Comment se dérouleront les paiements du futur? Aurons-nous encore besoin d’une carte bancaire? Les nouvelles technologies avancent vite, très vite, notamment en matière bancaire où les établissements usent de ces nouveaux outils pour lutter contre la fraude.
C’est à une véritable révolution technologique que les consommateurs vont devoir se frotter ces prochains mois ou ces prochaines années. Si, aujourd’hui, la carte bancaire s’est démocratisée dans la plupart des pays, demain, on pourrait bien ne plus avoir besoin de ce moyen de paiement plastique. Déjà, la plupart des grandes banques ont mis en place un système de paiement mobile, voire sans contact. Mais ce n’est pas encore généralisé, y compris dans un pays comme le Liban, pourtant bien avancé dans ce domaine.
Le cryptogramme dynamique
En Europe d’ailleurs, le sans contact commence à peine à prendre réellement son envol. Selon le réseau de paiement Visa, 3 milliards de transactions sans contact ont été réalisées avec des cartes Visa en Europe entre mai 2015 et avril 2016, soit 140 opérations à la seconde. L’utilisation de cette technologie permettant de régler ses achats de petits montants sans taper son code, semble rentrer dans les mœurs. Selon Visa, ce type de paiement représenterait aujourd’hui une transaction sur 5, contre une sur 60 il y a encore trois ans. Non seulement le nombre de cartes compatibles est en constante augmentation, mais celui de terminaux (TPE) également. Ainsi 3,2 millions de TPE équipent les commerçants en Europe, souligne Visa. Ce dernier relève aussi que 165 millions de cartes passant par son réseau sont équipées de la technologie en Europe. Rien qu’à l’échelle de la France, il en circule 25,3 millions.
Alors qu’ils ont tardé à se familiariser au paiement sans contact, les consommateurs devront, d’ici peu de temps, s’initier à d’autres technologies.
Les cartes bancaires s’offrent une deuxième jeunesse, notamment en matière de lutte contre les fraudes. Pour être efficaces et mieux se prémunir, les banques misent donc sur les technologies. Demain, il se pourrait qu’on paie ses achats avec une carte à code éphémère ou avec un smartphone à reconnaissance faciale.
Ce relooking technologique porte le nom un peu barbare de «cryptogramme dynamique». De quoi s’agit-il? De trois petits chiffres inscrits au dos de la plupart des cartes bancaires. De fixes jusqu’à présent, ils devraient, avec ce procédé, changer au bout de quelques minutes. Si au Liban, ce n’est pas encore à l’ordre du jour, dans d’autres pays, plus avancés, comme la France, la quasi-totalité des établissements bancaires sont en train de tester cette technologie auprès de leurs clientèles. Les plus grands fabricants de cartes bancaires au monde, Gemalto et Oberthur, ont déjà lancé la commercialisation de cette technologie en 2015.
Objectif affiché de ce cryptogramme dynamique? Mieux lutter contre la fraude bancaire. Un fléau dont le monde de la finance aimerait se débarrasser. Il s’agit aussi de finir de convaincre les derniers récalcitrants que le paiement par carte est imperméable aux arnaques. Pour cela, il est indispensable de parvenir à une sécurisation optimale des principaux moyens de paiement. Ces nouvelles cartes ont, en apparence, le même aspect que leurs prédécesseurs. A un détail près: cette nouvelle carte est équipée d’un minuscule écran, assez large pour afficher, en noir et blanc, les trois chiffres du cryptogramme visuel. Ce code de sécurité réclamé à chaque achat sur la Toile devient «dynamique». Equipée d’une horloge interne, la carte verra son code de sécurité changer toutes les vingt minutes. Avec cette durée de vie limitée, les coordonnées bancaires utilisées lors d’achats en ligne bénéficient de plus de sécurité par rapport aux pirates informatiques. S’ils parviennent à les voler, ils ne pourront s’en servir que durant une vingtaine de minutes, avant le changement du code. Un laps de temps, a priori, trop court pour multiplier les achats sur le Web ou revendre ces informations à d’autres escrocs.
La biométrie
Seul hic, de taille, dans la mise en place de cette nouvelle technologie: son coût. Car un bout de plastique bourré de technologies coûte évidemment bien plus cher qu’une carte à puce classique. Et pour l’heure, on ignore encore sur qui va rebondir ce coût… Sur le client, la banque ou les commerçants? Les banques devraient se décider rapidement car d’autres moyens de paiement arrivent sur le marché. Si ce procédé permet de réduire le coût des fraudes bancaires, les banques pourraient décider de rapidement l’adopter. Les clients, eux, pourraient devenir plus confiants dans les achats en ligne. Or, un possesseur de carte bancaire en confiance, c’est un consommateur qui dépense.
