savoir celle des locaux qui visitent leur pays, remonte au Liban à l’Antiquité.
«La première raison qui a poussé les Libanais à voyager à l’intérieur de leur pays était la religion, explique l’agent touristique. Les Libanais étaient en quête de spiritualité. Lorsque nous organisons aujourd’hui des randonnées sur des sentiers millénaires tels que Jabal Moussa, Aqoura ou encore Saïda ou la Qadisha, nous marchons sur les pas de nos ancêtres».
Puis la guerre civile est passée par là, anéantissant ce type de voyage. «Après la guerre civile, le tourisme local est tombé au point mort. Il ne concernait plus que les Libanais retournant dans leurs villages d’origine (une mobilité des chrétiens dans les régions «chrétiennes, des musulmans dans les régions «musulmanes»)», poursuit Georges Jabbour.
C’est également ce que confirme Nagi Morkos, P.D.G. de Hodema, société de conseil en hôtellerie. «Il ne faut pas oublier qu’on sort d’un pays en guerre. Il existe encore, pour certains, des clivages et des réserves, notamment confessionnels, sur les régions du Liban que nous ne connaissons pas. Les étrangers connaissent souvent mieux le Liban, car ils viennent sans aucun a priori», dit-il.
Si la situation a commencé à évoluer à la fin des années 90, ce n’est que depuis cinq ans que le tourisme local connaît vraiment un renouveau.
«Peu à peu, le tourisme local commence à se développer, ajoute Georges Jabbour. Cette évolution est due notamment aux efforts louables, mais encore insuffisants, du ministère du Tourisme dans le domaine, considère le professionnel. C’est aussi et surtout grâce à des financements étrangers et des initiatives des particuliers dans le domaine du tourisme durable. La mentalité d’une partie des jeunes commence à changer les poussant à la découverte de leur propre pays».
Cette tendance est favorisée par des initiatives telles que Live Love Lebanon, soutenue par le ministère du Tourisme, mais aussi des aides internationales, dès 2010, pour développer le tourisme rural. Car, depuis 2011, le Liban doit composer avec la guerre en Syrie voisine et ses conséquences désastreuses sur l’économie locale.
Le tourisme est le premier moteur de croissance à avoir payé le prix fort de cette crise. Si avant 2011, les touristes arabes ne représentaient que 20% du total des visiteurs au Liban, ils constituaient 60% des dépenses détaxées. Depuis le début de la guerre en Syrie, ces touristes ont pratiquement déserté le Liban.
Selon les chiffres de Nassib Ghobril, économiste en chef à la Byblos Bank, les Arabes sont passés de 383 983 touristes en 2010 à peine 104 551 en 2015. Les touristes arabes ne représentent, actuellement, plus que 7% des visiteurs au Liban. Le gouvernement libanais est alors aujourd’hui obligé de diversifier ses recettes touristiques et de séduire d’autres touristes, les Européens et les Libanais eux-mêmes.

Activités sans pareilles
C’est ainsi que, depuis quelques années, le tourisme local commence à avoir le vent en poupe auprès des Libanais en quête de nature, d’activités en plein air et de sérénité loin de l’effervescence de la capitale.
Maisons d’hôte, circuits de randonnée, écotourisme ou encore tourisme religieux, l’offre explose sur le marché. Entre 2011 et 2016, le nombre d’hébergements alternatifs au Liban aurait triplé, selon un professionnel du secteur.
Pour Orphée Haddad, fondateur de l’Hôte libanais, la tendance au tourisme local est aussi globale. «On la retrouve dans de nombreux pays dans le monde et le Liban ne fait pas exception. L’envie d’expériences qui soient à taille humaine, qui se concentrent sur l’essentiel et se manifestent dans tous les domaines: les loisirs, l’architecture, la gastronomie… La manière de voyager s’en voit ainsi transformée. Le tourisme interne est une immense chance pour notre pays si nous savons la saisir».
Le Liban offre, grâce à la petite taille de son territoire et la diversité de sa géographie, une possibilité d’activités sans pareilles.
«C’est là l’un des atouts de notre pays, ajoute Orphée Haddad. Un atout qui est mis en avant depuis toujours: le duo mer/montagne, les traditions villageoises, le sens de la fête, la diversité humaine, naturelle….
Ce qui a changé, c’est l’offre permettant de vivre pleinement l’expérience libanaise.


Soraya Hamdan 

Dans ce dossier, nous publions les premiers articles de notre série Voyagez autrement au Liban, qui vous donne rendez-vous toutes les semaines cet été.

Le top 3 pour Georges Jabbour
Voici les trois endroits qu’il faut absolument (re)découvrir selon Georges Jabbour.
1- La Qadisha, parce que c’est un site unique au monde, combinant une nature éblouissante à une vie monastique et un héritage religieux d’exception, le tout dans un contexte rural encore vrai.
2- Byblos, car toute l’histoire du Liban (ou presque) peut être racontée et palpée.
3-Beyrouth, parce que c’est le Liban d’aujourd’hui et les espoirs de sa jeunesse, parce que c’est le Liban de tous les clashs et les contrastes… Beyrouth est complètement schizophrène et c’est un 
peu ce qu’est le Liban.

Le top 3 pour Orphée Haddad
Voici les trois endroits qu’il faut absolument (re)découvrir selon Orphée Haddad.
1- Rachaya al-Wadi. La route, assez longue, qui permet de rejoindre la ville et qui serpente le long de la vallée de la Békaa, invite à adopter un autre rythme, plus apaisé. Puis c’est la ville elle-même, encore préservée, la quiétude de ses habitants et la vue incroyable sur le mont Hermon (Jabal el-Cheikh) qui valent le détour.
2- Des villes comme Tripoli ou Baalbeck méritent aujourd’hui un plus grand intérêt de la part du public et l’Hôte libanais y œuvre. Ces destinations demeurent peu fréquentées, alors qu’elles ont beaucoup à offrir.
3- Beyrouth, enfin. Puisqu’on parle de «tourisme interne», autant commencer en bas de chez-soi! Il y a encore aujourd’hui des quartiers totalement méconnus dans la capitale et un bouillonnement créatif et artistique assez exceptionnel au regard d’autres capitales du monde.

Photos: Ministère du Tourisme, Liban – Living Lebanon – DGA – DR – Divers sites Internet

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