Entre Michel Murr et Michel Aoun, la bataille pour la présidence de l’Union des municipalités du Metn et du Kesrouan réside dans le fait que la première revient facilement à Michel Murr, dont la fille l’a occupée trois fois, alors que Michel Aoun, député du Kesrouan depuis 2005, a attendu le retrait de Nouhad Naoufal, après 45 ans à la tête de l’union et président de la municipalité de Zouk Mikaël, pour y agir. La municipalité de Jounié remplace désormais celle de Zouk Mikaël à la présidence de l’Union des municipalités du Kesrouan, qui revient à Juan Hobeiche.
La bataille fut serrée. Vingt-huit municipalités ont voté en faveur de Juan Hobeiche dans le Kesrouan et vingt-six pour Elie Beaïno (Zouk Mikaël). Les pronostics de Mansour Ghanem el-Bone donnaient un vote de 34 municipales sur 54. Les aounistes prévoyaient un vote favorable de 32 municipalités.
La déception était grande des deux côtés. Le non-respect des engagements des uns et des autres était flagrant. Il s’est avéré que le vote des trois municipalités chiites du Kesrouan a favorisé Beaïno contre Hobeiche. Les aounistes justifient cela du fait que ces dernières étaient historiquement rattachées au président de la Chambre, Nabih Berry, et à l’ancien député Mansour el-Bone. A Jounié, Samir Geagea s’est opposé, de son côté, à son allié Michel Aoun sous le prétexte de ne pouvoir se libérer de ses engagements.
Le même cas s’est présenté pour le président de la municipalité de Kfour, Antoine Abi Saab, élu vice-président de l’Union des municipalités de Kesrouan, sachant qu’il est partisan politique des Forces libanaises et en très bonnes relations avec le général Chamel Roukoz. La différence dans ce second cas est la perte de la municipalité de Ghazir par Charles Haddad, candidat à la vice-présidence, et le succès du président de la municipalité de Kfour, Antoine Abi Saab, par 28 voix contre 26 à Haddad.
Cette bataille a constitué une seconde étape, après celle de Jounié, favorable au général à la retraite Chamel Roukoz. Ce dernier marquait sa présence dans la région du Kesrouan, y préparant ainsi sa bataille parlementaire plutôt qu’à Batroun.
Loi électorale
Nabih Berry penche de plus en plus pour la loi Mikati
Le président du Parlement, Nabih Berry, rapportent ses proches, déclare que le projet de loi électorale présenté par le gouvernement du président Najib Mikati est un moyen de sortir de l’impasse et de la difficulté de trouver un accord entre les 16 propositions présentées en commissions. Pour lui, le tableau se clarifie: «Ils ne veulent pas de la loi de 2008 et perdent du temps dans les réunions des commissions en cherchant à s’entendre sur une autre formule avant de revenir à la loi d’origine».
Le chef du Parlement encourage les principaux blocs à se montrer de nouveau ouverts au projet Mikati – si aucun autre choix ne se présente – celui-ci, dit-il, est le travail d’un gouvernement dans lequel étaient représentées toutes les parties sauf le Courant du futur. Il a révélé avoir appelé ce dernier à discuter du projet et à enregistrer ses remarques avant d’en débattre dans les commissions mixtes. Il ajoute: «A la lumière des remarques présentées, nous trouverons l’amendement logique du projet à la proportionnelle selon les 13 circonscriptions, qui serait accepté par tous les partenaires. Si l’accord n’est pas obtenu sur la répartition proposée des sièges, on reviendra à la proportionnelle et à la majorité dans le projet mixte».
Berry poursuit: «Je ne dis pas que j’adopte ce projet – le seul projet de loi d’une série de 16 – parce que je n’ai pas cessé de croire dans la loi mixte et dans l’égalité des sièges entre les deux votes majoritaire et mixte – quand j’ai constaté le refus de la circonscription unique et que les autres partenaires se rapprochent de plus en plus d’un accord sur la proportionnelle même partielle, j’ai proposé une formule possible. La moitié des sièges, selon un vote à la majorité pour ceux qui veulent être rassurés et l’autre moitié en fonction d’un vote à la proportionnelle pour ceux qui y insistent, dont je suis le premier. Mais là aussi, ils n’ont pas été d’accord. Alors j’ai dit que ne n’étais pas contre le retour au projet du gouvernement Mikati, c’est-à-dire à la proportionnelle partout et selon la répartition des 13 circonscriptions».
L’appel de Berry pour le projet du gouvernement Mikati se fonde sur deux idées: la première est que les municipales ont prouvé la possibilité d’un succès du régime à la proportionnelle. La deuxième est que le débat autour de ce projet pourrait aboutir à une entente sur une nouvelle loi électorale.
Chaouki Achkouti