Des start-up spécialisées en technologies financières se bousculent pour innover et lancer de nouveaux modes de paiement, notamment en utilisant les smartphones.
D’autres technologies sont également en embuscade. Parmi celles-ci, les technologies de biométrie utilisant des éléments du corps (empreinte digitale, vocale, etc.) qui pourraient définitivement envoyer aux oubliettes les bons vieux codes bancaires. Pour payer, le client devra approcher son smartphone du terminal de paiement équipé de la technologie sans contact et le valider par son empreinte digitale. Ses données bancaires sont sécurisées, via un cloud, et remplacées par des données à usage unique. Enfin, une carte bancaire dématérialisée sera générée pour chaque paiement.
A l’avenir, on devrait aussi pouvoir payer au seul moyen de son empreinte… vocale cette fois. L’utilisateur devra pour cela enregistrer sa voix en récitant une phrase à plusieurs reprises. Il devra ensuite saisir ses coordonnées bancaires, ce qui génère l’installation d’une application, baptisée par exemple Talk to pay, sur son navigateur internet. Lors de son achat, l’utilisateur sera appelé par sa banque qui lui demandera de répéter une phrase. Autant d’avancées qui devront chacune trouver sa place, tant auprès des banques que de la clientèle.
Jenny Saleh
Une bague pour payer sans contact
Une nouvelle innovation sera rendue publique à l’occasion des Jeux olympiques de Rio. Visa étant l’un des partenaires officiels de la manifestation, le réseau a mis au point un accessoire étonnant pour payer sans contact: une simple bague.
Cet anneau contient en guise de technologie une antenne, ainsi qu’une puce développée par Gemalto. L’extérieur de la bague est en céramique blanc et noir et l’objet est étanche jusqu’à 50 mètres. Il ne nécessite aucune recharge.
D’apparence toute simple, cette bague permettra à ses porteurs de régler leurs achats simplement, en l’approchant du terminal de paiement. Visa a tout prévu, jusqu’à faire produire vingt tailles différentes, qui seront testées par les employés et partenaires de l’établissement bancaire. Quarante-cinq athlètes seront aussi sponsorisés et porteront l’anneau. En cas de perte, une application pour smartphone permettra de désactiver l’anneau. Pour l’heure, il ne s’agit que d’un prototype auquel le grand public n’aura pas accès. Peut-être dans le futur.
La banque en ligne en vogue
Le dernier rapport du réseau Arabnet, sur l’état de la banque en ligne au Moyen-Orient, révèle que 54% des Libanais auraient déjà adopté des services bancaires numérisés. Le Liban n’arrive toutefois qu’en quatrième position en termes de taux de pénétration sur les cinq pays étudiés (Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Egypte, Liban, Jordanie). L’Arabie saoudite caracole en tête avec 75%.
Toutefois, ces données constituent un chiffre encourageant pour le secteur.
Pour les cinq pays étudiés, l’étude rapporte que les services de banques en ligne (Internet et/ou mobile) sont utilisés par 62% des personnes disposant d’un compte bancaire.
Les clients de ces services disent être motivés par le côté pratique du online et leur accès 24h/24 et 7j/7. Le service le plus utilisé reste la consultation des comptes en ligne, tandis que les avantages financiers procurés par ces services rencontrent encore peu d’adeptes.
Autre constat de l’étude d’Arabnet, le fait que plus les utilisateurs ont un niveau de revenus élevés, plus ils sont enclins à se servir d’une grande variété de produits numériques.
Cet attrait confirmé pour les services en ligne ne signifie pas pour autant que les sacro-saints guichets d’agence vont disparaître. Et au Liban particulièrement où 75% des visiteurs fréquents se rendent à leurs agences. Il s’agirait là d’une question de confiance et de sécurité pour les transactions en ligne pour lesquelles les Libanais restent encore frileux.
Le cash n’est pas en tout cas relégué aux oubliettes puisqu’au Liban, 53% des transactions s’effectuent encore en liquide, contre 43% pour les cartes de crédit, 23% pour les cartes de débit et 17% pour les chèques.