Après le don italien d’un navire scientifique au Liban, la coopération devrait se poursuivre entre les deux pays avec l’annonce d’un fonds débloqué pour le développement économique des villes côtières libanaises.
Quand un navire de pêche italien devient un bateau scientifique libanais, c’est l’histoire de Cana, l’unique navire de recherches du Moyen-Orient donné par l’Italie (par le biais du Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes, Ciheam) au Liban.
Ce navire a fait l’objet d’un documentaire intitulé Cana, for the lebanese sea projeté au CNRS, le Centre national de recherches scientifiques, en présence notamment des ministres du Transport et de l’Environnement, Ghazi Zéaïter et Mohammad Machnouk.
Les fonds marins
Le film retrace la seconde vie de l’ancien navire de pêche italien. Après la guerre de juillet 2006 et le bombardement des centrales électriques de Jiyé, plusieurs milliers de tonnes de fioul ont pollué la mer libanaise. Le gouvernement italien a alors fait don au Liban du navire. C’est le Ciheam qui a entamé la transformation de l’ancien navire de pêche en bateau scientifique. Il est aujourd’hui entièrement équipé pour l’étude des fonds marins et de la pollution marine.
Le 2 avril 2009, un accord de coopération est signé entre le CNRS et le gouvernement italien mobilisant un fonds au total de 2,3 millions d’euros afin de soutenir les recherches qui seront effectuées par le bateau scientifique Cana-CNRS. La seconde phase du programme, intitulée Cana +, a porté à 3 millions d’euros le budget total alloué au navire de recherches scientifiques.
Parmi les missions de Cana: étudier les fonds marins dont 30 sites maritimes le long des côtes libanaises, établir une cartographie maritime et sismique, l’étude des populations de poissons, une carte des points chauds de la biodiversité et la création d’aires marines protégées.
Ces outils permettront aux dirigeants politiques d’avoir une meilleure connaissance de la géographie sous-marine et de les aider dans la prise de décision.
Lors de la projection du documentaire, Maurizio Raeli, le directeur adjoint du Ciheam, a annoncé un nouveau partenariat public/privé entre les deux institutions. «Nous lançons ensemble un plan qui vise à favoriser le développement économique des villes côtières libanaises, a-t-il déclaré.
Dix millions d’euros seront débloqués à crédit pour mener à bien ces actions».
Soraya Hamdan
80% des plages polluées
Mouïn Hamzé, directeur du CNRS, a souligné que le rayon d’action de Cana s’étend sur 200 km de Abdé à Naqoura. Le bateau a étudié la pollution marine jusqu’à 250 mètres sous la mer et les conséquences de la pollution sur la faune. «La Méditerranée n’appartient pas seulement au Liban, nous partagerons cette mer», a-t-il dit. Selon lui, 70% de la population libanaise vit sur le littoral.
D’Antélias à Ramlet el-Baïda, toutes les plages sont polluées, a déclaré le chercheur. «Evitez toutes les plages à proximité des grandes villes, conseille-t-il. Dans certaines régions où des stations d’épuration sont fonctionnelles comme Saïda, la mer est presque devenue propre».
La bonne nouvelle est que la pollution marine au Liban est à grande majorité organique, ce qui signifie qu’on peut y remédier si l’on installe des stations d’épuration. Il en faudrait plus d’une vingtaine pour cela. Malheureusement aujourd’hui, seules deux fonctionnent. «Avec un petit peu d’effort, on pourrait retrouver une mer où il est possible de nager», a ajouté le Dr Hamzé. Il conseille Anfé, Chekka et Tyr pour les baigneurs.