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Nº 3064 du vendredi 29 juillet 2016

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Pelé, the birth of a legend. Quand le foot déchaîne les passions

Sorti cette semaine dans nos salles obscures, le biopic Pelé, the birth of a legend, signé Michael et Jeff Zimbalist, retrace, en émotion et passion, l’ascension d’une légende célébrée et populaire.
 

Comment Pelé est-il devenu Pelé, cette légende vivante du football? Ce biopic nous le dit; il raconte «la naissance d’une légende» justement, celle d’Edson Arantes do Nascimento, alias Pelé, le «Dieu du foot», le plus grand buteur de l’Histoire du football avec 1283 buts en 1366 matchs; le plus jeune joueur vainqueur de la coupe du monde, à 17 ans, un record toujours inégalé; le seul joueur au monde à avoir remporté trois coupes du monde en 1958, 1962 et 1970; «L’une des vingt personnalités les plus importantes du XXe siècle», selon Time; sacré «Footballeur du siècle» par la Fifa; prix d’honneur du Ballon d’or, créé spécialement pour lui… Rien que ça! Et le film nous montre comment tout cela a pu advenir.
Le film est produit par Brian Grazer (Rush, Apollo 13) et par Pelé lui-même, qui fait d’ailleurs une apparition dans le film, un caméo, comme s’il donnait sa bénédiction au biopic réalisé par les frères documentaristes Michael et Jeff Zimbalist. Pour prévenir toute éventuelle réticence, un avertissement en forme d’encouragement: même si vous n’êtes pas un amateur du ballon rond, aucun problème, le film vous captivera de bout en bout.
De la première scène où en transmission diffusée, on assiste au Brésil à la grande défaite de 1950 quand le pays a perdu face à l’Uruguay, alors qu’il accueillait la coupe du monde sur son territoire. Dans les favelas de Bauru, Dico, le surnom d’Edson Arantes do Nascimento, ce gamin de 10 ans à peine, pieds nus et déguenillé presque, joue avec ses postes au ballon, entre les taudis et les toits en tôle. Personne ne le sait encore, sauf le spectateur évidemment, il deviendra Pelé. Alors on se plaît à saisir dans chaque détail du contexte social qui défile sous nos yeux les germes qui lanceront er raviront la flamme.

 

Au bord de l’évanouissement
Si le film ne restitue pas la langue d’origine, distillant ses dialogues et son action en anglais, il parvient toutefois à placer le spectateur dans l’ambiance du Brésil et même de sa forêt luxuriante, où tout se passe entre les arbres de mangue, entre Dico et son père, ancien footballeur qui a raté sa vocation, par peur, par doute, dit-il à son fils.
Le spectateur assiste, en détail et en émotions, à l’ascension de Pelé; comment il attire l’attention de son mentor, comment il intègre le club du FC Santos, le combat et l’acharnement qu’il y mène, ses doutes et les obstacles qu’il surmonte, dans l’équipe Jeune, puis Junior, puis Pro; l’explosion de son talent qui le mènera jusqu’à la coupe du monde 1958, alors qu’il n’a que 17 ans. A partir de là, le film semble marquer une pause qui se déroule au ralenti, entre les autres membres de l’équipe, avec le coach Feola, interprété par Vincent d’Onofrio, qui est déterminé à faire adopter par son équipe brésilienne un style de jeu européen au détriment de la «ginga», un style qu’il considère sauvage. Auquel pourtant aspire Pelé et dans lequel il excelle, parce qu’il y a avant tout le plaisir du jeu.
Le film certes n’est pas dépourvu d’idées messages comme l’appartenance à une identité, à une culture et la nécessité de les vivre pleinement pour être authentique, mais c’est de là aussi que le film tire son effet captivant, jusqu’à l’ultime victoire, le but décisif de Pelé qui marque le premier trophée du Brésil dans la coupe du monde 1958. Le film s’arrête là, au bord de l’évanouissement, celui qui s’est emparé de Pelé lui-même à l’issue de ce but ultime.
Pelé, the birth of a legend; la critique est plutôt négative et sévère, relevant un film conventionnel, pétri de clichés, un scénario faible qui se base sur des éléments attendus, sans aucune surprise, l’utilisation de l’anglais comme langue originale et même un jeu d’acteurs très faible. Pourtant, le film est illuminé par les deux acteurs qui incarnent Pelé, le très jeune Leonardo Lima Carvalho et surtout Kevin de Paulha… Cela c’est la critique qui le dit. Pourtant, à en croire l’avis de spectateurs récoltés sur le Net, on dirait presque un autre film tant les commentaires versent de l’autre côté de la balance, évoquant un film très agréable à regarder, passionnant et captivant. Certes, le cadre de Pelé, the birth of a legend est conventionnel dans le genre, un biopic hagiographique, mais on n’invente pas les faits, on brode autour en les mettant à l’écran. Cela, les frères Zimbalist l’ont fait, dans la meilleure intention possible. Faut-il d’ailleurs pour parler d’un sport aussi populaire que le foot, d’une légende aussi célébrée que Pelé, sortir les grandes images intellectuelles qui restreindraient le public? Avec ce biopic, la cible est visée en plein milieu, le public touché et les passions se déchaînent pour le ballon rond, même si à la base on n’est pas un grand fan, on accroche, sans restriction, sans retenue… Viva la ginga, viva Pelé!

Nayla Rached

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